[1]La France revient en 2e position du peloton des destinations touristiques mondiales, juste derrière notre cousine latine l’Espagne. Elle fait donc un bond de cinq places dans le classement du Forum économique mondial sur la compétitivité de son tourisme. Au passage, elle fait mieux qu’en 2011 où elle se classait seulement 3e.
C’est évidemment une bonne nouvelle, pour l’emploi et la future TVA que Bercy pourra en retirer.
Mais bon sang de bois, par quel mystère a-t-on pu réaliser une telle performance ?
Est-ce l’investissement 2014 dans les infrastructures d’accueil ? Ou bien une conversion radicale des garçons de café parisien ? À moins qu’une chute des prix soit intervenue en France sans que je le sache ; mon portefeuille m’aurai-il trahi ?
Ce n’est pas non plus la baisse du carburant à la pompe ; elle est dérisoire ; sur l’A6, par exemple le litre de sans plomb tourne autour de 1,56€ au lieu de 1,63…
Ce n’est certainement pas la sécurité qui s’est améliorée à ce point. On le saurait sûrement, au moins par la grande presse, et de plus, nous ne serions pas 133e sur 141 selon le même classement.
Pour vous dire, j’ai même regardé la météo en France depuis le début de l’année ; rien de bien folichon… Pas de quoi affoler l’enthousiasme des économistes du Forum genevois.
Je sais bien qu’il y a eu les fameuses Assises Nationales du tourisme et, comme vous, j’en mesure tous les jours les fruits innombrables…
Mais restons modestes, ça n’est quand même pas ce brillant événement qui a valu à la France cinq places de plus, au point de titiller l’Espagne avec une moyenne totale de 5,24, soit 0,08 point derrière elle
On ne va parler non plus de victoire par défaut en s’appuyant sur un éventuel recul des autres destinations. Question d’honneur…
Reste donc la baisse de l’euro… On parle de 30 % ; de 1,05 US$ contre 1,45, il y a 6 ou 7 mois…
Si c’est ça, alors là, méfiance : parce que, dans les banques, on parle déjà d’une remontée de l’euro, et pas seulement face au dollar US. Il va falloir que les touristes du monde entier se dépêchent d’arriver en France s’ils veulent faire du shopping moins cher.
Et puis il y a aussi notre patrimoine culturel… là évidemment… on est plutôt bon, 2e, encore derrière l’Espagne ; malgré les guerres et les révolutions, nous avons toujours de beaux restes.
Mais pour les exploiter commercialement, encore faut-il savoir les mettre en valeur en les faisant visiter ?
Et pour ça, il faut des guides, de vrais guides, du genre qui connaissent par cœur l’histoire des papes en Avignon.
Mme Najat Vallaud-Belkacem y a-t-elle pensé quand elle a touillé sa grande réforme de l’enseignement ?
C’est bien joli de rendre facultative l’histoire de la France médiévale ou de faire disparaître le latin et le grec ancien ; mais qui va guider nos millions de touristes affamés de gothique et de roman, au Mont Saint Michel ou à la Sainte Chapelle…
Pour ce boulot, la valeur ajoutée, c’est plutôt bac + 4, voire 5, que The Voice saison 4.
D’autant plus qu’en ce moment, dans le tourisme, c’est surtout le service personnalisé et le contenu haut de gamme qui rapporte…
Décidément la communication fonctionne mal au sein de ce gouvernement. Ou la ministre de l’enseignement a mal compris les grandes priorités nationales de M. Fabius, pour le tourisme en particulier, ou celui-ci a omis de lui en toucher deux mots.
Betrand Figuier