En 1972, Bill Franklin était vice-président des opérations d’une compagnie aérienne qui débutait son activité : Southwest Airlines. Le début des seventies était difficile pour le transporteur. Il était propriétaire d’une minuscule flotte de 4 avions et desservait uniquement 3 destinations Texanes.
Au bout de la première année d’activité, les pertes de Southwest Airlines se chiffraient à 1,6 millions de dollars. Au point de devoir vendre l’un de ses appareils pour survivre. Ils cherchaient désespérément toutes les pistes possibles pour arrêter l’hémorragie financière.
Ce fut Bill Franklin qui fut prié de trouver les solutions adéquates. Sa réponse fut simplissime.
Il préconisa d’accélérer les rotations des avions en réduisant le temps d’escale à dix minutes. Déchargement des passagers et leurs bagages à l’arrivée, entretien de la cabine et embarquement des passagers au départ compris.
Sa logique était simple. Si le temps d’escale pouvait être réduit à 10 minutes, la fréquence des rotations serait augmentée et les revenus bonifiés . C.Q.F.D.
Il décréta « non seulement nous le pouvons, mais nous le ferons« . Détermination sans faille ou foi du charbonnier ? Sans doute un mélange des deux.
[1]Le principe de la rotation express venait de naître. Ouvrant la voie, beaucoup plus tard, aux compagnies «low cost».
Mais il restait à persuader le monde entier que son idée pouvait fonctionner. A commencer par l’ensemble de son personnel.
Une hôtesse présente lors de la présentation du projet atteste : « Il est venu nous voir et nous a dit « Maintenant les filles, vous pouvez le faire » – Girls, you can do it ».
La réponse collective fut aussi brève que timide «Oui Monsieur» : Yes Sir. Ce fut tout.
Son prosélytisme ne fut pas toujours aussi complaisant. Il continua sa croisade avec acharnement force.
Un jeune agent commercial à l’époque se souvient d’une réunion d’information du personnel au sol beaucoup plus musclée.
Devant les réticences de certains membres du personnel. Il frappa du poing avec violence sur la table et asséna : « Les gars, si vous ne faite pas cette p…. de rotation en dix minutes, je vous vire et je vous remplace par une nouvelle équipe qui acceptera le challenge». Comment refuser une telle offre ?
La première action issu de sa réflexion fut de mettre les avions alignés à l’identique d’une ligne de montage automobile.
Dès l’atterrissage, le personnel de piste se précipitait pour former une chaîne humaine pour décharger les bagages des passagers et les placer rapidement sur les tapis des bagages arrivée de l’aéroport.
En procédant ainsi, dès que la porte de l’avion s’ouvrait, les bagages étaient déjà descendus des soutes.
Les passagers en partance attendaient en rang d’oignons sur la piste et se croisaient avec les passagers à l’arrivée.
Pendant se temps, les équipes de piste se démenaient pour nettoyer l’avion et faire les pleins de l’appareil.
L’idée fut concrètement mise en place en juin 1972. Là encore, Bill Franklin était novateur. Il venait d’inventer le « pit stop » – le passage au stand des courses de Formule 1.
Toute la compagnie joua le jeu. Ils furent tellement rapides que lors du premier départ, l’avion faisait « bloc » alors que les passagers cherchaient encore leurs sièges. Le personnel de bord les aidait à ranger leurs effets personnels pendant que les portes de l’avion se fermaient.
L’annonce de départ but brève : « Veuillez vous asseoir.» They dit it.
Autres temps, autres mœurs, aujourd’hui, une telle procédure ne serait plus possible.
L’année suivante, la compagnie engrangeait ses premiers bénéfices. Depuis la compagnie n’a jamais cessé de gagner de l’argent.
Mais indiscutablement la pérennité de la compagnie fut assurée ainsi. Mais Southwest Airlines n’a pas oublié. Aujourd’hui, ils se contentent toujours de faire aussi vite que possible.
Bill Franklin, nous a quitté ces derniers jours. Il avait 88 ans.
[2]Aujourd’hui, la flotte de Southwest Airlines est supérieure à 650 appareils et transporte plus de 100 millions de voyageur annuellement vers 96 villes.
Respect M. Bill Franklin.
François Teyssier