Les compagnies aériennes mondiales vont-elles au crash ?


Pour CAPA, la très sérieuse compagnie d’analyse des marchés, la plupart des compagnies aériennes dans le monde seront techniquement en faillite d’ici la fin du mois de mai 2020! La pandémie du Covid-19 est en train d’entraîner une chute monumentale du trafic aérien mondial et quelle que soit la taille des compagnies aériennes, leurs trésoreries ne pourront résister à un tel shut-down.

Dans une déclaration à l’AFP, Brian Pierce, le directeur financier de IATA, a indiqué que « plus de 75 % des compagnies aériennes disposent de moins de 3 mois de liquidités pour couvrir leurs seuls frais fixes« .

Pour beaucoup de compagnies aériennes l’heure n’est plus de la chasse au Gaspi, c’est un combat pour la vie, il leur faut absolument donner un coup de frein drastique sur toutes les dépenses. Leur survie est à ce prix. Plusieurs compagnies petites ou moyennes ont temporairement (on l’espère !) posé tous leurs appareils au sol comme Austrian ou La Cie. Les plus grosses leur emboîtent le pas. Air France prévoit de réduire sa capacité de vol de 80 à 90 % pour au moins les deux mois à venir. Lufthansa et KLM sont sur la même voie. Le groupe IAG qui réunit British Airways, Iberia, Aer Lingus, Level et Vueling va réduire ses capacités de 75 % jusqu’à fin mai.

Du côté des low-costs, EasyJet et Ryanair parlent de mettre au sol environ 90 % de leurs appareils, si ce n’est la totalité de leurs flottes devant l’augmentation des interdictions de vols décidés par de nombreux pays.

Aux États Unis, les grosses compagnies américaines Delta, American Airlines et United, ont dû largement réduire leurs vols internationaux avec la fermeture des vols vers l’Europe. Et United a déjà commencé à diminuer de 10 à 20 % environ ses vols intérieurs.

Devant ce désastre annoncé, Star Alliance, One Word et Sky Team, les 3 plus grosses alliances aériennes qui représentent avec leurs 60 compagnies près de 50 % du trafic aérien mondial, ont demandé une aide massive des gouvernements pour permettre au système aérien mondial de survivre à l’impact du Covid-19.

Les pertes pour le secteur aérien dues au Coronavirus sont estimées à plus de 113 milliards de $ auxquels il faut rajouter plus de 20 milliards de $ dus à l’interdiction abrupte des vols transatlantiques décidée par Donald Trump. De plus les 3 alliances demandent aussi aux institutions et aux partenaires comme les aéroports un soutien exceptionnel avec entre autres une diminution majeure des redevances et des taxes aéroportuaires…

Cette pandémie du Coronavirus va laisser des traces durables dans l’univers aérien. Pour Alexandre de Juniac, ancien PDG du groupe Air France-KLM et actuel DG de IATA, à la fin de cette crise il va y avoir une « consolidation » du secteur. Autant dire que les plus faibles disparaîtront ou seront rachetées.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il parait clairement que les principales compagnies aériennes chinoises seront parmi les moins pénalisées par cette épisode du Covid-19 car il est plus qu’évident qu’elles sont et seront soutenues par l’état chinois.

Les investisseurs ne s’y sont pas trompés, le cours de leurs actions n’ayant baissé que d’à peine 10 %. Alors que dans le même temps la plupart des compagnies aériennes européennes ont chuté de plus de 50 %. A titre d’exemple le cours de l’action d’Air France est passé de 10,02€ à 4,37€ en juste 1 mois, soit une chute de 54,92 %.

Sans un soutien de grande ampleur des gouvernements nationaux et de l’UE, plusieurs compagnies européennes risquent le pire. Déjà le gouvernement italien a annoncé son intention de nationaliser Alitalia (avec une enveloppe d’environ 600 millions d’€) pour lui permettre de survivre.

Les compagnies américaines ont, elles, suffisamment de poids politique et économique pour obtenir des subventions du gouvernement américain, et d’ailleurs elles ont déjà commencé un discret mais intense lobbying pour assurer leurs arrières.

Quant aux compagnies du golfe il parait évident qu’elles pourront s’appuyer sur les pétro-dollars de leurs actionnaires.

En tout cas cette crise aura montré, n’en déplaise à nombre de bien-pensants, que l’économie mondiale à impérativement besoin d’un secteur aérien développé et concurrentiel qui devra cependant continuer ses efforts pour réduire de manière importante son empreinte écologique, avec des moteurs plus propres et moins gourmands.

Frédéric de Poligny





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