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Les Maldives toujours en eaux troubles

Les Maldives ont une double face. Ce pays peut représenter un petit paradis propice aux amoureux. L’autre face est moins réjouissante, avec un régime politico religieux contesté qui applique la charia y compris pour les enfants. On peut ajouter une guerre d’influence entre l’Inde et la Chine. En attendant un calme précaire, les hôteliers commencent à recevoir des annulations.

Les catalogues de voyages évitent la triste réalité

On s’interrogeait, il y a 3 ou 4 ans, s’il fallait boycotter la destination, car le régime annonçait appliquer une charia impitoyable.
Depuis un certain temps, on oubliait cette situation. Elle revient au-devant de la scène après que le premier ministre actuel ait imposé l’état d’urgence après une décision de la Cour suprême qui ne lui convenait pas.

[1]Les touristes ne connaissent pas la situation du pays, loin des petites îles luxueuses et des bungalows climatisés ? Les catalogues de voyages sont là pour faire rêver et surtout ne pas évoquer la réalité de ce pays de plus de 400 000 habitants.

Il est bien difficile de mettre à jour la triste réalité

On n’évoque pas les humiliations et brimades subies par des dizaines de milliers d’immigrés employés dans les hôtels de luxe. On doit se taire sur les romans et la poésie qui doivent passer par la censure islamique. On évite de parler des lapidations publiques des femmes adultères.

On ne veut surtout pas entendre que la charia peut punir de mort des enfants dès l’âge de 7 ans. Les vacanciers qui assurent la première ressource économique des Maldives sont conduits dès leur descente d’avion dans des îlots loin de Malé, loin de la pollution …

[2]Les Maldives au centre d’une bataille d’influences

L’archipel de l’océan Indien, qui pourrait bien disparaître à mesure que le changement climatique fait monter le niveau de la mer, on ne s’en soucie guère. Peu de gens savent qu’il y a quelques années, une tentative de coup d’Etat a été étouffée lorsque l’Inde, alors le pays le plus influent, a envoyé ses parachutistes.

Mais ces dernières années, Mr Abdulla Yameen, le président actuel, a envoyé des émissaires en Chine et en Arabie Saoudite. Son opposant en exil, Mr Nasheed a lui demandé à l’Inde, dont l’influence est mise à mal dans l’Océan Indien, d’intervenir à nouveau.

L’ONU et les États-Unis ont réagi sur l’état d’urgence, et ont pris parti contre Mr Yameen. Les élections prévues pour la fin de cette année offriraient la meilleure façon de restaurer la légitimité d’un nouveau gouvernement. Mais le président actuel n’a sûrement pas l’intention d’organiser des élections démocratiques. La pression internationale aura peut-être son mot à dire …

[3]Le business du tourisme n’est pas encore en danger

Pour le moment, les professionnels locaux ne constatent pas trop d’annulations. Les trois resorts exploités par AccorHotels aurait eu une poignée d’annulations de dernière minute.

M. Denis Dupart, Directeur général du nouvel hôtel Fairmont Sirru Fen Fushi, qui ouvrira ses portes avec 120 villas de luxe en Avril, aurait enregistré déjà plusieurs annulations.

[4]Le Four Seasons Voavah a observé quelques annulations. Le président de Banyan Tree Holdings a déclaré que ses hôtels ne sont pas été affectés pour le moment. Mais l’impact se fera sentir si la Chine, l’Inde et les US maintiennent leurs conseils d’éviter de voyager vers les Maldives.

L’avis de la diplomatie française

Pour le moment, il semble que l’Inde, la Chine et les US ont conseillé à leurs ressortissants d’éviter les Maldives. L’ensemble des Maldives est placé sous vigilance renforcée.

Pour le moment, la diplomatie française conseille de ne pas se rendre dans la ville de Malé et dans les villages alentour. L’aéroport international Velana, le terminal ferry et les îles accueillant les complexes hôteliers ne sont pas concernés à ce stade par cette recommandation.

Il est recommandé de se tenir à l’écart des rassemblements et réunions publiques organisées par les partis politiques ou les groupes religieux. Il faut absolument suivre l’évolution des recommandations : www.diplomatie.gouv.fr/conseils-par-pays/maldives/# [5]

Serge Fabre