Tourisme, voyages, fret : le transport aérien est-il toujours indispensable ?


Le transport aérien est quasiment à l’arrêt depuis un an. Cela n’a pas empêché la terre de tourner ni l’économie de se redresser petit à petit. La bourse est même revenue à des niveaux proches de ceux atteints la veille de la pandémie. Alors finalement peut-on se passer du transport aérien comme semblent le vouloir certains extrémistes écologiques ou est-il indispensable à l’équilibre de la planète ? Avant la reprise inéluctable du secteur, il n’est pas inintéressant de se plonger sur ses forces et ses faiblesses.

Commençons par ces dernières. Le transport aérien n’est pas exempt de défauts, ne pas les voir empêche de les corriger. Je passe sur les émissions de CO² dont on nous a rebattu les oreilles et dont la solution est en vue, mais je voudrais insister sur d’autres aspects.

D’abord l’égoïsme des acteurs, qu’ils soient dirigeants, syndicalistes ou même salariés. Une des grandes caractéristiques de la gestion des compagnies aériennes est qu’elles s’occupent beaucoup plus du bien être de leurs salariés voir de leurs actionnaires que de leurs clients et même de leurs fournisseurs de services.

Lorsqu’il faut faire des économies, les dirigeants cherchent d’abord à ne pas toucher aux statuts et privilèges des employés, mais plutôt à demander aux sous-traitants de faire les efforts qu’eux-mêmes ne veulent pas réaliser. C’est ainsi qu’on a coupé la commission aux agents de voyages et que les discussions avec les aéroports sont si difficiles. Il est curieux de constater que dès qu’une compagnie annonce de bons résultats, les syndicats et les pilotes pour commencer, mais aussi les actionnaires réclament à cors et à cris leur répartition immédiate, au détriment des réserves que les compagnies devraient constituer.

La fragilité des opérateurs provient pour l’essentiel de cet état d’esprit. Voilà pourquoi les transporteurs se sont trouvés dans l’impossibilité de rembourser les billets payés à l’avance et qu’ils étaient dans l’obligation d’annuler. Il manquait tout simplement une trésorerie saine et non pas celle constituée, artificiellement par des avances consenties par les clients, ces derniers étant incités à la faire pour acquérir des billets à des prix qui ne couvrent pas les coûts.

Au fond le transport aérien a été bâti sur l’idée que les gouvernants soutiendraient toujours les compagnies, ne serait-ce que pour faire bénéficier nombre d’ayants-droits des fameux billets GP gratuits ou à 90% de réduction.

Et puis pensons aux protestations élevées par les compagnies chaque fois qu’une taxe nouvelle leur est demandée. Certes il est facile pour les gouvernants de réclamer au transport aérien censé être utilisé essentiellement par les personnes riches, des subsides destinés à couvrir jusque et y compris les besoins des concurrents terrestres.

Pour autant il serait légitime que le secteur d’activité contribue au bien être de la planète. Je pense à la fameuse taxe Chirac destinée à approvisionner en médicaments les populations les moins favorisées, qui a eu tant de peine à s’installer et qui n’est appliquée que dans un tout petit nombre de pays.
Ce n’est pas parce qu’il a des défauts qu’il faudra bien corriger que le transport aérien est illégitime.
Je note d’abord les formidables avancées que ce secteur a fait dans trois domaines essentiels : la sécurité, l’écologie et la démocratisation de son accès.

Sécurité et écologie vont d’ailleurs de pair. Les constructeurs poussés par les énormes commandes passées par les transporteurs, souvent à long terme, ont créé des appareils magnifiques, d’un confort sans pareil, et d’une fiabilité sans égale.

Ainsi le Boeing 747 a été créé à la demande du président de la Pan Am Juan Trippe qui a passé les premières commandes alors que l’appareil n’était pas encore dessiné.

La pression des transporteurs a porté également sur l’amélioration de la consommation ce qui a conduit les constructeurs à mettre sur le marché des appareils moins consommateurs de carburant et donc moins émetteurs de CO².

Dans le même temps le transport aérien s’est démocratisé poussé en cela par la création de la libre concurrence.

Ainsi les efforts de tous les acteurs : constructeurs, compagnies, aéroports et fournisseurs de services ont contribué à rendre ce moyen de transport accessible au plus grand nombre. Ce n’est pas une mince avancée dans les échanges entre les peuples, source de liberté et de paix.

Le transport aérien est plus légitime que jamais pour le bon équilibre de la planète surtout s’il se corrige de ses excès. Dans une trentaine d’année il n’émettra plus de gaz à effet de serre contrairement à d’autres secteurs d’activité.

Et sera toujours présent comme lorsqu’il a fallu, en grande urgence, transporter des masques pour lutter contre une pandémie qui l’a mis provisoirement à plat.

Jean-Louis Baroux





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