Néo jardiniers urbains de balcon ou voyageurs en son jardin retrouvé, nombre de Français se sont découverts la main verte lors des confinements obligés. Souvent en tâtonnant avec plus ou moins de succès. La réponse à toutes les questions en suspens les attend dans deux publications très originales : la bd « Permacomix » et la revue « Veìr ».
« Permacomix » choisit la bande dessinée pour une immersion mode d’emploi dans la permaculture à travers l’histoire vraie du parcours initiatique d’un couple en pleine interrogation sur le sens de sa vie.
Leurs dilemmes font souvent sourire et nous placent face à notre propre questionnement. L’essentiel est un véritable exploit de rendre, enfin, compréhensible au plus grand nombre le concept de permaculture, la culture de la permanence.
Il ne s’agit donc pas seulement de l’art de bien faire cohabiter au jardin carottes et poireaux qui chasseront chacun les ennemis de l’autre, mais toute une remise en cause de notre fonctionnement quotidien à travers, par exemple, les circuits courts, les monnaies locales, la coopération, la maîtrise de l’énergie, le cercle vertueux des déchets…
La forme BD se révèle un support fantastique pour expliquer, voire convaincre, mieux qu’une dizaine de gros volumes de spécialistes. Avec à la fin, un résumé en tableaux des multiples gestes accessibles à court ou moyen terme… que chacun pourra adopter à son rythme ou sa motivation sachant qu’un seul geste est déjà une belle pierre apportée à un monde plus joli.
Qui se dépêchera de récompenser par des fruits et légumes sains cadeaux d’un jardin ayant retrouvé son équilibre. La sortie au jardin est devenue alors un voyage.
*« Permacomix » de Guizou et Céline Barnéoud, éditions Rue de l’Echiquier, 160 pages, 19€90.
« Veìr » (prononcer vert) est une revue trimestrielle imaginée par deux copines, Julie Laussat et Laetitia Roux, l’une à Pau, l’autre sur l’ile de Ré, et rendue possible grâce à un financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank.
Qu’il s’agisse de faire pousser quelques fleurs, d’embellir son balcon ou même de se réapproprier son alimentation en cultivant ses propres légumes, le magazine s’adresse d’abord aux néo jardiniers pour apporter des réponses à des questions pratiques : comment faire ? Où puiser de belles sources d’inspiration, des conseils concrets, des astuces pour se lancer quand on n’y connait (vraiment) rien ?
Bref du jardinage urbain et écologique quand la presse spécialisée s’adresse plutôt à un public initié, qui possède un grand jardin, beaucoup de plantations….
Le 10 décembre dernier, le 4ème numéro Hiver 2020 est parue avec au sommaire, entre autres, un dossier spécial “Potager en projet” pour anticiper les plantations du printemps, planifier les semis, organiser son plan du potager, préparer les outils, graines ou plants dont on aura besoin et découvrir les méthodes et cultures les plus simples pour débuter ; une enquête sur la culture des sapins ; des conseils pour faire pousser des salades en hiver, ou encore une balade photographique en Forêt noire… un voyage donc renforcé par un parti pris esthétique à mi-chemin entre le magazine et le livre, un bel objet que l’on a plaisir à lire, mais aussi à conserver, à montrer, à relire, à offrir.
*« Veìr ». 120 pages, 17€/numéro, 60€/abonnement. Vente en ligne sur www.veirmagazine.com mais aussi dans plusieurs points de vente (voir sur le site).
Yves Pouchard