Mais ou sont passés les défenseurs du Transport aérien ?
10 septembre 2020 Jean-Louis Baroux 9 commentaires À la une BAR, DGAC, FNAM, France, IATA, Patrick Gandil, SCARA, transport aérien 6441 vues
Depuis la fermeture des frontières et l’effondrement consécutif du transport aérien, on ne voit pas où sont passés les défenseurs de cette activité. Par contre les médias sont envahis par ceux qui n’ont pour but que de le détruire ou à tout le moins de l’empêcher de prospérer. Et ces derniers, menés par des écologistes soi-disant les seuls défenseurs de la planète sont en train de gagner la partie.
Si on n’y prend garde, dans peu de temps, le transport aérien sera la cause de tous les maux environnementaux et sa disparition l’unique manière de relever le défi climatique. Et les décisions anti aérien commencent à tomber.
En échange du droit d’emprunter 4 milliards d’euros garantis par l’Etat auprès des banques et de 3 milliards prêtés directement par le gouvernement mais à un taux d’intérêt non négligeable de plus de 5 %, la compagnie a dû s’engager à arrêter la desserte des lignes domestiques qui sont déjà desservies par le train en moins de 2h30.
Par contre l’Etat va donner 100 millions d’euros à la SNCF pour remettre en service deux trains de nuit entre Paris et Nice et entre Paris et Pau/Tarbes/Hendaye, le tout avant décembre 2021.
Tout cela a une cohérence. Il faut pénaliser le transport aérien et favoriser les moyens concurrents en faisant d’ailleurs fi des désirs des clients. Car si l’avion a maintenu des parts de marché conséquentes c’est bien parce que les passagers ont fait leur choix entre les deux moyens de transport concurrents.
Il est intéressant à cet égard d’analyser la liaison Paris Bordeaux. La ligne a grande vitesse a été réalisée au prix d’investissements colossaux de 7,8 milliards d’euros réalisés par le consortium Lisea (Vinci et Caisse des Dépôts). Ces derniers, pour se rembourser font payer à la SNCF une redevance de 250 millions par an ce qui entraîne un déficit structurel de la desserte de l’ordre de 180 millions d’euros par an à la compagnie ferroviaire, le tout pour 18 aller/retours quotidiens.
En fait chaque fréquence entraîne un déficit de 25.000 €, qui seront supportés par l’Etat d’une manière ou d’une autre. Eh bien en dépit de tous ces avantages octroyés au transport ferroviaire sous le prétexte d’améliorer les conditions environnementales, la ligne aérienne a encore transporté plus de 550.000 passagers l’année dernière. Alors il faut faire un dernier effort, tuer la desserte par voie administrative, le tout pour donner des gages aux écologistes qui sont les seuls à défendre leur position à grand renfort de lobbyisme.
Et pendant ce temps les défenseurs du transport aérien sont muets. Or ils sont tout même très nombreux à pouvoir et devoir supporter ce qui est l’un des principaux vecteurs économiques.
Le premier d’entre eux devrait être le Ministre des Transports et son bras armé la DGAC. Or il semble bien que le ministère ait fait le choix du transport ferré. On ne pourrait pas le lui reprocher s’il avait laissé le libre choix aux clients et si les modes de transport étaient traités avec équité. Ce n’est pas le cas au nom de la sacro-sainte écologie, sans pour autant que les méthodes de calcul de la pollution environnementale aient été publiés.
La DGAC quant à elle dispose de l’expertise et de budgets pour exprimer son point de vue et défendre l’activité qu’elle dirige. Pourquoi ne l’entend-on pas ? Mr Patrick Gandil son directeur général s’exprime très bien dans une langue parfaitement compréhensible. Il aurait largement sa place dans les radios et les chaînes de télévision d’information.
Les acteurs privés pourraient eux aussi largement faire connaître leur point de vue et mettre sur la table les moyens financiers pour cela. Je veux parler des constructeurs : Airbus et ATR au premier chef, mais aussi d’ADP. Les uns et les autres connaissent parfaitement l’intérêt économique du transport aérien, non seulement pour leurs entreprises mais pour l’ensemble de la communauté.
Ils ont le poids suffisant et leur expertise serait certainement intéressante à écouter.
Les députés et les sénateurs sont les premiers à se plaindre auprès d’Air France lorsque la compagnie arrête une desserte.
Mais curieusement on ne les a pas entendus lorsque les décisions gouvernementales ont conduit à supprimer des lignes. Ils ont un poids considérable, mais ils manquent peut-être d’arguments. C’est à la profession de les leur fournir.
Or en dehors de la FNAM, du SCARA et du BAR dont le poids reste limité, on ne voit pas d’action menée par les acteurs du transport aérien à leur égard.
Et puis il reste les grands organismes internationaux au premier rang desquels IATA. C’est le grand absent de cette lutte d’influence.
En dehors de communiqués de presse assez fades et de difficiles relations entretenues avec les agences de voyages, on n’a pas perçu une réelle volonté de défendre bec et ongles le transport aérien auprès des médias.
Or c’est dans les médias que se trouve ce qu’il faut bien appeler le champ de bataille. Celui-ci est pour le moment occupé par les opposants au transport aérien ? Quand la riposte va-t-elle s’organiser ?
Jean-Louis Baroux
Sur le même sujet
Italie : Le tourisme à Pompéi franchit les limites
En juillet/aout dernier, c’était le chaos. Quatre millions de touristes ont en effet visité...
Ryanair sans Etat d’âme
Ryanair menace de réduire de moitié ses vols en France, en raison de la...
Pourquoi le tourisme au Brésil a de nouveau le vent en poupe
Le marché du voyage en Amérique latine connaît une croissance robuste, le Brésil étant...
9 commentaires pour “Mais ou sont passés les défenseurs du Transport aérien ?”
en fait on voyage déjà toujours « mieux », pour moins cher et en émettant de moins en moins de GES grâce au simple fait que cette émissioncoûte aux compagnies avec le pétrole. Voyager moins? pourquoi pas; le « snobitourisme » doit en effet disparaître. Les télécomms peuvent faire plus.
Simplement le monde s’est organisé en fonction des liaisons faciles grâce à l’aérien. C’est donc en commençant par l’organisation qu’on peut changer les choses. Aller aux Maldives est sans doute facultatif, mais là bas des gens vous attendent pour vivre. Il faut commencer à ce qu’elles vivent sans avoir besoin de vous.
Quant aux liaisons intra européennes, quand d’autres modes seront réellement plus performants y compris en GES et autres nuisances en renadnt le mêm service, alors tout se réglera tout seul.
Mais la transition sera progressive sans drame.
Un salarié qui part 3 jours pour quatre heures de réunions: premier jour avion + hôtel, deuxième jour réunion + hôtel et enfin troisième jour l’avion retour… sans parler des restaurants toujours en note de frais… Puis voila un coup de génie d’un simple pangolin: téléréunion pour tous au lieu de la vous péter MAIS SURTOUT DE POLLUER !
« voyager moins mais voyager mieux »…concrètement ??
et si je vous proposais de manger moins mais mieux en ayant un droit de regard dans vos assiettes ? et si on faisait la même chose pour l’utilisation de votre véhicule ? de votre tv, internet, votre tondeuse à gazon, votre BBQ etc ???
la réalité est la suivante : il y a l’offre et la demande…point.
le reste n’est que limitation de libertés au nom des intérêts ou idéologie des uns et des autres (bruit, idéologie, etc…).
Et l’industrie de l’aéronautique peut s’enorgueillir de faire avancer les technologies et les outils. Peut-on comparer une caravelle et un A220 ???
Alors merci de laissez aux gens leur liberté de voyager comme ils l’entende sans intégrer un niveau subjectif « de mieux », car la prochaine étape sera d’aller jeter un oeil à vos propres activités et on verra si vous y êtes tous prêts…
Voyager moins mais voyager mieux : au delà d’une formule toute faite, qu’est-ce que cela veut dire ? Le territoire français est un archipel dont certains départements devraient devenir interdits d’accès comme les Outre-mer (on ne peut y accéder ni en train, ni en voiture) ? Soyons sérieux et raisonnables et ne supprimons pas le scalpel du chirurgien au profit du couteau silex dont la fabrication serait moins polluante…
M.Baroux est un inconditionnel du transport aérien. Il n’en voit que les avantages et agréments. .. qui sont nombreux. Il fait l’impasse sur les désagréments et les inconvenients qui sont encore plus nombreux.
Nous sommes dans une époque cruelle M. Baroux. Il faut vous faire une raison. Les grands oiseaux de fer et de plastique se baladant librement partout sur nos têtes dans un bruit insupportable arrêtez de rêver c’est terminé ou à tout le moins fortement remis en cause. Le tourisme de masse a gâché l’envie de voyager, les moteurs d’avions sont la hantise des habitants des régions aeroportuaires qui veulent du calme et du silence cette denrée rare ainsi qu’un air respirable. Mermoz Saint Ex l’aeropostale : belles histoires mais qui ont mené à des abus et une exploitation avide de profits sans limites. L’avion les voyages le tourisme pour tout le monde c’est impossible sur une planète surpeuplée et polluée. Quand compendrez vous M. Baroux que le rêve est fini ?
Je partage totalement l’analyse de Chantal BEER. Il faut voyager moins et mieux. Il était aberrant de prétendre doubler tous les 15 ou 20 ans les km/passagers aériens. J’imagine déjà la centaine de bulldozers détruisant les 1600ha de bocage de NDDL si ce projet n’avait pas été stoppé à temps. Le tourisme de masse était devenue une plaie pour l’environnement. Il fallait se vanter auprès des amis et confrères de son week-end à Marrakech ou dans les îles grecques. En fait, parader, toujours parader, encore parader.
Cher Jean-Louis,
je partage pleinement ton avis, et exprimer les nombreux avantages du transport aérien, ainsi que les avancées technologiques et opérationnelles qui réduisent son empreinte écologique.
Il faut également que l’ensemble de la profession, de l’écosystème du tourisme montre plus de solidarité, et qu’on évite les guerres de tranchées entre acteurs (sur le remboursement des billets aujourd’hui, sur les garanties respectives à apporter contre les faillites et le calcul des commissions hier, …) pour défendre nos métiers, mais également la pertinence des modèles que nous avons développé.
Ils ne sont pas parfaits, ni sur le plan économique, ni sur le plan écologique, mais laisser imaginer que supprimer le transport aérien peut résoudre des problèmes, c’est ouvrir la porte à la dictature du populisme.
Assumons nos responsabilités, faisons face, exprimons-nous, ENSEMBLE.
Bonne journée à tous
Gillers Gompertz // AVICO
Cher Jean-Louis
Tu as grandement raison de stigmatiser le laxisme pour ne pas employer d’autres mots de certains acteurs qui ne manqueront pas cependant de hurler une fois pris connaissance du désastre économique découlant des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, la nouvelle Inquisition écologique, condamnant au bucher une activité génératrice d’emplois
J’engage tous les lecteurs a relire ces « propositions » pour qu’ils puissent apprécier le coté tendancieux et je dirais intellectuellement malhonnête de leur présentation
L’analyse de Mr Baroux est binaire voire manichéenne : les pros transport aérien qu’on n’entend pas et les antis transport aérien qu’on entend urbi et orbi ; la situation est plus complexe et l’inégalité également de traitement entre le train et l’avion mérite quelques ajustements :
en vrac
– l’avion bénéficie depuis 1944 d’une exonération de taxe sur le kérosène qui lui permet d’être concurrentiel par rapport au train et d’appliquer des tarifs ridicules pour permettre un voyage en avion à 9 € sur 48 heures à l’autre bout de l’Europe
– ce ne sont pas les Etats qui ont décidé de la fermeture de leurs frontières pour le trafic aérien mais bien IATA, dite silencieuse qui , avec retard (permettant la dissémination du virus sur la planète) a accepté enfin cette fermeture.
-ce que disent la plupart des détracteurs de l’avion , c’est qu’il est aberrant de penser multiplier par 2 le transport aérien tous les 20 ans car il participe grandement à la destruction de notre environnement et dégrade la santé des populations survolées à basse altitude ; enfin qu’il faut voyager moins mais voyager mieux