Trop de labels verts dans le Tourisme ?


Les hébergements touristiques sont de plus en plus nombreux à vouloir réduire l’impact environnemental du tourisme. En effet, un tourisme intensif et non contrôlé dégrade les atouts naturels des endroits les plus visités.

Pour les établissements qui veulent valoriser et mettre en avant leur démarche environnementale, il y a ainsi une véritable prolifération de labels verts écologiques, certificats et chartes au niveau international, national, et même local (Ecogîtes, Clef Verte, Gîtes Panda, Hôtels au Naturel, « Agir pour un Tourisme Responsable », Clévacances (Qualification Environnement), Chouette Nature, Ecolabel Européen, Green Globe 21, etc).

Alors comment connaître la valeur de chaque certification, et à qui se fier ? Autant de questions que se posent les propriétaires de ces établissements avant de se lancer vers une certification ou vers une autre.

Un écolabel européen

Selon le « OCDE » (L’Organisation de coopération et de développement économiques) le public fait plus facilement confiance aux labels de l’état qu’aux labels verts privés.

Le seul label écologique officiel certifié par un organisme indépendant (AFNOR en France) et reconnu à l’échelle européenne est l’Ecolabel Européen pour les hébergements touristiques, créé en 2003. Ce label permet d’identifier les hébergements attentifs à mener une gestion éco-responsable de leur activité, de la consommation d’énergie à la sensibilisation de leurs hôtes à la question environnementale.

Une trentaine de critères obligatoires visent à réduire la consommation d’eau et d’électricité, et le volume des déchets, ainsi qu’à inciter des actions positives: utilisation des sources d’énergie renouvelables, de substances moins nocives pour l’environnement, communication et éducation. Les audits de renouvellement tous les deux ans imposent de plus des normes élevées, avec des objectifs progressifs pour chaque établissement.

La France, une destination de référence

En termes d’hébergements touristiques écolabellisés, la France mène le jeu, dépassant tous les autres pays européens, avec 352 établissements certifiés.

La politique nationale s’accorde, il faut le reconnaitre, avec cette tendance : en décembre 2014, une annonce sur la création d’un pôle d’excellence sur l’écotourisme a été émise par le Ministère des Affaires Etrangères et du Développement International, qui souhaite positionner la France comme « la destination écotourisme de référence ».

Plus de 95 % d’européens disent que la protection de l’environnement leur est importante ; le tourisme en France représentant plus de 8 % du PIB, et l’écotourisme étant en forte croissance ces dernières années sur le plan international, les enjeux sont donc essentiels.

Des régions à la pointe

Certaines régions ont pris de l’avance entretemps : Bretagne, Aquitaine, PACA, Poitou-Charentes, sont celles qui figurent en tête de liste.

Dans ces régions-là, il existe un haut niveau de soutien pour ceux qui veulent obtenir la certification, comme l’indique Mme Lacroix de l’AFNOR Sud Ouest: « Les Conseils Régionaux et l’ADEME [Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie] régional agissent en tant que partenaires et ils fournissent de l’aide financière et des formations. Par exemple, ils prennent en charge les frais des consultants, qui accompagnent les postulants. » .
Aquitaine et Poitou-Charentes, parmi d’autres, font preuve d’une volonté de développer et de mettre en valeur le tourisme durable.

Depuis 2006, et l’obtention du premier écolabel en France par l’hôtel Les Orangeries (Lussac-les-Châteaux) Poitou-Charentes compte maintenant 36 établissements, avec une structure très diversifiée, des chambres d’hôtes et gîtes jusqu’aux villages vacances et campings.

Les établissements écolabellisés en Poitou-Charentes se sont fédérés en 2009 pour former l’Ecolabel Club Poitou-Charentes.

M. Mangin, leur président, explique que les deux objectifs principaux de la fédération sont de privilégier une dynamique d’échange entre les membres, et de rendre plus visibles leurs actions et leurs établissements. L’écolabel aide à démarquer ces hébergements touristiques par rapport aux autres établissements comparables dans la même localité, encourage une fidélisation des clients et agit favorablement sur les taux d’occupation.

Le défi consiste à faire passer la notion d’un label écologique d’un produit à un service, comme l’explique M. Mangin: « Il existe des écolabels européens pour beaucoup de produits ménagers, et le public a largement compris ce que signifie la certification. Mais quand il s’agit d’un service, l’hébergement touristique en l’occurrence, c’est beaucoup plus difficile à conceptualiser pour les gens. »

Un outil de gestion interne

L’Aquitaine est no. 2 des régions françaises en nombre d’établissements certifiés, avec un total de 44 qui ont décroché le certificat, dont beaucoup de campings (17). 25 % des campings français ayant fait la démarche d’écolabellisation sont aquitains. Pour les propriétaires des hébergements touristiques l’écolabel est un outil de gestion interne efficace qui permet de baisser les charges et d’éviter le gaspillage.

Dans le village vacances ‘La Forêt des Landes’ à Tarnos, la directrice Mme. Charlassier a constaté une réduction des charges : « ça nous a permis de mieux maîtriser la facture d’eau, puisqu’on a des réducteurs d’eau, et on lit les compteurs tous les jours pour identifier des fuites éventuelles. La note a baissé aussi pour les produits d’entretiens ménagers ».

En ce qui concerne la conservation des ressources naturelles, c’est une bonne nouvelle puisqu’un touriste consomme, en moyen, 75 % plus d’eau par jour qu’un habitant local.

Extension de l’écolabel
Le succès de l’Ecolabel Européen pour les hébergements touristiques ouvre la voie à d’autres domaines. Ainsi, un écolabel européen certifiant les sites touristiques est en cours de création, en prenant comme base le label écologique national français pour les sites de visite, NF Environnement.


Bridget Farrell,
participe à la campagne pour les écolabels
de la DG Environnement de la Commission européenne





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