En ce dimanche 28 avril à l’aéroport de Djerba, les légendaires sourires tunisiens étaient de sortie.
Tous les vols en provenance des aéroports français déversaient leurs pleins de touristes en quête de chaleur et de soleil alors que l’hiver n’en finit pas de frapper dans l’hexagone..
Dans un passé pas si lointain, les vacances de printemps en France lançaient la saison sur l’île. Et puis il y a eu … les « évènements » et leurs effets collatéraux.
L’industrie du tourisme en Tunisie a été frappé de façon dramatique. Rien qu’ici à Djerba, pas moins de 21 hôtels ont fermé leurs portes depuis.
D’autres, au sein même de la célèbre zone touristique, vivotent.
Et malgré les efforts conséquents de l’ONTT à Paris, le désamour semble bien perdurer entre une clientèle française toujours craintive et un pays en pleine « évolution historique » comme l’explique un hôtelier djerbien.
Que l’on en juge : pour le seul dernier trimestre, le marché français a chuté de 27 % par rapport à 2012… année qui avait elle même déjà enregistré une baisse significative pour ne pas dire plus.
Aussi, voir tous les bus des différents TO français repartir de l’aéroport avec leur cargaison de touristes, ne pouvait qu’apporter un peu d’optimisme sur l’île.
En fait, la réussite du fameux pèlerinage juif de La Ghriba qui vient de se dérouler ces trois derniers jours dans la plus vieille synagogue d’Afrique au cœur de Djerba, est déjà perçu ici comme un signe positif.
De longue date, ce rendez-vous annuel de la communauté juive donnait le ton de la saison estivale et touristique. Il faut dire que plusieurs milliers de pèlerins venus de toute l’Europe, d’Israël et même des États Unis rejoignaient la communauté tunisienne dont les mille membres sont majoritairement implantés sur l’île.
Annulé pour raisons de sécurité en 2011, le temps fort de La Ghriba n’avait pas connu grande affluence l’année dernière.
Et cela toujours pour raisons de sécurité, car le souvenir de l’horrible attentat du 11 avril 2002 revendiqué par Al-Qaïda (21 morts) conjugué avec les déclarations de certains politiques tunisiens aux affaires depuis la Révolution n’ayant visiblement pas été de nature à rassurer.
Cette année, un millier de pèlerins dont la moitié d’étrangers -français, italiens et même quelques israéliens- ont participé entre prières et bénédictions au rituel, à la kermesse, à la vente aux enchères ou à la procession. Le tout sous haute protection, un imposant dispositif de sécurité ayant été déployé par les autorités.
Si Perez Trabelsi, le chef de la communauté juive de Djerba, pouvait se féliciter hier de cette affluence retrouvée et porteuse d’espoir pour les éditions à venir, c’est un autre Trabelsi, René, grand ordonnateur des festivités, qui portait un jugement encore plus teinté d’optimisme.
Le Directeur Général de « Royal First Travel » -dont le siège se situe à Charenton Le Pont-, en professionnel du tourisme aguerri et en connaisseur avisé de la Tunisie, nous a confié son optimisme. Et sa foi dans l’action du nouveau ministre du Tourisme, Jamel Gamra, lequel a d’ailleurs honoré La Ghriba de sa présence hier.
« C’est un homme qui a bon esprit et que je connais bien. Il a compris que son poste était apolitique et qu’il sera crédible que s’il ne parle que de tourisme… »
Le sourire de René Trabelsi comme ceux de ses coreligionnaires français à l’heure de quitter Djerba rejoignaient d’autres sourires djerbiens croisés à l’aéroport hier.
JB
Photo : Jean Beveraggi