Tourisme et politique : l’ Arabie saoudite a t-elle franchi la limite ?


Reporters Sans Frontières a tout récemment déposé une plainte pour demander l’annulation de l’autorisation d’affichage d’une publicité pour le tourisme en Arabie Saoudite. La question mérite donc d’être posée non seulement pour ce pays mais également pour tant d’autres dictatures. Nous avons notre avis !

Reporters Sans Frontières ne supporte pas l’affiche de l’Arabie Saoudite

RSF s’est indignée : « Un an après l’assassinat de Jamal Khashoggi, cette publicité est une provocation et une atteinte à la dignité humaine ». L’affiche (342 m2), qui recouvre depuis le début du mois d’octobre un immeuble de la rue d’Halévy. Celle-ci vante les charmes touristiques de l’Arabie saoudite. L’affiche montre une île paradisiaque accompagnée des inscriptions suivantes : « Dans quel coin du monde ?» et « Soyez le premier à visiter ».

L’Arabie Saoudite a assassiné un journaliste

On peut comprendre l’association RSF. Cette affiche apparaît un an après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué et démembré, le 2 Octobre 2018, dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

RSF estime que cette publicité affiche le cynisme de l’Arabie saoudite, le peu de cas qu’elle fait des réactions internationales et son mépris des libertés fondamentales. RSF a donc déposé plainte afin que l’affiche soit retirée.

L’Arabie saoudite reste l’un des régimes les plus autoritaires du monde

Le gouvernement saoudien arrête également régulièrement des personnes sans contrôle judiciaire, selon Human Rights Watch. Les citoyens peuvent être exécutés pour des crimes liés à la drogue, souvent en public. Quarante-huit personnes auraient été décapitées au cours des quatre premiers mois de 2018 seulement.

Au-delà des aspects intérieurs, le conflit au Yémen, dont l’Arabie Saoudite a largement participé, a fait des dizaines de milliers de morts, des civils pour la plupart, et plongé ce pays dans la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.

Les américains ne veulent pas perdre cet allié

Mais Donald Trump a hésité à affronter l’Arabie Saoudite à la suite du meurtre de Khashoggi. Pendant des semaines, avec d’autres responsables de la Maison Blanche, il a rappelé que l’Arabie Saoudite achetait aux États-Unis des milliards de dollars en armes et constituait un partenaire essentiel dans la campagne de pression américaine sur l’Iran.

La liste des dictatures est assez longue !

En 2018, cinquante nations ont actuellement un régime dictatorial ou autoritaire. L’Europe abrite une dictature (la Biélorussie), alors que trois d’entre elles se trouvent en Amérique latine et en Amérique du Sud. Il y a huit dictatures en Asie, sept dans la région eurasienne du
monde et douze couvrant les régions septentrionales de l’Afrique jusqu’au Moyen-Orient.

Ces pays dictatoriaux avec lesquelles nous avons des « contacts touristiques »

Nous éviterons d’évoquer certains pays, largement déstabilisés et où le tourisme est aujourd’hui absent, comme la Syrie, la Lybie, l’Irak, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, l’Angola, le Congo, la Guinée, l’Erythrée, l’Ouganda, … On retrouve ces listes dans plusieurs études dont celle de www.freedomhouse.org et d’autres ONG.
– Afghanistan
– Azerbaïdjan
– Bahreïn
– Biélorussie

– Brunei
– Burundi
– Cambodge
– Tchad
– Cuba
– Ethiopie
– Iran
– Kazakhstan
– Laos
– Nicaragua
– Oman
– Qatar
– Rwanda
– Arabie Saoudite
– Somalie
– Tadjikistan
– Thaïlande (Selon les propos d’un sénateur nommé par la junte, il s’agit d’une « dictature démocratique »).
– Turquie 
– Turkménistan
– Emirats Arabes Unis
– Ouzbékistan
– Venezuela
– Vietnam
– On pourrait ajouter la Russie qui est une oligarchie. La Chine a en son sein le Parti Communiste Chinois et l’État qui agissent au nom du peuple, mais possèdent et peuvent utiliser des pouvoirs contre les forces réactionnaires.

Peut-on éviter de travailler avec certains pays ?

Même Voyageurs du Monde qui se veut éthique travaille comme d’autres TO dans un grand nombre de pays où la démocratie est absente. On trouve même dans la liste de VDM… le Venezuela…

La réponse est claire, il est impensable de ne pas travailler avec ces pays. Imaginerions-nous ne pas travailler avec la Thaïlande ? avec le Vietnam ? avec la Russie ? avec le Cambodge ? avec la Turquie ?

Hormis les pays signalés dangereux par les ministères des affaires étrangères, le tourisme va quasiment partout.
Donc pourquoi s’en prendre à l’Arabie Saoudite et pas aux autres ?

Serge Fabre





    1 commentaire pour “Tourisme et politique : l’ Arabie saoudite a t-elle franchi la limite ?

    1. C’est pourtant grâce au Tourisme où au sport qu’on fera évoluer les mentalités je pense. Alors boycotter telle ou telle chose sous couvert de soulager sa conscience …!
      Les USA utilisent la peine de mort parfois même pour juger des innocents. La Turquie accueille bien les vols de la Saudian alors que c’est bien à Istanbul que Khashoggi à été tué. Ne parlons pas de la Russie…!
      Donc pourquoi boycotter ?!?!?!
      L’Arabie délivre désormais des visas électroniques, va accueillir le Dakar… C’est plutôt un pas, de fourmi certes, mais un pas vers un peu plus d’ouverture au monde….

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