A l’intérieur des instances nationales du tourisme, nos fonctions nous amènent à être régulièrement sollicités par des nouveaux entrepreneurs du tourisme qui peinent à obtenir un garant financier en vue de se faire immatriculer.
Ils débordent d’énergie, et c’est très bien , et veulent être immédiatement opérationnels lorsque la reprise pointera le bout de son nez ! Sauf qu’ils
ne trouvent à ce jour aucun garant et la situation devient pour eux tous dramatique.
On le sait, l’APST a suspendu, jusqu’à nouvel ordre, toute étude de nouvelle adhésion. Les contre-garanties imposées par les autres garants en France semblent en échauder plus d’un. Quant à se tourner vers un garant européen, il convient d’analyser « à la loupe » les conditions et couvertures du contrat et ce n’est pas simple.
Au passage, l’APST a toujours favorisé l’entrée de nouveaux entrepreneurs avec une tarification adaptée et complétée par une mécanique de
tutorat très apprécié. A ma connaissance, l’APST est la seule à ce jour à fournir ce tremplin qui, depuis des années, a permis la mise en orbite de
jeunes pousses sans qui l’avenir s’avérait bouché. En ces périodes troublées, il n’est pas superflu de s’en souvenir.
Mais aujourd’hui donc, nombre de futurs confrères sont face à une impasse.
J’ai voulu approfondir le sujet et me suis souvenu que, lorsque j’ai débuté dans le métier, en 1982 (oups !), j’avais conclu une convention de
mandat avec une agence titulaire d’une licence d’état d’agent de voyages.
De quoi s’agissait il ?
Le législateur à l’époque, fort inspiré, avait constaté déjà qu’il n’était pas simple, pour les agents de voyage en herbe, d’obtenir dès le départ une licence (l’ancêtre de l’immatriculation).
Au travers d’une convention de mandat, le nouvel entrepreneur pouvait donc passer un accord avec une
agence titulaire pour une durée maximale de 3 ans. Durant cette période « de lancement », c’était bien l’agence titulaire qui était entièrement responsable devant la loi de son mandataire.
C’était bien l’agence titulaire qui devait facturer pour le compte du mandat, charge ensuite de trouver , entre les 2 parties, une clé de répartition de la rémunération.
A l’issue des 3 ans, et si la période avait été concluante, le mandataire faisait sa demande de licence qu’il obtenait alors assez aisément. A cette même époque, tant les conventions que les octrois de licences étaient délivrés par la préfecture du département d’implantation au travers d’une
commission paritaire départementale réunissant représentants de l’Etat et professionnels.
Soyons clairs, cette convention n’existe plus aujourd’hui et la seule manière d’exercer en 2021 le métier d’agent de voyages est bien d’être titulaire
d’une immatriculation au registre des opérateurs de voyage.
C’est une solution provisoire que je souhaite néanmoins suggérer ci-dessous s’inspirant de cette convention de mandat :
– Le nouvel entrepreneur doit tout d’abord créer son entreprise, établir son business plan et bien structurer son projet d’entreprise
– Il se met ensuite à la recherche d’un opérateur de voyages, titulaire d’une immatriculation et si possible assez proche de son implantation (la
proximité prenant ici tout son sens)
– Ils établissent entre eux, non pas une convention de mandat mais ce que l’on pourrait appeler une « convention commerciale » dont les termes
doivent être précis et comprendre, a minima, les points suivants :
1) Le titulaire de l’immatriculation a l’entière responsabilité des ventes réalisées par le mandant
2) Le titulaire assure la vente, l’encaissement et le paiement des fournisseurs pour le compte du mandant
3) Sur tous les contrats de vente, le nom de titulaire doit apparaitre prioritairement , celui du mandant en seconde position
4) La rémunération du mandant (rétrocession de commissions) doit se faire selon une clé de répartition à définir par les deux parties. Peut venir s’adjoindre une part fixe mensuelle facturée par le titulaire pour couvrir les frais complémentaires liés au surcroit du chiffre d’affaires et aux risques
5) La convention doit être strictement limitée dans le temps. Vu les circonstances, une durée maximale d’un an serait adaptée avec une période possible de renouvellement jusqu’à 2 semestres complémentaires.
Vous l’aurez compris , il s’agit d’un engagement fort de la part du titulaire (nécessitant une procédure stricte de contrôle) mais qui peut
aussi présenter plusieurs avantages :
– Générer un surcroit de CA bienvenue durant cette période où il est proche du 0
– Ouvrir le champ de son entreprise à une autre activité , mais dont les synergies peuvent s’avérer profitables
– Optimiser les charges ( comme par exemple :partage de locaux, mise en commun d’outils divers, RH, opérations de cross-marketing, etc..)
– Envisagez, et pourquoi pas, une association à l’issue de la période de lancement si celle-ci s’est bien déroulée.
Pour le nouvel entrepreneur, c’est lui permettre d’amorcer immédiatement son activité certes avec une rémunération moindre mais avec le confort de se consacrer au plus vite au développement de son entreprise. Comptablement, le cout généré par cette convention commerciale (limitée dans le temps) peut être lissé sur 3 ou 4 exercices.
Une fois encore, cette chronique démontre toute la pertinence de s’unir pour mieux résister.
Il y a fort à parier que, dans la plupart des cas, les nouveaux entrepreneurs cités plus haut développeront un créneau de vente novateur via des cibles ou des canaux différents que les opérateurs historiques. Il faut donc y voir là une formidable opportunité d’envisager, peut être à terme, de pertinentes collaborations.
Alors, à tous ces futurs entrepreneurs aujourd’hui en souffrance, n’hésitez pas à aller parler à la plus proche agence de chez vous : la période est propice à l’ échange.
A très vite
Jean Luc Dufrenne