Madagascar, un cas d’école pourrait-on dire ! Un pays de cocagne pour le tourisme, à priori… De plages de rêves, des sites naturels à couper le souffle, des îlots à tomber raide dingue, un peuple humble mais accueillant, des paysages d’une diversité aussi riche que la France …
Mais voilà, le tourisme n’est possible que dans la paix, la paix étrangère mais aussi civile, domestique, et ça, Madagascar ne la connaît plus de plus si longtemps qu’on en souffre avec les Malgaches pour peu que l’on ait savourer l’île, ses odeurs, ses paysages, ses habitants, une seule fois dans sa vie.
[1]Quand on parle tourisme à propos de Madagascar, j’ai toujours un peu de colère… comment l’Homme peut-il gâcher un tel don de la nature ; comment peut-il rester tolérer ce triste gâchis qui fait le malheur de tant de gens ?
Une part de la responsabilité revient aux Malgaches eux-mêmes ; si l’on songe à ce pays dans les années 70 et à ce qu’ils avaient dans les mains.
Une part, bien plus importante encore, revient aux pays qui n’ont vu à Madagascar que le théâtre de leur concurrence idéologique et se sont succédés les uns aux autres pour ruiner ce trésor de la nature.
Mais à quoi bon aujourd’hui se pencher sur les coupables quand il vaut bien mieux s’attaquer à la renaissance du pays, pour le salut de sa population comme pour l’émerveillement de ses visiteurs potentiels.
L’urgence, c’est de redresser Le pays, l’ex-« Suisse australe » comme on l’appelait encore dans les années 60.
Pour cela, le tourisme est sans aucun doute le levier le plus immédiat et le plus efficace.
A cet égard, les tentatives locales de redressement ont été nombreuses, mais chacune a duré ce que dure la rose…
On serait de mauvaise foi si l’on se contentait de dire que la communauté internationale n’a pas fait ce qu’elle pouvait ou ce qu’elle devait.
Hélas, si morale qu’elle soit dans ses actions, cette pauvre communauté cultive plus souvent la corruption que l’action. De Gaulle nous avait prévenu, et bien d’autres avant lui.
Est-ce un motif suffisant, un prétexte valable, pour laisser tomber ?
Certainement non, et les Malgaches, premiers concernés, semblent avoir encore l’espérance chevillée au corps.
[2]Sur le dernier IFTM-Top Résa, la destination a doublé la surface de son stand. Son Ministre, Roland Ratsiraka, un nom pas si facile à porter sur l’île pour un homme qui a l’air aussi doux que sincère, s’est fendu d’une conférence de presse avec son Président du Conseil d’Administration de l’Office du tourisme, Joël Randiamandranto, un homme de conviction et plein d’énergie semble-t- il.
[3]Tous deux n’ont pas caché les ambitions de « l’île monde », à savoir doubler le nombre de visiteurs étranger d’ici la fin 2018 !
En 2013, Madagascar enregistrait une fréquentation de 196 000 clients, en 2014, elle grimpait à 222 000 et 2015 s’est achevé sur une croissance de 22 000 pas supplémentaires, soit près de 10 %… un beau score pour une destination qui n’a pas connu que des moments calmes tout au long de ces 3 années.
Le moins qu’on puisse, c’est la confiance des marchés émetteurs a été rudement mise à l’épreuve jusqu’à présent.
Il n’empêche, la reprise des travaux sur l’aéroport de Tananarive, l’investissement routiers qui dépassent largement le milliard d’euros grâce aux soutien financier des organismes internationaux comme la Commission Européenne, leur paraissent des signes encourageants, des preuve d’un décollage imminent, enfin possible.
[4]Le nombre d’établissement hôteliers rénovés, l’ouverture de nouveaux hébergements de toutes sortes et de toutes catégories dus, pour la plupart, à des investissements privés, sont également des indices de changement.
La restructuration du transport aérien domestique, trop cher et sacrément aléatoires, est aussi en cours, avec une réflexion à la fois sur les infrastructures, les appareils et la tarification…
Les projets de privatisation d’Air Madagascar et sa sortie de la liste noire européenne vont dans le même sens…
Rome ne s’étant pas faite en un jour, toutes ces évolutions prendront du temps.
Elles sont toutefois suffisamment certaines pour que le Ministre et son directeur général se concentrent désormais sur la relance marketing de la destination.
[5]Un nouveau logo, une nouvelle image de marque, « Treasure Island », un plan de communication thématique sur les points forts de l’île, l’ornithologie, le trek, tourisme vert, la plongée… et sa déclinaison selon les affinités les plus saillantes des principaux marché émetteurs, la France, l’Italie, Maurice… devraient permettre de redorer le blason malgache et ramener les clients qui font cruellement défaut à l’économie du pays.
Sur le terrain, Joël Randiamandranto évoque aussi une offre plus riche, autour des parcs nationaux notamment, ceux d’Isalo, d’Andranosoa et d’Isalo Sud Sakalama en particulier, autour de nouveaux circuits également, estampillés aventure, au départ de Tana par exemple.
Historiquement, Madagascar est très liée à la France, par un intérêt et par un attachement culturel mutuels.
Hélas, le marché français a perdu 20 % sur ces 5 dernières année ! Sur Nosy Be, il est loin derrière les Italiens d’ailleurs…
C’est dire si cela sera dur de relancer la dynamique.
« La destination est prête, elle est motivée », affirme le Président de l’Office du tourisme.
Espérons que cette fois sera la bonne.
Bertrand Figuier