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Un accident fatal, une fraude à l’échelle d’un pays ?

L’Agence européenne de la Sécurité aérienne (AESA) a pris la décision d’interdire pendant six mois l’espace aérien communautaire à la PIA (Pakistan International Airlines.) La compagnie peut toutefois faire appel de cette décision.

Une suspension qui fait suite à l’accident du vol intérieur PK 8303, un Airbus A.320 de 16 ans d’âge, qui reliait Lahore à Karachi et qui s’est écrasé
le 22 mai dernier dans une banlieue résidentielle de Karachi après avoir percuté une tour de téléphonie. 97 personnes ont perdu la vie.

La catastrophe aérienne est passée relativement inaperçue. En tout cas de la presse professionnelle touristique, qui de toute évidence avait « d’autres chats à fouetter. »

Mais ce sont les possibles raisons de cet accident et ses conséquences qui aujourd’hui m’interpellent. Un cas d’école à méditer.

Peu après la catastrophe, les autorités pakistanaises ont rapidement pris l’initiative d’être transparentes. Le courageux ministre de l’Aviation Ghulam Sarwar Khan a annoncé que la raison probable de l’accident était une remise des gaz bâclée par le pilote, qui avait envoyé un signal de détresse. Le rapport préliminaire d’accident pointe en effet une possible défaillance humaine comme pouvant être à l’origine de l’accident.

Mais avant de trouver un bouc émissaire à priori évident, il faudra avoir le courage de mettre à plat toute la chaîne des responsabilités possibles. Elles semblent être nombreuses.

En effet, le ministre de l’Aviation a également annoncé que 262 pilotes travaillant pour 4 compagnies aériennes pakistanaises étaient titulaires de
licences professionnelles qualifiées de « douteuses ».

PIA a immédiatement suspendu 150 pilotes, plus ou moins falsificateurs, sur les 860 que compte la compagnie. Des navigants suspectés de ne pas être en règle dont 36 étaient supposés être à la retraite !

De plus, certaines licences seraient effectivement valables, mais les tests de contrôle d’aptitude auraient été passés par d’autres personnes que leurs
titulaires. Au Pakistan, cela doit s’appeler le partage du savoir ? Sur ce point, comme sur d’autres, des responsabilités seront à rechercher.

La conclusion la plus élémentaire est que les dossiers sont mal gérés au quotidien et avec beaucoup de complaisance. C’est presque de l’humour.
Au niveau international, le transporteur aérien se serait bien passé d’une telle situation. Que ce soit du fait des conséquences économiques liées à la pandémie de covid-19 que la défiance des écologistes liée à l’empreinte carbone émises par l’aviation mondiale.

François Teyssier