C’est amusant ça ! Au moment même où, selon notre confrère saumon, les professionnels du tourisme grecs sentent les premiers effets de la crise migratoire qui « couve », en particulier les réservations des marchés autrichien et néerlandais, l’OMT affirme que « 2016 sera une année positive pour le tourisme grec ».
[1]C’est sûr les hôteliers et les habitants de Kos, de Lesbos, Chios et Samos vont déborder de joie en l’apprenant. Eux qui, depuis le mouvement de fermeture des frontières un peu partout dans les pays des Balkans, se retrouvent avec des contingents totalement bloqués et désœuvrés, cette annonce fracassante va les rassurer.
De même les croisiéristes qui font du cabotage entre Chios et Samos, notamment, dont la fréquentation aurait semble-t-il chuter d’environ 40 %, vont pousser un immense soupir de soulagement.
Avec de telles révélations, l’OMT contribue à guider judicieusement les investissements des tours opérateurs et de leurs distributeurs.
On se demande d’ailleurs comment il se fait que cette crise des migrants puisse les prendre par surprise.
Selon notre confrère l’Écho Touristique, elle provoque « attentisme, voire défection » et « ralentit les prises de commande », avec un impact que « les voyagistes n’avaient pas anticipé et qui risque de compromettre la saison estivale ».
Tiens donc ? Aucun d’eux n’écoute la télévision ou la radio, aucun ne lit la presse ou les sites d’information ? Et personne n’était à Kos, récemment, pour une force de vente ?
Si bien sûr… Mais alors comment expliquer cette surprise ?
Les professionnels font-ils trop confiance aux déclarations solennelles de l’OMT ? Je ne vois que ça pour admettre un tel décalage.
[2]Il faut donc le croire… oui, mais dans ce cas, il reste quand même une question : qu’en est-il exactement de ses prévisions de croissance régulière du tourisme dans le monde ; sont-elles toute aussi fiables que sa brillante analyse du tourisme grec ?
À moins encore que le Business, comme la Pensée, commence lui aussi à souffrir du « politiquement correct ».
Car depuis le dernier IFTM-Top Résa, où la Table de La Quotidienne avait justement abordé cette question (voir notre vidéo du 5 octobre 2015), il s’en est passé des choses en Grèce, et ailleurs en Europe, autour de cette arrivée massive de population à la dérive.
Aurions-nous été aveugles… ou aveuglés peut-être ?
Aurions-nous été sourds aussi ?
Quand on vous dit que le tourisme, ça devient vraiment compliqué.
Faudra-t-il enseigner aussi la géopolitique au BTS Tourisme ?
Préférer le réel au « correct », ce serait déjà pas mal, non ?
Bertrand Figuier