L’été du renouveau pour Tunisair
12 septembre 2016 Jean Beveraggi 1 commentaire À la une A330, Farouk Ben Zina, Montreal, Tunisair 5926 vues
Tunisair, la compagnie nationale de Tunisie supprime 1 000 emplois et dans le même temps recrute de nouveaux pilotes. Cela dans la logique d’un Plan de Restructuration drastique mais certainement nécessaire. En attendant, avec un trafic passagers en hausse de 7,3 % pour les huit premiers mois de l’année, elle procède avec un certain succès au redéploiement de son réseau.
Le 21 octobre prochain, la Compagnie aérienne Tunisair soufflera sa 68ème bougie
Histoire, avec cet anniversaire, de rappeler que dans cet univers du transport aérien souvent enclin à connaître des perturbations et des turbulences, le poids des ans et l’expérience acquise peuvent être des atouts.
On est loin en tout cas du temps où la Cie a été lancée en exploitant 4 vieux Dakota (DC3) rachetés à l’armée américaine… Aujourd’hui, sa flotte se compose de 30 avions, des Boeing (sept B737) mais surtout des Airbus (deux A330 long courrier, dix-sept A320, et quatre A319).
A noter que la moyenne d’age de cette flotte se situe aux environs de 14 ans, moyenne considérée comme honnête dans les milieux aéronautiques.
Suite au contrat signé en 2008 avec Airbus -contrat révisé à la baisse compte-tenu de la conjoncture économique-, Tunisair s’apprête encore à recevoir lors des deux prochaines années cinq nouveaux appareils flambant neufs, quatre A320 et un A330… Des acquisitions qui vont rajeunir la flotte et surtout permettre à la Cie d’ouvrir de nouvelles lignes, notamment en terme de longs courriers.
Tout cela en parallèle et de façon concomitante avec la poursuite d’un Plan de Restructuration qui ne va pas (comme dans d’autres pays et pour d’autres compagnies…) sans faire grincer quelques dents.
Car on n’hésite pas en évoquant « l’amélioration de la productivité », à parler de « rétablissement de la discipline ».
Un Plan de Restructuration qui n’élude aucun sujet
Les principaux axes de ce Plan sont connus. Bien sur, il y est question de réorganisation de la société mère mais aussi des filiales, de nouvelle stratégie commerciale, d’allégement des effectifs, de compression des coûts ou encore de modernisation des outils de gestion et de systèmes d’information.
Au sein du Groupe Tunisair, la Compagnie aérienne éponyme est dotée d’un capital détenu à prés de 75 % par la puissance publique (l’État…), par une Holding de Bahreïn – la Gimbal Company SPC- (5,17 %), et Air France (5,6 %). Le reste étant réparti entre divers actionnaires institutionnels (caisses de retraite, d’assurance…) ou privés.
Bien évidemment l’adoption d’un nouveau mode de gouvernance en particulier en matière de modalités d’exercice du contrôle de l’État, n’ a pas été sans déclencher quelques remous dans le ciel de Tunis. Mais les dirigeants de Tunisair ont bien compris qu’il était plus qu’urgent -voire vital- d’assouplir leur gestion dans ce secteur très compétitif.
L’autre défi en passe d’être réussi concerne le repositionnement de la Cie et la restructuration de son réseau
Devançant d’éventuelles mesures « d’Open Sky » que d’aucuns jugent nécessaires (accusant au passage Tunisair de faire pression sur … l’État pour lui faire jouer la carte de la procrastination), Tunisair consolide pour l’heure sa position en tant que leader National pour le trafic aérien de/et vers la Tunisie.
Histoire de garantir sa pérennité et d’améliorer la rentabilité globale de son activité transport.
Un redéploiement stratégique
Le premier objectif de ce redéploiement vise l’Afrique. Forte de son positionnement stratégique au cœur du bassin méditerranéen, entre l’Afrique et l’Europe d’une part, et l’Afrique de l’Ouest et le Moyen Orient d’autre part, la Cie entend faire de l’Aéroport Tunis-Carthage un Hub de référence.
Desservant déjà Dakar, Nouakchott, Bamako, Abidjan et Ouagadougou, Tunisair vole aussi depuis le 6 juillet dernier vers Niamey . Au programme pour 2017, et grâce à la livraison des deux derniers appareils du type A330-200, des ouvertures de lignes vers Douala et Libreville, Lagos, Accra, N’Djamena et Cotonou sont actées. Mais aussi vers le Congo Brazzaville et le Congo Kinshasa !
Ce qui portera alors à 14 le nombre de pays africains accessibles depuis la Tunisie
Un autre axe de ce redéploiement porte sur l’Europe centrale et l’Asie. Suite aux attentats perpétrés au Bardo et à Sousse, le secteur du tourisme tunisien a subi une crise sans précédent. Aussi, face à la quasi-absence de visibilité sur les marchés classiques de l’Europe occidentale, Tunisair compte bien multiplier ses fréquences en direction des marchés désormais porteurs que sont la Russie et l’Algérie… L’Europe centrale est elle aussi visée.
Ainsi il a été procédé à la réouverture de la ligne de Prague le 16 mai dernier, puis à celle de Moscou à la fin du mois de juin.
Le troisième vole luit, et pas le moins important a trait au redéploiement à travers les vols « Long Courrier ».
Le 16 juin dernier, Tunisair a frappé un grand coup en ouvrant une liaison directe Tunis/Montréal. Un vol opéré deux fois par semaine par les nouveaux A330 équipés de systèmes de divertissement de dernière génération et offrant un maximum de confort aux passagers.
Plusieurs facteurs ont incité les dirigeants de Tunisair à jouer la carte du Canada pour une première étape vers les cieux du continent américain. Il faut savoir que la diaspora tunisienne au Canada et surtout dans la Province de Québec, est en pleine évolution depuis quelques années. C’est rien de moins que la sixième au monde en nombre avec prés de 30 000 membres.
Capter ce marché ethnique peu sensible à la situation sécuritaire et sociale en Tunisie, contrairement aux trafics touristiques, rendait opportune cette ouverture de ligne. Mais l’impact sur la promotion du tourisme tunisien au Canada n’est pas à négliger. Avant la révolution, ce marché canadien pesait en 2010 plus de 17 000 clients. Et il semble ne demander qu’à repartir à la hausse.
Enfin, un dernier aspect a pesé dans la balance : la part des investissements canadiens en Tunisie (essentiellement dans les secteurs pétroliers où il est devenu le second investisseur étranger), amène de plus en plus de grandes entreprises canadiennes à s’implanter en Tunisie. Ce qui induit là encore du trafic passager en augmentation…
Et la desserte de la France dans tout ça ?
Pas d’inquiétude à avoir pour l’heure. Tunisair s’envole toujours de Paris mais aussi de sept autres villes de l’hexagone, permettant ainsi à ses passagers de rejoindre la capitale Tunis mais aussi de très nombreuses villes du pays.
On a constaté que la ligne Paris CDG/Tozeur avait repris du service au printemps dernier.
Bien sur, les taux de remplissage record enregistrés sur ces lignes en été posent problème car la clientèle de tunisiens retournant au pays pour leurs vacances est telle que les touristes individuels peinent à trouver un siège.
Ce qui est certain, c’est que la compagnie tunisienne multiplie les opérations de promotion tout azimut , et n’oublie pas pour autant de se tourner vers les nouvelles technologies .
Après le lancement en avril 2015 du site Web & Mobile Check-in, Tunisair France vient d’ouvrir en début d’année deux nouveaux comptes sur les réseaux sociaux : Facebook et Twitter.
Jean BEVERAGGI
Carnet de Deuil : C’est avec beaucoup de peine que la Rédaction de La Quotidienne vient d’apprendre la disparition tragique dans un accident de la route survenu il y a quelques jours entre Tunis et Sfax, de Farouk Ben Zina, le Directeur Relations Publiques et Presse de Tunisair.
Âgé de 52 ans, marié et père de deux enfants, Farouk Ben Zina a été enterré à Sousse.
En cette douloureuse circonstance, l’équipe de La Quotidienne tient à présenter ses plus sincères et attristées condoléances à sa famille, à ses proches ainsi qu’à tous les collaborateurs de Tunisair.
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1 commentaire pour “L’été du renouveau pour Tunisair”
L’ article malheureusement oublie la politique commerciale de Tunis air en France. En effet contrairement à la législation éditée par IATA, TU pratique une politique de préférence avec certaines agences tunisiennes en France. Une ayant accès très facile à la réservation et n’étant pas accréditée par IATA pour l’edition de la billeterie s’est révélée être une agence ayant prémédité une escroquerie des agences qui lui fournissaient les billets.
Sa responsable non seulement n’a pas honoré ses engagements mais a utilisé l’argent de la billeterie a des fins personnelles et en particulier pour l’acquisition d’affaire par son mari. Ce message se veut être celui d’un lanceur d’alerte afin que d’autres agences n’en soient pas victimes.Le représentant de Tunis air à Paris a été informé afin de mener une enquête sérieuse pour déterminer les complicités internes éventuels et reconstruire la confiance et l’image de marque de Tunis air.