Bien qu’adhérent historique du réseau Selectour, j’ai appris, d’abord par rumeurs puis par voie de presse, que le prochain congrès 2017 du réseau Selectour allait accueillir Nicolas Sarkozy ! J’ai d’abord cru à une blague mais l’information a bien été revalidée par le Président Abitbol à la mi-septembre.
Cette intervention pose, à mon sens, plusieurs interrogations que je suggère de développer ci-dessous :
Une organisation professionnelle ou une structure telle qu’une coopérative peut-elle accueillir un représentant de parti politique ?
[1]Si je me réfère à ma désormais longue expérience, cela ne s’est jamais vu ! Soyons précis, les nombreux femmes et hommes politiques qui ont été accueillis dans des manifestations professionnelles l’étaient au titre de leur mandat : ministre, secrétaire d’état, Président de Conseil Régional, Départemental ou autre CRT. Mais jamais en tant que représentant politique.
Ceci pose donc un réel souci quant à la neutralité de toute organisation professionnelle qui, par définition, peut regrouper en son sein des entrepreneurs aux convictions politiques diverses. On pourrait néanmoins envisager d’inviter, sur un sujet précis lié à notre profession, l’ensemble des représentants des partis politiques majeurs que compte la France. Mais n’inviter que l’un d’entre eux pose un réel problème de position partisane.
Pourrait on donc envisager, dans cette même logique, de voir à la tribune du congrès du réseau 2018 un représentant du Front National ou de la France Insoumise ?
[2]Qui a décidé de la venue de Nicolas Sarkozy ?
Dans une organisation coopérative telle que Selectour et au vu d’un tel intervenant, il semble évident que c’est le Conseil d’Administration, organe représentant l’ensemble des adhérents, qui a du valider le principe.
Il n’en est rien. J’ai demandé par écrit au Président Abitbol la date du vote du CA validant cette participation.
Je n’ai pas eu de retour car il semble acquis qu’il ait pris seul cette décision ce qui constitue, à mon sens, une seconde entorse à la démocratie coopérative.
Il y a encore ici une différence de tailler entre le choix, par le Président du réseau, du contenu du Congrès et des intervenants : économistes, journalistes, écrivains et………….un ancien Président de la République !
[3]De quoi va parler Nicolas Sarkozy ?
On semble, à ce stade, davantage s’intéresser à sa présence que par le contenu de son intervention.
Il a été précisé qu’il ne parlerait pas de sa vision politique : c’était probablement le seul point sur lequel il aurait pu tenir en haleine l’auditoire !
Car l’ancien Président de la République n’a jamais eu la réputation d’ œuvrer pour le développement du tourisme, sous toutes ses formes, durant son mandat et on voit mal comment il pourrait aujourd’hui être convaincant sur une vision d’avenir.
A moins qu’il souhaite intervenir sur AccorHotels et il faudra, dans ce cas, qu’il soit captivant pour tenir deux heures (ce qui est annoncé) sur le sujet !
On a déjà beaucoup lu sur le sujet : 100 000€ , 200 000€, qu’importe …. Il est évident que cette intervention n’est pas gratuite.
[4]Laurent Abitbol est resté très discret sur le sujet. Il a fait allusion à un « généreux mécène » et affirmé que cela ne coûterait rien au réseau.
Peut-il aujourd’hui affirmer que ce « généreux mécène » n’a aucun lien d’affaires avec le réseau Selectour et que ce qui est budgété pour cette intervention ne viendra pas en déduction d’une quelconque ressource pour le réseau ?
Qu’en disent les adhérents ?
Pour en croiser chaque semaine de nombreux, ils sont majoritairement « vent debout » !
Beaucoup ont d’abord cru à une blague puis ont mal digéré la décision et ce pour plusieurs raisons : la non concertation sur un tel choix, la mise à l’écart du Conseil d’administration, l’approche partisane, les risques de répercussions sur leurs clientèles , le coût (personne ne croit au « généreux
mécène »), l’affichage dans les médias, ….
Certains ont même déjà précisé que, dans ces conditions, ils n’assisteraient pas au Congrès. Ce qui aboutirait à l’effet inverse de ce que souhaitait le Président Abitbol. C’est ballot, non ?
Jean Luc Dufrenne