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Un pari sur l’avenir : être tous agents de voyages

Des voix s’élèvent pour savoir si les agents de voyages doivent adopter ou non une attitude écologiquement correcte, ou parier sur le tourisme durable dans le monde d’après. Pour l’instant, faute de pouvoir imaginer clairement les modalités de sortie de crise, ce ne sont que des mots, des imprécations pour conjurer la crise consécutive à la pandémie de Covid-19.

Un minuscule virus qui a fait mettre un genou à terre à l’économie mondiale. Un aléa imparable. Le profession est depuis 18 mois dans une période totalement instable. Sans les aides gouvernementales, elle aurait été laminée. Dès que les subsides cesseront, ce qui arrivera tôt ou tard, il y aura de
nombreuses victimes collatérales.

Selon les théories darwiniennes, seuls les plus adaptés à la situation, les plus malins, les plus motivés survivront. Pas forcément les plus importants, les plus gros, les plus grands. Souvenez-vous de la disparition des dinosaures de la surface de la planète. La récente disparition brutale de Thomas Cook était sans doute un premier avertissement.

L’époque actuelle se noie dans l’émotion, l’empathie, la compassion, la culpabilisation. Du pain bénit pour les psychothérapeutes. Soyons forts et lucides plutôt que de nous lamenter médiatiquement sur le sort de tous, cherchons des solutions concrètes.

Il y aura bien un après-Covid-19. Actuellement, il est quasiment impossible pour les professionnels de programmer surement des voyages, tant les cas de figure concernant les entrées dans les destinations touristiques mondiales sont fluctuants et contraignants. Toute coordination entre les pays semble difficile, voire impossible.

Le tourisme durable devra ne pas oublier que la transition écologique risque créer une régression, qui aboutirait à une décroissance forcée. Alors, autant chercher des solutions plutôt que rester assis sur les ruines d’un modèle économique en fin de cycle.

Mon âge me permet de rappeler comment fonctionnait l’organisation des voyages il y a une cinquantaine d’années. À cette époque préhistorique, il y avait très peu d’organisateurs de voyages sur le marché.

C’était les agents de voyages qui organisaient et distribuaient les voyages à la demande de clients beaucoup plus rares qu’aujourd’hui. Le tourisme de masse a débuté un peu plus tard.

Donc, la profession faisait du sur mesure avec un téléphone et un télex — le téléimprimeur. Pour les plus jeunes, le télex était l’ancêtre des modes de télécommunication. Une sorte de grosse machine à écrire avec des bandes perforées en guise de mémoire, qui envoyaient souvent difficilement des
messages au propriétaire d’un autre télex.

Parfois, vous deviez correspondre par courrier avec un interlocuteur moins équipé. Inutile de dire qu’il fallait être patient et pugnace. Les ventes de dernière minute n’existaient pas encore. En tout cas, c’était formateur et cela obligeait les vendeurs à développer un maximum de compétences pour être compétitifs.

Depuis quelque temps déjà, les voyageurs, grâce à la technologie, sont devenus nos principaux concurrents. Les plus jeunes organisent eux-mêmes leurs voyages en agrégeant diverses prestations que la profession leur fournit complaisamment. En recherchant avec opportunisme les meilleures offres du marché. Économiquement, c’est imparable. En plus, c’est passionnant et amusant de jouer à l’agent de voyages.

La garantie financière est le dernier rempart, avec les incertitudes que nous connaissons.

Le monde change, alors changeons avec lui. Cela aurait au moins le mérite de clarifier l’éternel et stérile débat entre les distributeurs et les organisateurs.

Tous seraient des agents de voyages avec leurs armes respectives : compétence, connaissance, proximité, technologie. Mais, ce cela serait long à mettre en place. À commencer par les changements d’habitudes et de mentalité.

François Teyssier