L’aéroport de Barcelone a fait les titres de la presse internationale à la mi-Octobre. Il avait été envahi par de nombreux manifestants indépendantistes. D’autres manifestations ont été organisées dans Barcelone les jours suivants. Certains professionnels s’inquiètent sur une désertion possible des touristes…
Un référendum sur l’indépendance interdit et condamné
Il faut remonter à octobre 2017, lorsqu’un référendum illégal sur l’indépendance de la Catalogne a été confronté à une forte répression policière.
Madrid avait, alors, imposé un contrôle direct sur la région peu de temps après. Ce fut la plus grande crise politique du pays depuis la restauration de la démocratie en 1975, après la mort du dictateur Franco.
Une condamnation des dirigeants séparatistes
Dans une atmosphère fébrile, la majorité séparatiste du parlement catalan avait proclamé son indépendance le 27 octobre 2017. À l’aide des pouvoirs d’urgence prévus à l’article 155, Madrid a dissous le Parlement, limogé ses dirigeants.
En mai 2018, le Parlement de Catalogne élisait Quim Torra à la présidence, après que Madrid eut bloqué plusieurs autres candidats.
Carles Puigdemont, alors président catalan, a fui à l’étranger avec plusieurs autres dirigeants. Beaucoup de ceux qui sont restés, ont été arrêtés et accusés de trahison.
La Cour suprême espagnole a finalement condamné l’ancien vice-président, Oriol Junqueras, à 13 ans de prison pour sédition et utilisation abusive de fonds publics. Les huit autres reçoivent des peines allant de 12 à 9 ans.
Une crise peu compréhensible en Europe
De nouveaux États naissent généralement lorsque des groupes ethniques ont été victimes d’un génocide ou d’autres violations majeures des droits de l’homme. Nous ne sommes pas dans ce cas, en Catalogne, qui est la région la plus riche d’Espagne. D’ailleurs l’Union Européenne a traité la crise comme une affaire interne à l’Espagne, sourde aux demandes de soutien des séparatistes.
Il y a eu quelques annulations à Barcelone
Bien que les annulations et le ralentissement des réservations soient un fait admis par l’Association des hôtels de Barcelone, certaines entreprises assurent que, malgré les manifestations, 2019 sera une bonne année. Ils décrivent ce qui s’est passé la semaine dernière comme un revers mineur. La Catalogne aurait en cinq mois, 185 000 voyageurs, selon les données de l’Alliance pour l’Excellence en Tourisme (EXCELTUR).
2019 restera une très bonne année touristique
En général, les réservations ont augmenté, d’environ 20 % de plus que l’an dernier, et continuent de croître malgré les manifestations.
Selon les données récentes, les réservations ont ralenti pendant quelques jours, mais cela était quelque peu attendu.
L’hôtellerie de Barcelone représente 15 % du PIB de la ville !
Les professionnels font preuve de prudence afin d’éviter de déclencher l’alarme dans une industrie représentant 15 % du PIB de la ville. Les hôtels à Barcelone réalisent un chiffre d’affaires annuel de 1,6 milliard d’euros et représentent 100 000 emplois, dont 40 000 directs. Il est vrai que les prévisions d’occupation ont chuté pendant quelques jours.
En fait, les demandes pour 2020 ont augmenté et, au cours des trois jours qui ont suivi la condamnation des dirigeants de l’indépendance catalane, elles ont augmenté de 3 % au cours de la dernière année. Cela montre que les touristes croient encore à Barcelone en tant que destination et voient la situation comme quelque chose de temporaire.
Un impact tout de même sur le MICE
Il ne faut pas nier que les manifestations souvent très violentes ont effrayé les organisateurs de MICE (meetings, incentives, conférences et expositions).
Les problèmes risquent surtout d’avoir un impact dans quelques mois car les grandes conférences et salons se réservent longtemps à l’avance. En ce qui concerne le commerce et la restauration, les perspectives sont beaucoup moins prometteuses.
La semaine de manifestations a entraîné des pertes allant de 30 % à 40 % des revenus quotidiens des entreprises, chiffre qui peut atteindre 50 % en ajoutant les coûts de réparation et de restauration, selon les données de Barcelone Oberta.
Certains vont peut-être se réjouir car on cite souvent Barcelone comme une ville ayant un trop plein de tourisme. Verrons-nous moins de visiteurs en 2020 ? On y croit peu et d’ailleurs, dans la péninsule ibérique, c’est Lisbonne qui ressent les effets pervers du tourisme de masse, notamment dans le quartier de l’Alfama.
Serge Fabre