Pourquoi le tourisme en Algérie reste toujours à découvrir


Il y a deux ans, beaucoup de tour opérateurs avaient le sourire aux lèvres : une nouvelle destination à faire découvrir est promesse de business. L’Algérie, puisqu’il s’agit d’elle, avait longtemps été inaccessible malgré des charmes certains. De premiers circuits touristiques sont partis, avec succès, puis tout ou presque s’est arrêté. Le Hirak mettait le pays en effervescence.

Hirak en arabe, c’est le mouvement. Un mouvement de fonds qui est parti d’Alger avant de s’étendre partout contre la perspective d’un 5ème mandat d’Abdelaziz Bouteflika, le vieux président lourdement handicapé par des avc que beaucoup considérait comme une marionnette aux mains d’un clan, au premier rang son frère Saïd, pour garder le pouvoir à tout prix.

Témoin en première ligne, le journaliste Lotfi Sid, qui a travaillé au grand quotidien El Watan avant de rejoindre la rédaction de la chaîne 3 de la radio algérienne, vient de publier « Le vent de la colère », un récit clinique de ce hirak à nul autre pareil dès ses prémices en février 2019 jusqu’à l’arrivée de la covid qui, là comme ailleurs, a obligé tout le monde à s’enfermer.

Les protagonistes, les coups de théâtre, les trahisons, les espérances, rien ne manque dans ce reportage au long terme, même pas le verbatim des discours, preuves des tergiversations ou tentatives du pouvoir de se dédouaner en faisant référence en permanence à Allah, aux héros de la guerre d’indépendance et à l’ex colon français qui serait responsable des malheurs des jeunes algériens d’aujourd’hui.

Ce hirak que nous conte l’auteur est vraiment particulier : non violent, il se tient chaque vendredi, plus le mardi pour les étudiants, avec drapeau national en tête, et en fin de cortège, des nettoyeurs qui ramassent tout morceau de papier ou déchet pour preuve de l’amour du pays.

A cela, il sera répondu par de multiples arrestations et incarcérations mais Bouteflika renoncera à se représenter et l’élection présidentielle sera repoussée deux fois sur la pression continue de la rue.

En décembre 2019, un nouveau président est finalement élu dans une immense abstention et les manifs continuent donc jusqu’à l’expansion de
la pandémie et le couvre-feu que la population n’accepte qu’à cette condition de respecter.

Le livre de Lotfi Sid s’arrête là en s’interrogeant sur la vraie fin du hirak ou une simple mise en sommeil.

L’actualité apporte la réponse : le mouvement des vendredi est reparti en Algérie malgré la persistance de la covid et l’Algérie se cherche toujours son avenir, avec ou sans touristes.

Yves Pouchard

« Le vent de la révolte » de Lotfi Sid, éditions du Panthéon.
165 pages. 15€90.





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