Un petit caillou grec dans une vieille botte de sept lieux…
11 juillet 2013 Jean-Pierre Michel 2 commentaires Chroniques, Pays 4117 vues
J’en suis encore abasourdi… Comment est-il possible de commettre une bourde aussi impardonnable ??
Et de surcroit au sujet de la Grèce… ma destination fétiche…!
Oui bien sûr, comme vous l’avez gentiment souligné, ce sont de bien vieilles histoires… oui bien sûr, je pourrais aisément mettre ça sur le compte de l’âge…
Et bien non ! C’est une véritable bourde qui me fait rougir de honte car, comme pour chacun de nous, ma mémoire a classé les moments les plus agréables de mon histoire professionnelle, aussi modeste soit elle, pour les inscrire à tout jamais dans les fonds secrets de ses tiroirs.
Ainsi, je crois pouvoir affirmer que tous les conducteurs d’autocars, plutôt aventuriers au début de leurs carrières, peuvent certifier qu’ils n’oublieront jamais certaines de leurs premières destinations. Et en ce qui me concerne, c’est catégorique et pour une raison indéfinissable, il s’agit de la Grèce…
Il nous faut maintenant revenir géographiquement à l’exact… au véritable, à l’historique (1975) : Patras en Péloponnèse fut le premier port Grec où j’ai eu le plaisir d’accoster avec mon autocar, voyageurs et bagages compris !
Il est utile de souligner que cette toute première arrivée se fit à l’époque où aucun pont entre la Grèce continentale et Patras n’était même à l’étude, et que seule l’empreinte d’une démocratie pointait timidement le bout de son nez sur le fond si bleu de l’horizon.
C’est le souvenir des voyages suivants qui me permet d’affirmer à nouveau que Igoumenitsa est un endroit magique… un lieu inoubliable ! La première image d’un port, que l’on a le loisir de voir arriver de très loin, après avoir longé Corfou. On y arrive progressivement au petit matin pour que le quai vienne doucement se frotter contre le flanc du ferry, comme une main qui caresse un chaton.
Après une nuit sur la banquette arrière de l’autocar, l’ouverture du ventre du navire peut faire l’effet d’une délivrance, et c’est le prélude d’un débarquement que l’on devine d’ores et déjà acrobatique… Au volant de l’autocar, pour bien te mettre dans l’ambiance, tu racles d’abord dessous et devant, puis ça gratte encore un bon coup le moteur dessous et derrière…
Les employés du bord sont rôdés, ils s’en foutent un peu, détachés de tout ces petits détails, sachant déjà que dans trois poignées de minutes, ils vont pouvoir enfin filer chez eux… Alors, en descendant, c’est quelques centimètres à droite, un tout petit espace à gauche… Les voyageurs sont sur le pont avant, les badauds sur le quai en train de faire des paris… Sortira ? Sortira pas ? Accrocheras ? Accrocheras pas ? Clap clap clap… applaudissements, on s’en est encore sorti pour cette fois ci.
En tout cas, il faut faire ficelle, les semi-remorques attendent dehors afin d’embarquer pour la prochaine traversée en sens inverse… et les bagnoles des touristes impatients poussent derrière pour descendre. Cette gymnastique, les camionneurs grecs la vivent au quotidien !
Voilà pourquoi il est tout simplement impossible d’oublier une arrivée au port de Igoumenitsa, ville aux parfums orientaux, porte d’entrée de la montagneuse région de l’Epire… Encore pardon aux lecteurs attentifs.
Impossible le serait encore bien davantage, si l’on pouvait deviner qu’à quelques pas seulement, juste là sur le quai, se tient une jeune femme, cigarette vissée sur un porte cigarette, frêle comme le roseau, cheveux ondulants au vent, affichant le plus large sourire que la Grèce puisse offrir, venue simplement pour saluer et souhaiter la bienvenue aux voyageurs de sa voix roulante et chantante… Je l’ai nommée : Katia Anguelidou. Si la Nathalie de Gilbert Bécaud est un personnage de fiction, notre petite guide elle, toute menue, est bien réelle et je suppose qu’elle n’aurait pas aimé que je me sois laissé aller à une grossière confusion sur la géographie de son beau pays.
Pendant quinze magnifiques journées, toutes plus ensoleillées les unes que les autres, cette toute jeune femme s’applique à nous faire partager son amour pour ses deux Grèces, mélange intime de la mythologie antique et de la réalité moderne.
Après le passage des contraintes douanières, c’était alors l’envolée sur les petites routes de l’époque, routes sinueuses de la Grèce continentale qui conduisent d’abord jusqu’à Dodone… et à son site antique, sanctuaire de Zeus, puis son théâtre… où plutôt ce qu’il en reste.
Il faut être doté d’un sacré talent pour faire apparaître comme dans un songe, l’existence d’un oracle porté par les vents et lu par les prêtres au sein de ce cadre verdoyant. Il est aujourd’hui livré aux herbes folles, au lierre, au thym et au romarin… le tout joliment usé et patiné par le temps.
Virage après virage, au travers des montagnes arides de l’Epire on atteignait le lac et la petite cité de Ioanina, chargée de traces infimes des vestiges de ses conquérants turcs et d’un bien tristement célèbre Pacha.
Metsovo, petit village typique où les anciens se trouvaient réunis sur la place centrale, même pas pour la photo, avec leurs bâtons à la main et leurs pompons sur les chaussures.
Il est inutile d’ajouter que Mikis Theodorakis nous accompagnait de ses airs inimitables, de ses sirtakis envoûtants, alors que Katia se chargeait de charmer son public en plongeant l’autocar dans une atmosphère de poésie mythologique. Cette route conduisait et mène toujours inexorablement au site vertigineux des Météores, c’est tout dire…!
Zut…Zut ! Je voulais seulement rectifier le tir sur l’Epire et me voilà embarqué dans mes souvenirs
(À suivre ?)
« Je vais maintenant demander à P.R. de faire jouer mon droit aux cinq semaines et me permettrai alors de vous abandonner jusqu’à la rentrée… Je l’en remercie par avance… Et j’embrasse encore Xavier de tout cœur. »
Jean-Pierre Michel
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2 commentaires pour “Un petit caillou grec dans une vieille botte de sept lieux…”
l’ete grec s’etire, n’en finissant plus de nous gratifer de ses genereux rayons de soleil, et de ses lumineux eclairs de lune, nous tenant eveilles presque 24 h/24…pour mieux vous accueillir en terre hellene.
Que d’heureux et joyeux souvenirs lointains mais si presents dans ma memoire vous ravivez en moi, cher JPM ! Merci pour ce charmant chapitre, veritable compagnon de route, livre de bord ouvert des aventures touristiques et authentiquement griffees seventies, que nous vivions alors ; sans ajamais vous avoir rencontre, nos autocars ont du se croiser sur les routes sinueuses de l’Epire ! Modestement, j’accompagnais alors des groupes, en circuit, que mon remarquble chauffeur -Kostas- aux airs de Zorba des montagnes, menait d’une etape a l’autre, au volant de son super Setra rescape des fifties…Nom de Zeus, quel sauna derriere le pare-brise aux heures les plus chaudes de la journee, au sortir d’un de ces sites magiques…-Dodone quelle poesie !- mais quel agrement aussi lorsque le soir venu, toutes soutes ouvertes, l’habitacle se transformait en disco de campagne !
Souvenirs-souvenirs ? Certes, mais sans nostalgie aucune, puisque je lui suis restee fidele, professionnellement aussi, depuis l’ete 75… La suite ? C’est une autre legende -mais pas un mythe!- que je resume a travers mon slogan : « La Grece de votre passe culturel EST devenue votre avenir evenementiel »…Le mien en tout cas et celui de quelques milliers de visiteurs que j’espere avoir rendu heureux durant…presque 4 decennies !
Bonne rentree surtout, par les chemins buissonniers ou les grands boulevards.
NA ISTE KALA- FILIKA- Nathalie LYCAS- Eureka!greek events
Je vous confirme que vous avez largement rattrappé « l’étourderie », même si certainement tout le monde vous l’avait déjà pardonnée, grâce au texte ci-dessus qui transpire l’amour et la passion pour la Grèce. Bravo.