NDC, une norme qui a encore de l’avenir ?


Au travers de cette chronique, nous avons voulu faire le point sur la norme NDC avec Raphael Torro, le patron de SpeedMedia – Resaneo. Il est nécessaire de faire un petit historique pour comprendre d’où nous venons et où nous en sommes aujourd’hui.

Un bref rappel historique sur notre façon de réserver l’aérien

Les GDS ont tous été créés à l’initiative des compagnies aériennes, à une époque à laquelle les réservations se faisaient exclusivement à la main, en appelant un centre d’appel dans lequel des agents remplissaient des fiches cartonnées. De leur côté, les agences de voyages disposaient de gros annuaires répertoriant tous les horaires de tous les vols d’un côté, et tous les tarifs et règles tarifaires de l’autre (ABC, APT ou le Jet Guide d’Air France).

Quand l’informatique est entrée en jeu, c’est donc tout naturellement que le modèle développé a reproduit celui qui était jusqu’alors connu et utilisé. Les GDS sont donc avant tout de grosses bases de données des horaires et des tarifs. Et comme dans toute automatisation, quand la machine entre en œuvre, elle calcule plus vite que l’humain, beaucoup plus vite.

Ce sont alors des millions, des milliards de combinaisons tarifaires qui sont devenues disponibles d’un coup. A une certaine époque, les compagnies aériennes proposaient toutes les mêmes standards, les mêmes cabines, et le format d’un bagage en soute était standard et international.

Plusieurs facteurs ont modifié un modèle qui a perduré des années

Il y a l’arrivée d’Internet vers la fin des années 90 et surtout la venue des compagnies low-cost. Elles se sont affranchies des normes établies. Elles proposaient la réservation sur leur site web.

Elles ont créé un nouveau modèle avec une facturation en fonction des services réclamées par les clients : siège, repas, bagage ….

La Quotidienne : Est-ce que les compagnies traditionnelles ont réagi tardivement ?

Raphael Torro : « On ne peut pas affirmer qu’elles ont réagi tardivement. Les compagnies dites traditionnelles, enfermées dans leurs habitudes et
dans leur fonctionnement historique, ont tenté différentes approches pour réagir à la montée en puissance des compagnies low-cost. Mais les limites ont très vite été atteintes, parce qu’elles reprenaient un modèles de données ancien. Cependant, les GDS sont restés actifs en adaptant le système aux nouvelles exigences du marché. »

 LQ : la norme NDC fragilise t-elle les GDS ?

RT : « IATA a lancé le programme NDC (New Distribution Capability). Le terme informatique prend ici toute son importance, NDC n’est qu’une norme. D’ailleurs, les GDS intègrent déjà en partie et intégrerons de mieux en mieux dans les mois à venir. Mais la norme NDC est ouverte
à tout tiers, intermédiaire, fournisseur informatique ou membre non-IATA. »

LQ : La distribution semble n’avoir pas pris en compte les changements d’actionnaires des GDS ?

RT : « Jusqu’à très récemment, les compagnies aériennes n’avaient pas vraiment le choix pour être distribuées que de passer par les GDS,
avec un modèle économique assez unique au monde, à savoir une forte rémunération du GDS pour chaque réservation. Ce modèle avait du sens lors de sa mise en place, puisque cela générait de la valeur pour les actionnaires des GDS (les compagnies aériennes … elles-mêmes !).
Puis les compagnies ont fini par vendre leurs participations dans les GDS pour des montants très importants, oubliant sans doute au passage qu’elles avaient elles-mêmes créé un modèle rentable ! »

LQ: La norme NDC semble changer la politique de distribution aérienne. Est-ce exact ?

RT: « Tous les métiers sont touchés par ces évolutions. La distribution du transport aérien suit cette tendance. On trouvera toujours des personnes réfractaires aux changements technologiques. Cependant, les négociations de tarifs n’ont jamais cessé d’exister. Avec ou sans GDS, les transporteurs et distributeurs continuent de signer des contrats, d’avoir des tarifs négociés, des commissions sur les volumes de ventes... »

LQ : la norme NDC est donc positive selon vous ?

RT: « La norme NDC apporte une plus-value indéniable. Elle ne définit pas de nouveaux standards de produits pour tous, puisque chacun aspire
aujourd’hui à toujours plus de personnalisation. Elle permet à chaque acteur, distributeur comme transporteur, de s’interconnecter selon les besoins, contraintes et négociations de chacun. Resaneo a choisi d’investir fortement sur le plan technologique car son métier est de distribuer des titres de transport, et d’apporter des services et de la valeur ajoutée »

LQ : quels atouts peut apporter Resaneo aux agences ?

RT : « Les volumes de vente permettent à l’entreprise de négocier avec les compagnies aériennes. Dans le même temps, Resaneo utilise les
GDS mais également plus de 20 systèmes de réservation différents, y compris des accès directs avec certains transporteurs. Ces accès directs ne donnent pas forcément un avantage immédiat en matière de tarif, mais assurent un contenu le plus large possible. J’insiste sur le fait que Resaneo n’offre ses services qu’en B2B contrairement à d’autres… ».

On le voit bien, se connecter à une compagnie, en NDC ou non, n’est pas une fin en soi. De plus en plus d’agences utilisent les services de Resaneo car elles constatent qu’hormis les aspects technologiques, il ne s’agit pas seulement de vendre un billet d’avion et de l’émettre. Il faut bénéficier d’un réel service après-vente, de gérer des files d’appel…etc ».

Propos recueillis par Serge Fabre





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