L’Irrésistible ascension du modèle Low Costs
12 juin 2014 Jean-Louis Baroux Aucun commentaire À la une, Chroniques Airline Business, ancilliary products, IATA, Lion Air, NDC, New Distribution Capability 4367 vues
Le magazine Airline Business vient de publier les résultats des 45 premières “low costs” mondiales. Et l’analyse des chiffres est très intéressante.
D’abord le volume : les 10 premières compagnies américaines (nord et sud) transportent 279,4 millions de passagers, les 10 premières d’Asie-Pacifique 154,3 millions et les 10 premières européennes 240,2 millions.
Au total, cela représente 673,9 millions de passagers.
Au fait qui a dit que le phénomène « Low Cost » ne pouvait pas réussir en Europe, continent trop petit pour être adapté à ce type de compagnies ?
Ensuite les résultats. Les 45 transporteurs cités réalisent un chiffre d’affaires de 83.773 millions de dollars.
Cela représente tout de même 11% du total du transport aérien mondial. Ce ratio est d’autant plus impressionnant que dans les 45 compagnies une seule réalise du long courrier : Air Asia X et son volume est encore peu significatif.
Enfin la rentabilité. A eux seuls, ces transporteurs ont réalisé un profit net de plus de 3 milliards de dollars en 2013 soit plus du tiers du profit du transport aérien mondial estimé à 8 milliards de dollars et encore 2013 est reconnue comme la meilleure année depuis très longtemps.
Seules 8 compagnies ont perdu de l’argent le pire résultat revenant au Brésilien GOL avec une perte de 332 millions de dollars, mais cependant la compagnie se redresse car elle a réalisé un profit d’exploitation de 122 millions de dollars
Que faut-il retenir de cette avalanche de chiffres ?
D’abord que ce type de transport s’est durablement installé dans le paysage du transport aérien. Il a même façonné l’offre des compagnies traditionnelles qui ont été obligées d’aligner leur produit et leurs tarifs sur ce nouveau modèle.
Ainsi on ne voit pas comment une compagnie court-courrier pourrait ne pas appliquer les bases marketing du « low cost » : un prix d’appel très bas, valable même pour un aller-simple, un système de « yield management » simplifié : plus on s’approche de la date de départ et plus c’est cher et des recettes annexes de plus en plus conséquentes.
Il est d’ailleurs à noter que la stratégie même du NDC « New Distribution Capability » qu’IATA veut mettre en place à l’horizon 2017, vise justement à décomposer le produit jusque-là packagé, en une foule de sous-produits que l’on pourra acheter séparément et combiner à loisir. On n’est pas loin du moment où les recettes des « ancilliary products » seront supérieures à celle du produit transport.
C’est d’ailleurs ce qui se passe déjà dans la gestion des grands aéroports.
La répartition de ces compagnies est aussi intéressante : 8 compagnies en Amérique du Nord dont le géant Southwest Airlines qui représente à lui tout seul 21 % du chiffre d’affaires total des transporteurs analysés et 4 en Amérique Latine, 8 en Europe, 3 au Moyen Orient, 2 en Afrique du Sud et … 20 en Asie Pacifique.
Le transport aérien asiatique est tiré en presque totalité par ce type de transport parfaitement adapté à une clientèle sans grandes exigences, tout au moins pour le moment, et qui a un furieux besoin de déplacements dans un continent où les infrastructures au sol restent faibles.
Il est intéressant de voir combien l’Indonésie est l’exemple type d’un pays où le transport « low cost » est amené à se développer.
Qui connaissait Lion Air avant que ce transporteur ne passe une commande historique à Airbus ? Or d’ores et déjà la compagnie transporte plus de 34 millions de passagers et affiche une croissance de 10 %. Combien de compagnies européennes peuvent se targuer de tels résultats ?
On peut d’ailleurs se demander pourquoi ce qui réussit si bien dans cette partie du monde n’aurait pas des résultats identiques en Afrique où les fondamentaux économiques ressemblent à ceux de l’Asie.
Encore faut-il trouver un opérateur fiable et que les Etats Africains se décident enfin à créer un « Open Sky » à l’échelle du continent, seule manière d’attirer des investisseurs.
Reste un constat affligeant. Dans la liste des 45 premiers transporteurs « Low Cost » mondiaux on trouve, pour l’Europe, un Irlandais, un Anglais, un Norvégien, un Espagnol, 2 Turcs, un Hongrois, un Allemand, mais pas un seul Français ! Cherchez l’erreur.
Jean-Louis Baroux
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