A Calais, on fait bien dans la dentelle


Savoir-faire emblématique des Hauts-de-France, tissée dans des lieux historiques de production depuis deux cents ans, la dentelle de Calais-Caudry est unique. Au coeur du Cambrésis, parmi les manufactures de renom, la Maison Sophie Hallette a bâti sa richesse sur la maîtrise de techniques ancestrales. Un savoir-faire qui inspire les stylistes du monde entier, comme Nicolas Fafiotte, créateur de robes depuis près de quinze ans.

L’art de la dentelle associe tradition et modernité, savoir-faire des hommes et performances des métiers à tisser. Dans le nord de la France, au coeur de la manufacture en briques rouges de la Maison Sophie Hallette, hommes et machines travaillent ensemble.

Au cours des siècles passés, les deux régions prédominantes de la production de dentelles, tant pour la renommée que la production, furent la Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais.

À l’orée de la révolution industrielle, ces deux régions, dont le savoir-faire était le fruit d’une tradition manuelle séculaire, ne furent pourtant pas dépassées et surent s’adapter à l’évolution mécanique.

De nos jours, la Haute-Loire et le Nord-Pas-de-Calais sont toujours les deux grandes régions de la dentelle en France. La Haute-Loire compte une dizaine d’entreprises d’une centaine de salariés, possédant cent à cent-cinquante métiers. Ils datent en majorité des années 1920 et 1930 et peuvent être composés de 32 à 96 fuseaux. Les usines fonctionnent à plein régime jour et nuit.

Le marché de la dentelle n’est que très faiblement lié à l’acheteur particulier : elle est essentiellement considérée comme une matière première, qui est achetée pour entrer dans la composition d’un produit fini. C’est donc en premier lieu l’industrie du vêtement qui est le premier acheteur de dentelle, à la tête de laquelle on trouve les maisons de haute couture.

Les deux leaders mondiaux du marché de la dentelle ne doivent leur position qu’à la renommée qu’ils ont su se bâtir dans le milieu de la mode. Il s’agit d’un choix stratégique non négligeable puisqu’il consiste à concentrer ses efforts dans une optique de scrupuleuse qualité, quitte à ne pas afficher des prix bon marché.

De mains de maîtres

Sous les doigts créatifs des esquisseurs, la fabrication de la dentelle démarre. À l’aide de leurs crayons, ils élaborent un motif, les tracés seront ensuite minutieusement transcrits et envoyés à la machine.
Puis, bobineurs et tullistes prennent le relais. En rythme, ils accordent les fils et les insèrent au coeur de l’impressionnant métier Leavers. Les douze tonnes de fontes martèlent et tissent ainsi la délicate dentelle.

Dentelle, plumes, sequins et fils d’or

Arrivent ensuite les raccommodeuses, les visiteuses et les écailleuses. Avec leurs yeux experts, elles vérifient les défauts sur les ouvrages tout juste sortis des machines. Il ne faudra pas moins de quinze heures pour réaliser à la main ces finitions. Ces petites mains viendront finalement parfaire la dentelle et l’orner de plumes, de sequins ou de fils d’or.





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