Le 3 mai dernier, l’honorable professeur, Guido Menzio, voyageait sur un vol de nuit de la compagnie Air Wisconsin, qui opère en partenariat avec American Airlines la liaison Philadelphie à Syracuse. Professeur d’économie à la vénérable université de Pennsylvanie, il travaillait depuis le départ du vol cherchant à résoudre une équation différentielle qu’il pensait utiliser pour les besoins d’une conférence qu’il devait donner à l’université de Queens à Kingston dans l’Ontario (Canada.)
Occupé donc, mais pas assez pour se rendre compte que sa voisine de siège venait de transmettre subrepticement un message à un des membres du personnel naviguant commercial. Après tout, à chacun ses préoccupations.
Un porte-parole de la compagnie American Airlines vient d’ailleurs de confirmer la teneur du message. La passagère précisait : « Qu’elle était trop malade pour voyager pour voyager sur le vol Air Wisconsin. »
Un non-dit, car en fait elle exprimait sa suspicion à l’égard de son voisin.
Ce petit mot fut suffisant pour que le commandant de bord prenne la décision de revenir le vol à Philadelphie.
Il confirma que le passager incriminé était « crépu et avait les cheveux noirs. » Ce qui est assez normal car le Professeur Guido Menzio est italo-américain. Donc, un délit de faciès caractérisé.
Dès son arrivée à Philadelphie, il fut rapidement interrogé par les autorités de sécurité. Un quiproquo s’installa, à moins car le professeur ait un fort sens de l’humour. Il précisa. « Je pensais qu’ils me questionnaient en qualité de témoin pour tenter de comprendre les raisons de la maladie de ma voisine. »
[1]Mais on lui précisa qu’en fait elle pensait que son voisin de siège était un terroriste, car il écrivait des signes cabalistiques sur un bloc de papier. Sans doute une littéraire réfractaire aux maths.
Le professeur Menzio pu se disculper assez facilement expliqua la réalité de ses messages codé faisait. Et le vol pu repartir à nouveau. Il déclara qu’il fut traité avec le plus grand respect. Mais il s’étonna et précisa qu’une simple recherche sur internet aurait pu solutionner le problème sur sa véritable identité et éviter un tel retard.
« Faire revenir un vol à son point de départ, sur une simple présomption d’une passagère malade d’un climat délétère xénophobe. Sans que quiconque cherche à vérifier quoi que ce soit, n’est pas normal. »
Je suis tout à fait d’accord avec sa conclusion. Mais je me pose une question. Est-ce- que cela aurait pu arriver en Europe ?
Le porte-parole d’Air Wisconsin, fit une déclaration très politiquement correcte. Il confirma que : « l’équipage avait suivi le protocole pour assister un passager malade et avait fait une enquête sur les allégations de la malade. »
Par contre, il refusa de préciser le détail de ces allégations. Le type méditerranéen, les cheveux noirs et crépus sans doute ? En conclusion, il précisa que ces accusations n’étaient pas crédibles.
Dommage collatéral, la passagère fut réservée sur le vol suivant. Le professeur Menzio pouvait continuer à résoudre ses équations en toute quiétude.
François Teyssier