Tunisie : Qui dit victimes, dit responsabilité et indemnités…
30 juin 2015 Bertrand Figuier Aucun commentaire À la une Al Sisi, assisteurs, assureurs, Boulevard Voltaire, class action, djihad, Tunisie 3785 vues
Nous n’avons plus de «songes», comme les épouses de Ponce Pilate, pour nous avertir du danger. C’est regrettable ; pourtant, en bons rationnels qui se respectent, nous avons quand même l’observation des faits et ceux-ci sont souvent porteurs de signes aussi bruyant qu’un klaxon.
Espérons que nous saurons les voir pour mieux nous préparer à y répondre.
Dans un monde qui «judiciarise» à tout va, dès qu’on parle de responsabilité, il faut toujours se préparer au pire après ce qui s’est passé en Tunisie.
Du côté des victimes, que vont faire les familles ?
Contre les tour-opérateurs et les agences de voyages, vont-elles avancer que ces professionnels ont envoyé « en toute connaissance de causes » leurs parents dans une destination connue pour être «dangereuse » ?
Je n’ose imaginer les effets d’une « class action» sur la santé financière des entreprises du tourisme, que ce soit en Angleterre, en Belgique ou en Allemagne, voire même ailleurs en Europe.
Après le drame du Bardo, n’importe quel avocat risque de balayer sans problème les arguments du genre : «cas de force majeure», «impossible de prévoir une telle horreur… », etc.
Du côté des assureurs et des assisteurs, comment vont-ils s’adapter à une situation qui s’éternise au point que nos «habiles » politiques nous préviennent depuis quelques mois déjà qu’il va falloir s’y habituer.
Je n’ose pas, là encore, imaginer ce que donnerait pour le marché du tourisme un changement radical du calcul des primes ou la remise en cause d’une assistance dans des pays où les employés des assisteurs pourraient se trouver eux-mêmes en péril…
Avec ce que laisse entendre l’article paru la semaine dernière sur Boulevard Voltaire, un blog très suivi, (www.bvoltaire.fr/jeanpierrefabrebernadac/tunisie-moi-jy-vais-moi-jy-meurs) , on voit vite les risques que courent désormais les «people » dont on utiliserait la notoriété à des fins publicitaires ; j’en connais aujourd’hui qui vont y réfléchir à deux fois avant de dire tout haut leur solidarité…
Et pour notre gouvernement ?
Là aussi, on peut se poser des questions puisque chacun s’accorde à dire que le touriste de base consulte le site du Ministère des Affaires Étrangères pour décider du pays où il va passer ses prochaines vacances.
D’autant plus qu’à force de parler d’islamophobie à chaque fois qu’un européen est exécuté par un djihadiste, ici ou ailleurs, je doute vraiment qu’il apporte le soutien idéal et attendu à son homologue tunisien.
En France, le pouvoir politique sème l’ambiguïté intellectuelle et la pagaille sociale qui va avec, tandis que le gouvernement tunisien, lui, à l’exemple du Président égyptien, Al Sisi, prend les choses à bras le corps et se bat seul, sans détours ni grandes phrases, en fermant 88 mosquées salafistes.
Visiblement, entre le djihad et le business, la Tunisie a fait son choix… Et la France ?
Bertrand Figuier
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