En Turquie, Tourisme et politique ne font pas bon ménage

16 mars 2017   Serge Fabre   Aucun commentaire   À la une    Condor, Fritz Joussen, Ralf Teckentrup, René Herzog, Thomas Cook, Tourisme et politique, TUI, turquie    5597 vues

Ce n’est pas la première fois qu’un pays ait à gérer une politique répressive et l’accueil des touristes. Sur les médias sociaux, il nous arrive régulièrement de recevoir des commentaires acerbes sur le fait d’évoquer un pays qui, soit applique la charia de façon excessive, fait la chasse aux homosexuels ou soit réprime les intellectuels. Mais, nous croyons qu’il est nécessaire de continuer d’écrire sur ces pays en précisant toutefois les aspects négatifs. C’est le cas en ce moment pour la Turquie du président Erdogan.

Une curieuse incitation du ministre turc à ne pas critiquer

« Moins de politique, et plus de tourisme » : tel est le message envoyé aux leaders de l’industrie du voyage turque et certains leaders du tourisme en Allemagne durant ITB. Le ministre du tourisme de Turquie, Nabi Avci, notamment a salué l’engagement continu des voyagistes allemands en Turquie et a appelé à une nouvelle approche.

« Dans le tourisme, tout est question de perception. Si vous insistez sur les bonnes choses, la situation améliore, mais si vous critiquez, tout se dégrade ».
Voilà un message qui serait difficile à tenir pour de vrais démocrates et qui rappelle le souvenir récent des milliers d’arrestations d’enseignants, de journalistes … en Turquie.

Bal des hypocrites durant la grande messe à ITB

Ces dernières semaines, nous avons assisté à escalade de critiques verbales entre l’Allemagne et la Turquie. Mais également aux Pays Bas où l’avion transportant un ministre a été interdit d’atterrir. Il faut préciser que le président Erdogan veut changer la constitution.

Elle accorderait au président de vastes prérogatives, dont le pouvoir sur la justice et la suppression d’un premier ministre. Un appel au boycott de la Turquie a été lancée par Karl Born, du professeur de tourisme et ancien membre du conseil TUI.

Par contre, René Herzog, Directeur général chez DER Touristik a indiqué qu’un boycott serait une « décision populiste ». De son coté, Fritz Joussen, patron de TUI, ne se mouille pas trop et indique que de nombreux Allemands sont très satisfaits de leurs vacances en Turquie.

On constate une baisse continue des réservations

Le nombre de visiteurs étrangers en Turquie est tombé à 25,4 millions en 2016, le chiffre le plus bas en neuf ans. Les hôtels en Turquie ont été remplis en moyenne à 53 % en 2016 et beaucoup ont réduit les prix.

Condor (Thomas Cook) a réduit la capacité vers la Turquie de 10 % cet été, après une baisse de 30 % du nombre de passagers l’an dernier, selon Ralf Teckentrup, le patron de Condor.

Des subventions pour faire venir des touristes

Le ministre turc a annoncé que la Turquie va étendre les subventions de 6,000 à 7,800 dollars US pour tous les vols des compagnies aériennes régulières et charter.

Il espère que ce soutien contribuera à regagner le terrain perdu.

Les réservations en provenance d’Allemagne représentent environ 15 % des touristes en Turquie. Il s’agit donc d’un marché crucial pour le pays.

Les vacanciers sont désormais sur-informés grâce notamment aux réseaux sociaux et journaux en ligne.

Ils ont connaissance des attentats et de la tentative de coup d’état et surtout de l’arrestation de milliers de personnes en Turquie.

Les derniers propos du président Erdogan vis-à- vis des Pays-Bas ne sont pas de nature à attirer les vacanciers.

Qu’on le veuille ou non, la politique et le tourisme ne font pas bon ménage.

Serge Fabre