Vacances d’été : les prix devraient baisser… ou pas

2 juillet 2020   Rédaction   Aucun commentaire   À la une    Bourse des vols, Fabrice Dariot, France    4642 vues

Depuis le début du confinement, le volume des ventes de billets d’avion a énormément chuté. On parle de 50 % à 95 % de moins de ventes versus 2019 sur la même période. Cependant, quels furent les axes qui tirèrent honorablement leur épingle du jeu et ceux qui chutèrent lourdement au départ de la France métropolitaine ? La Quotidienne a interrogé Fabrice Dariot, le président de Bourse des vols, un site internet spécialisé et à la pointe sur ces questions.

La Quotidienne : Quels sont les gagnants en ce moment parmi les destinations de vacances ?

Fabrice Dariot : En part relative de marché, les vols domestiques, vers les DOM-TOM, l’Italie (depuis peu) et la Grèce sont les grands vainqueurs de ce redéploiement des axes.

Au sud de la mer Méditerranée, seule la Tunisie s’en sort bien, ayant adopté une politique d’accueil plus souple que ses voisins, des vols en provenance de l’étranger.

LQ : Et les moins bons élèves ?

FD : Les vacances au long court ne sont plus d’actualité. Les USA, la Thaïlande, Bali et la Chine sont au nombre des axes en forte baisse. Les iles britanniques, le Maroc et l’Algérie ont notamment été particulièrement affectées par des mesures sanitaires et administratives drastiques.

LQ : Si l’on devait faire l’analyse des prix et bons plans

FD : Sans surprise, les destinations dont les frontières sont encore fermées affichent des prix très compétitifs, à saisir dès l’ouverture des lignes.

Les amateurs de bonnes affaires vont trouver leur bonheur sur les AR en Europe, comme pour la Croatie qui accueille de nouveau les touristes européens depuis le 11 mai et affiche près de -25 % sur les prix vs 2019.

Evidemment, la France sera la championne de l’été 2020 avec plus de 25 % de parts de marché (en particulier un très gros volume sur la Corse).
– L’Europe du Sud balnéaire suit avec le trio Espagne / Grèce / Portugal.

LQ : Comment voyez vous l’avenir  du voyage d’affaires ?

FD : Avec les voyages scolaires, le voyage d’affaires subit de plein fouet la crise sanitaire. C’est catastrophique. Le Covid-19 a fait exploser le modèle. Il y aura beaucoup de difficultés à revenir au niveau de chiffre d’affaires d’avant la crise.

LQ : Comment peut-on expliquer la fluctuation actuelle des prix des billets d’avion ?

FD : Les compagnies aériennes sont soumises à d’énormes pressions. Problèmes de qualification du personnel volant, pressions des syndicats, difficultés avec les installations et les autorités aéroportuaires. Il y a une grande désorganisation de la chaîne logistique.

Par exemple, concernant les remboursements, autrefois automatisés, ils font désormais l’objet d’arbitrages longs et souvent injustifiés. Une douzaine de compagnies aériennes parmi lesquels Corsair, Air France ou Air Caraïbes notamment, sont menacés de conséquences juridiques lourdes par UFC Que choisir.
Les distributeurs sont eux sclérosés par les EMD (Electronic Miscellaneous Document) dont les prix sont passés de 50 à 100 euros chez Air France par exemple).
Les prix des billets d’avion baissent pour des vols encore ouverts mais pourraient subir une hausse à cause des phénomènes de yield management.
Souvent les prix sont garantis mais les vols non.

LQ : Ou en seront les prix dans un an d’après vous ?

FD : Les compagnies doivent offrir des masques, travailler activement sur la distanciation sociale et améliorer la sécurité dans son ensemble. Tout cela coûte cher et se répercute sur le prix final pour le consommateur. Même si la baisse du kérosène (40 % du prix pour un vol long courrier) pourrait atténuer la hausse des prix/.

Propos recueillis par PR