Le retrait d’ Air France en Israël est-il compréhensible ?


« L’homme est la mesure de toutes choses » (Protagoras d’Abdère). Au lendemain de l’attaque du Hamas sur Israël, Air France a suspendu préventivement l’exploitation de ses lignes de, et vers l’état Hébreux. Position compréhensible en raison de la gravité de la situation sécuritaire impactant les voyageurs.

Mais une décision bien frileuse qui peut s’expliquer pour un pays ayant inscrit le principe de précaution dans sa constitution. Alors que dans le même temps, El Al et l’état d’Israël poursuivaient coûte que coûte le programme de vol à destination de la France et d’autres pays. « To have and have not. That is the question.»

La diplomatie, le droit des voyageurs se télescopent et sont amalgamés aux intérêts nationaux de chacun des protagonistes, qu’ils soient financiers, sécuritaires, moraux ou patriotiques.

Il faut préciser que la situation est toujours aussi confuse. Certains pays se sont aussi dépêchés de rapatrier leurs ressortissants, d’autres se sont alignés sur la position de notre compagnie nationale (à moins que ce soit l’inverse).

La plupart ont géré la situation « en bon père de famille » avec la perspective de faire des économies « à la clef. ».

Un autre choix : défendre l’argent des actionnaires ou celui des contribuables.

Logiquement, dans ce type de situation, les transporteurs aériens doivent proposer le remboursement du billet d’avion en cas d’annulation du vol. (Article 8 du Règlement CE n°261/2004) ou proposer un vol de substitution dans des délais comparables au vol annulé.

Mais concrètement, cela semble tout à fait impossible compte tenu de l’état de guerre en Israël.

Air France a mis en place un centre d’assistance pour répondre aux besoins et aux interrogations de ses clients en difficulté.

Autre précision, les compagnies doivent également assister les passagers contraints d’attendre dans les aéroports (rafraichissements, restauration, hébergement.)

En droit, rien ne sera tranché avant que la justice prenne position pour savoir si oui ou non la responsabilité des transporteurs aériens pouvait être exonérée dans cette situation précise.

Normalement, la situation de guerre et l’état d’insécurité sont exonérateurs de responsabilité.
Mais comment expliquer que certaines compagnies puissent être exonérées alors que d’autre opèrent leur vols presque normalement. La jurisprudence de la CJCE a déjà fait ce genre de rapprochement.

Certains passagers pourraient tenter leur chance devant les tribunaux Il faudra donc attendre pour le savoir.
Il faudra également pouvoir expliquer pourquoi les vols réguliers d’Air France seraient exonérés alors que la compagnie opère dans le même temps des vols « spéciaux » affrétés par le gouvernement français. Deux poids, deux mesures.

Enfin, qu’en est-il sur le plan de la morale ? Comment expliquer que la compagnie nationale puisse se défausser aussi facilement et laisse ses clients la panade. Oubliant qu’elle avait été grassement assistée financièrement à la sortie de la pandémie du covid-19.

Moralité, prendre l’argent est plus facile que d’en donner . Nous sommes dans une époque où il est vraiment difficile de prendre ses responsabilité lorsqu’entrent en jeu les choses de l’argent.

François Teyssier





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