En marge de sa visite à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron et à la veille de retrouver Angela Merkel, Salomé Zourabichvili, la Présidente de la République de Géorgie a pris le temps de répondre à l’invitation de l’European American Press Club pour dialoguer avec une dizaine de journalistes. Pour les questions sur le Tourisme en Géorgie, La Quotidienne était là.
Une aventure personnelle hors norme
Il est intéressant de rappeler le parcours brillant mais pour le moins surprenant de celle qui vient d’être élue à la tête de la Géorgie. Fille d’un exilé politique Géorgien réfugié en France, Salomé est née en France et a fait de brillantes études à Paris. Après Sciences Po, elle passe le concours des Affaires Étrangères dont elle sort major.
Elle occupe de nombreux postes au sein de la diplomatie française et un beau jour de 2003 elle est nommée Ambassadrice de France en Géorgie. Et c’est ensuite que le Président géorgien de l’époque demande à Jacques Chirac la permission de la faire entrer au gouvernement géorgien en tant que Ministre des Affaires Étrangères. Ce que le Président Chirac accepte en précisant « Ce n’est qu’un prêt temporaire…« . Du jamais vu !
Ensuite elle prend place dans la vie politique géorgienne. Et le 18 décembre 2018, après avoir renoncé à sa double nationalité, elle remporte l’élection présidentielle, première femme à occuper ce poste.
Un peu de géopolitique
Évidemment il a été beaucoup question des rapports de la Géorgie avec son puissant voisin russe car depuis l’annexion manu militari en 2008 de deux régions limitrophes par l’armée russe, les relations diplomatiques sont officiellement rompues. Mais pour la Présidente Géorgienne, même si cela doit prendre longtemps, ces territoires reviendront un jour à leur pays d’origine, mais, et elle insiste bien sur ce point, uniquement par la voie diplomatique avec le soutien de l’Europe et des États Unis !
Et pour preuve que les tensions ne concernent que la géopolitique, la Présidente nous rappelle que les russes forment le plus important contingent de touristes dans son pays. Nombreux sont les russes fortunés qui viennent organiser leur mariage en Géorgie et l’achat d’appartements de vacances surtout sur les rivages de la Mer Noire est très tendance chez les compatriotes de Poutine.
Personnellement je me demande si, peut-être, ce ne serait qu’une manière discrète de mettre de côté ses économies à l’abri de toute intervention de l’administration russe et en même temps d’en profiter facilement ?
Les attraits touristiques de la Géorgie.
La Présidente a tenu a rappelé que la Géorgie est « un pays de valeurs chrétiennes et un pays de tolérance« . Il suffit de circuler un peu en Géorgie pour se rendre compte du nombre d’églises et de monastères orthodoxes qui couvrent le pays. C’est un riche aspect du patrimoine architectural géorgien, qui en compte bien d’autres. L’histoire de la Géorgie remonte à la nuit des temps, ruines romaines, forteresses médiévales, maisons et bains ottomans… On y trouve les plus vieilles vignes cultivées au monde.
Et ici le vin est une institution au moins aussi importante que chez nous, avec des cépages et des terroirs variés, et une tradition de production ancestrale.
Le climat dans les zones de plaine est relativement doux, la latitude est celle de Nice, et la terre est riche permettant une belle agriculture de fruits et de légumes donnant ainsi une cuisine traditionnelle pleine de délicieuses surprises.
La gastronomie est considérée ici aussi comme un art de vivre à base de bons produits locaux tout frais avec des recettes que l’on se transmet de génération en génération.
Pour Salomé Zourabichvili, la Géorgie doit développer son tourisme européen en conservant ses deux points les plus connus, les plages de la Mer Noire et les régions viticoles, mais en présentant tous ses autres atouts.
La mise en valeur de son potentiel est en cours avec le développement des activités comme le trekking, le ski, l’escalade et les sports de montagne, la randonnée, la pêche (il y a de superbes rivières à truites) et la création de circuits pour découvrir le patrimoine historique.
Et puis il y a la nature omniprésente avec de superbes paysages qui en surprendront plus d’un.
La région montagneuse de Svaneti avec ses villages aux tours fortifiées ne s’oublie pas facilement. La région est classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Mais chaque région du pays a son propre charme.
L’ouverture vers la France
La bonne nouvelle pour les touristes français, c’est l’ouverture en mars de la ligne directe Paris-Tbilisi par Air France avec 2 vols hebdomadaires qui s’ajoutent aux deux autres vols de Georgian Airways. Pour Salomé Salomé Zourabichvili c’est un grand pas dans la bonne direction.
A la question de savoir ce qu’elle souhaitait de la part du tourisme français, la réponse est immédiate « J’attends beaucoup de la France, et c’est ce que j’ai dit ce matin même au Président Macron » ajoutant qu’il lui avait répondu de manière très positive.
Un projet de visite officielle du Président français en Géorgie est même à l’étude, voyage où il pourrait être accompagné par une importante délégation d’hommes d’affaires pour accroître les liens économiques. Ce qui par le simple effet des retombées média serait une belle vitrine pour le tourisme Géorgien.
La Géorgie est une terre accueillante, européenne dans l’âme, avec un très riche potentiel qui ne demande qu’à être découvert. Les grandes chaines hôtelières ne s’y sont pas trompées et des établissements 5* s’y sont implantés, donnant un bel élan pour remplacer les plus vieux hôtels de l’époque soviétique.
Au cours de notre échange, Salomé Zourabichvili a ajouté qu’un autre de ses souhaits serait une remise à niveau aux normes européennes du réseau des établissements thermaux qui ont connu leur plein essor pendant la période soviétique. Cela pourrait représenter une belle opportunité pour un groupe thermal français.
Frédéric de Poligny