Tourisme & aérien : Est-ce la fin du Transport de masse ?
21 avril 2020 Jean-Louis Baroux 7 commentaires À la une Boston Consulting Group, EY, France, IATA 24320 vues
Le transport aérien était sûr de lui-même avec sa croissance moyenne de 5 % par an, il doublait en volume tous les 12 ans pendant que le nombre d’accidents était en diminution constante sous l’effet des politiques très volontaristes de l’OACI. Pendant le même temps il s’est ouvert à toutes les couches sociales en diminuant ses tarifs de manière constante. Bref il allait allègrement vers les 8 milliards de passagers transportés et vers les 1 600 milliards de dollars de chiffre d’affaires, le tout avec un résultat net en très forte progression au cours des 10 dernières années.
Mais ce temps est révolu. Le Codiv-19 est passé par là. 80 % des appareils ont été mis au sol car la clientèle a été priée de rester chez elle. Autant dire qu’il faudra repartir de zéro et tout reconstruire. Reste à savoir si ce renouveau, certes inéluctable, se fera sur les bases anciennes ou sur des concepts innovants.
En clair la grande question consiste à savoir si la guerre tarifaire et la course aux prix bas va continuer ou est-ce que l’on va revenir à un transport aérien élitiste, comme celui que l’on a connu avant la dérégulation, c’est-à-dire avant les années 1980.
En première analyse, on peut imaginer que, pour récupérer leur clientèle et ramasser un maximum de cash, les transporteurs vont assaillir le marché de promotions plus alléchantes les unes que les autres. La crainte majeure des compagnies mais également de tous les autres acteurs du transport aérien : aéroports, constructeurs, motoristes, agents de handling et même les agents de voyages, est de constater une désaffection du public envers ce mode de transport.
Beaucoup d’analystes prédisent même un fort ralentissement des voyages d’affaires remplacés par des Visio conférences le tout sur la forte incitation des entreprises soucieuses de couper drastiquement dans leurs coûts.
D’autres pointent également la peur de la contamination dans des espaces confinés comme les aéroports ou les cabines des avions. Donc le premier levier que les transporteurs auront tendance a manier c’est le prix. Il ne serait donc pas surprenant de voir fleurir des tarifs très compétitifs dès la
remise en service des appareils.
Seulement ce n’est pas si simple. D’abord nombre de transporteurs ne remettront pas en service la totalité de leur flotte. Ils laisseront au sol les appareils les plus anciens, lesquels sont les plus coûteux à opérer.
Il faut également prendre en compte la position des Etats. Ces derniers vont soutenir massivement leurs principales compagnies aériennes, mais ils vont alors exiger des contreparties.
Celles-ci seront sans doute de deux ordres. D’abord assurer la sécurité sanitaire des passagers et pour cela, les compagnies seront peut-être tenues de neutraliser un certain nombre de sièges dans leurs appareils, ainsi finie la très haute densité.
Et puis les Etats seront alors soumis à la pression des écologistes qui ne vont surtout pas manquer l’occasion de freiner l’expansion du transport aérien. Il n’est d’ailleurs pas impossible que pour limiter le nombre de mouvements, l’allocation des slots sur les grandes plateformes soit revue sérieusement à la baisse.
Alors pour s’en sortir, les compagnies n’auront pas d’autre choix que d’arrêter la spirale infernale à la baisse des tarifs et de revenir à un « yield management » beaucoup plus simplifié. Les tarifs d’appel qui ne couvrent pas les prix de revient devront être supprimés.
Chaque pays dispose d’une législation sur la vente à perte et celle-ci doit être facile à prouver à partir du moment où une étude sérieuse des prix de revient est mise à la disposition des acteurs.
IATA pourrait le faire, l’organisme dispose des données et des capacités d’analyse, mais il est peu probable qu’il se lance dans cette direction par peur des réactions de certains gros transporteurs. Mais le sujet peut largement être traité par l’un des grands cabinets internationaux : Le Boston Consulting Group, EY, ou Roland Berger par exemple. A partir du moment où les banques de données seront mises sur le marché, nul doute que les Tribunaux seront ravis de sanctionner les délinquants.
Et puis il y a une autre voie, plus incitative celle-là. Elle consiste à s’appuyer sur le réseau des agents de voyages en retrouvant le bon sens, c’est-à-dire le commissionnement significatif des tarifs les plus rémunérateurs pour les compagnies. Tout le monde y gagnera et naturellement les tarifs remonteront.
Le transport aérien futur en a fini pour un bon bout de temps avec le transport de masse. Il devra revenir aux fondamentaux : une rentabilité raisonnable et un niveau de produit sans cesse amélioré.
Et personne ne s’en portera plus mal.
Jean-Louis Baroux
Sur le même sujet
Comment la TUI Care Foundation fait du bien au Tourisme de Zanzibar
Zanzibar, un archipel tanzanien dont l’île principale, Unguja abrite la capitale Zanzibar city et...
Pourquoi le Tourisme de Pékin interdit désormais les photographes professionnels
Afin de tenter de limiter les « comportements perturbateurs » et les désagréments causés...
Pourquoi Hilton mise autant sur le tourisme en Egypte
Le groupe Hilton hotels est en passe de tripler sa présence en Égypte avec...
7 commentaires pour “Tourisme & aérien : Est-ce la fin du Transport de masse ?”
Qui vivra verra, mais personnellement, je souhaite la fin du transport aérien et un retour à l’éloge de la lenteur.
Les occidentaux sont névrosés et avachis par l’inutile smartphone
Fraternellement
« Des journées sombres pour le transport aérien pour 10 ans au moins »
–> je pense que vous vous trompez lourdement sur la durée. Certes il va y avoir une période de latence, un redémarrage lent et progressif, mais dans moins de 2 ans, la machine sera relancée comme avant, et quand je dis 2 ans, c’est dans le cas le plus défavorable, vous verrez 😉
Bonjour moi j’ai double nationalité française et algérien et comme ma femme et mer enfants ils habite on Algérie et chez en France coman je ver faire
Bjr, et comment ça va se passer pour la continuité territoriale pour les départements d outre mer ??
En tout cas ce n’est pas tout à fait la fin du tourisme de masse chez Air France qui a fait encore partir un avion Paris Marseille samedi matin : vol complet donc pas de respect de la distanciation entre 2 passagers et pas de distribution de masques !!!
Quelle clientèle va t – on trouvé à bord dans un futur proche ? D’abod en classe affaires, avec la vidéo conférence , pas besoin de prendre l’avion au bout du monde; les people, célébrités et les richissimes voyageront encore en classe affaire
En classe économique, l’aménagement des sièges se fera avec un ou deux sièges vides dans chaqye rangée selon le type d’appareil , mais la peur sera au rendez-vous : baisse de la clientère ethnique et de loisirs, avec baisse du pouvoir d’achat. Des journées sombres pour le transport aérien pour une durée de dix ans au moins ; plus faile de voyager en TGV ou en autocar, car on pourra limiter un siège sur deux avec une rentabilité .
Renaissance des transports en paquebot avec sa propre cabine
pour des PARIS-NEW YORK ou PARIS- RIO en low-cost ?
Michel DEPARIS
bonjour
c’est pas la fin du tourisme de masse, c’est la fin des politiques de ciel-ouvert, ce qui n’est pas la même chose
Les Etats souverains vont reguler, à nouveau, leurs autoroutes aeriennes. Ce qui est une très bonne nouvelle, car il y a surcapacité à peu près partout. Et sachant qu’il y a surcapacité,le yield managment ne ressemblait plus à rien. Ainsi l’offre et la demande seront équilibrés, et les tarifs ne descendront plus à des niveaux abyssaux.