Sous les mûriers d’une ferme apicole de la banlieue de Taipei, des touristes regardent attentivement l’instructeur Tsai Ming-hsien faire flotter de la fumée au-dessus d’une ruche, expliquant aux apiculteurs en herbe comment garder les insectes heureux en milieu urbain.
Son public comprenait des touristes locaux et étrangers, des entrepreneurs, des retraités et même un enfant de six ans, alors que Tsai démontrait comment les abeilles pouvaient rester calmes avec un fumeur.
Observer les abeilles, récolter, goûter leur miel… et même dormir avec elles, le monde des abeilles, des apiculteurs et l’amour du miel fait fureur actuellement auprès de nombreux visiteurs.
Des spécialistes de l’apiculture certifiés, des fermes touristiques mais aussi de nombreux sites uniques du patrimoine ethnologique comptent désormais sur ce marché pour se développer et diversifier leur sources de revenus.
A Taiwan, on pratique l’apithérapie depuis très longtemps. Les médecins la prescrivent pour leurs patients et pour eux-mêmes.
A Taiwan, la plupart des abeilles butineuses sont des abeilles jaunes italiennes (Apis mellifera ligustica), une sous-espèce occidentale, alors qu’une petite portion restante est constituée d’abeilles asiatiques (Apis cerana). L’abeille italienne, très résistante à la faim et au froid, est peu agressive et très prolifique.
SOS ouvrières en détresse
Les populations d’abeilles du monde entier sont confrontées à un désastre dû à la surutilisation de pesticides, aux acariens prédateurs et aux températures extrêmes dues au changement climatique.
C’est la forte densité de population humaine et le grignotage des terres agricoles qu’elle entraîne qui expliquent principalement la raréfaction des sources de nectar à Taiwan.
Cela signifie également une catastrophe pour l’homme, puisque les trois quarts des principales cultures mondiales dépendent des abeilles, qui jouent le rôle de pollinisateurs clés.
Les fluctuations de température et météorologiques à Taiwan ont eu un impact sur la production de miel ces dernières années.
De 2020 à 2021, il a bondi de près de 60 pour cent pour atteindre 13 260 tonnes, avant de redescendre à 9 332 tonnes l’année suivante.
Ces dernières années, à Taiwan, l’Etat a mis l’accent sur le développement d’une « agriculture d’excellence », notamment via des productions horticoles et fruitières de haute qualité, ce qui renforce encore l’importance des abeilles.
Alors que la vente de miel rapporte au secteur quelques 3 milliards de dollars taiwanais par an, la location des ruches en vue de la pollinisation dégage un chiffre d’affaires de 28 milliards de dollars.