Mayotte : L’espoir passe par l’Europe… et la fin des « magouilles »
29 mai 2013 Rédaction Aucun commentaire Pays Denis Herrmann, Mayotte, Nouvelles de Mayotte, Région Ultra Périphérique, Ylang, Younous Omarjee 8506 vues
Suite et fin de notre « Grand Angle sur l’archipel français de Mayotte. Aujourd’hui, regard lucide sur les pratiques politiques locales et la nécessaire implication de la France et de l’Europe dans le développement des infrastructures touristiques.
A quelques très rares exception prés, chaque fois que vous prononcez ici devant un habitant le nom d’un élu, ce sont des flots de critiques qui jaillissent.
On ne compte plus les exemples de détournements d’argents, de marchés arrangés, d’emplois fictifs.
Et l’on peut légitimement se demander si l’État français n’a pas fait preuve de laxisme -doux euphémisme- en laissant certains élus locaux se conduire comme s’ils agissaient dans une république bananière.
Denis Herrmann, le patron des « Nouvelles de Mayotte, » est un journaliste qui ne laisse pas indifférent.
Installé dans l’Océan indien depuis 14 ans, il est devenu le véritable poil à gratter de l’île.
Force est de reconnaître que rares sont ceux qui ont une aussi bonne connaissance des réalités sociétales et économiques du nouveau département.
Pour lui, la première difficulté pour développer le tourisme tient à la réelle volonté des politiques mahorais. Et à leur probité.
Il n’hésite pas à révéler que de nombreux blocages de projets -comme ceux d’ implantation de nouveaux hôtels- tiennent à la tradition établie instaurant certains « petits arrangements entre amis »…
Le mot « corruption » n’est jamais bien loin, y compris au sein de l’administration. Et cela sous le regard de grands serviteurs de l’État qui défilent ici les uns après les autres, fermant vite les yeux au nom de l’ absolue nécessité de maintenir une paix sociale fragile.
Et la nomination d’un nouveau préfet, ancien officier de la Gendarmerie, un homme visiblement déterminé et actif, va t’elle changer la donne ?
« Ils arrivent pleins de bonne volonté mais se font vite rattraper par le parfum de l’Ylang » confie M. Herrmann.
Adulé par les uns, haï par les autres, le journaliste de proximité qu’il est a toujours su résister aux pressions -morales, physiques et financières- exercées sur lui, montrant l’exemple à ceux qui au fil des ans sont arrivés à confondre compromis et compromission…
Toujours sur le sujet de l’avenir du tourisme à Mayotte, notre confrère a conclu notre entretien en insistant lui aussi sur la nécessaire prise de conscience de la population.
« La partie sera gagnée le jour ou ils découvriront les effets bénéfiques d’un tourisme maitrisé, adapté à leur île et respectueux de ses valeurs et traditions ».
L’Europe comme un dernier recours
Autant le dire, les mahorais attendaient beaucoup de la départementalisation. L’accession à ce statut avait été vécue ici comme une victoire.
On évoquait ça et là la mise en place d’une fiscalité de droit commun, la suppression de la justice cadiale au profit du droit républicain, l’ouverture des droits RSA.
Et d’aucuns pensaient que l’État, dont on sait pourtant le niveau des caisses et sa propension à se décharger sur les collectivités territoriales (pour les routes, les collèges et les lycées, le social…) insufflerait suffisamment d’argent pour lancer des grands chantiers.
On déchante désormais du côté de Mamoudzou, la ville préfecture. Et on aurait tendance à faire porter le chapeau à ces milliers de clandestins comoriens privés de droits les plus élémentaires et accusés de faire régner délinquance et insécurité.
Mayotte, eldorado pour ceux qui vivent à Anjouan, à quelques dizaines de kilomètres à peine, ne serait elle en fait qu’un miroir aux alouettes ?
Un homme n’accrédite pas cette thèse. C’est le député européen Younous Omarjee, dont la circonscription d’Outre Mer française est remarquable.
Que l’on en juge : elle couvre les territoires du Pacifique, les îles des Antilles plus Saint Pierre et Miquelon.
Ainsi que la zone Océan Indien avec La Réunion (dont il est originaire) et Mayotte.
« Une circonscription » se plait il à souligner, « qui apporte 80 % de sa bio-diversité à l’Union Européenne et en fait tout simplement la première puissance maritime du monde !
Avec des grands fonds offrant des potentialités considérables pour ce XXIéme siècle.»
De fait en devenant département, Mayotte va pouvoir accéder au 1er janvier prochain à ce fameux statut de « Région Ultra Périphérique », le R.U.P . Et être éligible à bon nombre d’aides et subventions.
« La solidarité se doit de jouer comme elle a joué pour beaucoup de régions, d’autant que Mayotte au regard de sa situation se retrouve au rang de région la moins développée dans le classement des régions les moins développées d’Europe » constate M. Omarjee.
Partant de là, les mahorais comptaient par centaines de millions d’euros la future manne européenne.
De quoi relancer l’économie, traiter le réseau routier, installer l’assainissement… en résumé, mettre à niveau toutes les infrastructures. Mais aussi développer les énergies renouvelables comme les éoliennes et le solaire qui pourraient rapidement rendre l’île énergétiquement autonome
Or, lorsque nous l’avons rencontré dans les salons de l’Hôtel Maharadja à Mamoudzou, le député européen venait d’expliquer aux élus locaux que les choses se présentaient mal à Bruxelles.
La conjoncture, la régression des budgets européens et un manque de conviction de la part de l’État français dans les négociations, tout laisse à penser que Mayotte ne toucherait pas tout son dû.
« Pour toutes les régions, les montants attribués ont toujours été fonction de critères précis. Et là, pour la première fois, l’UE décide qu’on ne calcule plus selon cette méthode mais qu’on forfaitise… J’entends mener la bataille pour que Mayotte ne perde pas un centime d’euros ».
Derrière la frêle silhouette du député européen des DOM-TOM français se cache un personnage attachant.
Persuadé de l’avenir de Mayotte et des enjeux sur le plan touristique. Mais aussi de ce que sa diversité culturelle apporte à la métropole et à toute l’ Europe.
« On ne le dit pas assez : mais ici, où la population est musulmane à 95 % , on a la démonstration de la compatibilité entre les valeurs de la République Française, de l’Union Européenne et de l’Islam ! » insiste Younous Omarjee.
« Et croyez moi, au vu de ce qui se passe dans le monde, un islam ouvert, tolérant, qui conjugue traditions arabes et africaines, ça c’est un enjeu majeur… »
De Mayotte pour La Quotidienne,
Jean BEVERAGGI
Photos JB
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