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Le paradoxe subtil du transport ferroviaire

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » affirmait le fabuliste Ésope, bien avant Jean de la Fontaine. Une devise qui m’incite à réfléchir sur son application concernant le transport des voyageurs. Prenons pour commencer le transport ferroviaire.

alea-jacta-est [1]Désormais le réseau national de la SNCF relie à grande vitesse les plus grandes villes de France et certaines grandes métropoles européennes. Parfois à 250 kilomètres heure de moyenne. Une performance technologique qui depuis 35 ans a éclipsée le développement du transport aérien domestique.

Le temps de transport a été littéralement « gommé » par la vitesse. Prenons un exemple précis, avant l’arrivée du TGV, le « Mistral » était la vitrine du savoir faire de la S.N.C.F. Il était tracté par le train électrique le plus rapide.

Il reliait Paris à Marseille en 6 h 40. Aujourd’hui, le même trajet est effectué 3 h 30 environ. Le temps de trajet a donc été quasiment divisé par deux.

Les avantages discriminants du transport en train étaient simples. Les gares étaient situées depuis toujours en centre-ville. Elles étaient bien desservies par les transports en commun. Ce qui, pour les urbains du moins, facilitait leur accès. Il suffisait d’arriver juste avant la fermeture des portes pour s’installer à sa place dans le train.

Mais actuellement, le transport ferroviaire met en place, petit à petit, les mêmes contraintes que celles qui ont depuis toujours pénalisées le transport aérien. Il parait que c’est le progrès !

Les nouvelles gares TGV qui desservent certaines villes sont souvent situées de plus en plus loin du centre des zones urbaines.

De plus, la crainte justifiée du terrorisme impose la mise en place des formalités de sécurité de plus en plus sophistiquées, de plus en plus contraignantes qui retardent l’embarquement à bord de certaines lignes.

transport ferroviaire [2]Pour les voyageurs, en fonction de leurs lieux d’habitation, ils doivent prévoir des temps de transferts routiers assez longs souvent du fait des embouteillages, qui, conjuguées avec le temps d’accomplissement des formalités de départ est supérieur à la durée effective des liaisons ferroviaires les moins longues. Là est le vrai paradoxe.

Donc, il faut partir à temps pour pouvoir courir à grande vitesse. Jean de la Fontaine n’avait pas prévu ce cas de figure.

Autre paradoxe, les gares qui autrefois étaient des lieux de transit, lugubres, ouvertes à tous les vents, souvent fréquentées par toute une faune plus ou moins glauque de squatteurs. Aujourd’hui, ces espaces deviennent de véritables centres commerciaux rutilants ou les commerçants, des franchises le plus souvent se battent pour avoir un espace de vente bien situé. Au point que Thierry Marx, le réputé chef étoilé de l’hôtel Mandarin Oriental, ouvrira au printemps une brasserie à la gare du Nord. La plus grande d’ Europe.

Moralité, il en faut toujours une, même dans les fables modernes. Les voyageurs mettent de plus en plus de temps pour accéder à leur place dans le train. Alors, autant s’organiser et tirer un profit financier de la situation.

Alors, rien ne sert de courir si l’ont peut consommer aussi.

Pour clore ce propos, je ne parlerai pas des grèves récurrentes du personnel de la SNCF qui font qu’il ne sert vraiment à rien de partir à point. Le monde est vraiment devenu fou.

Votre dévoué,

Lucius Maximus,
Sénateur indépendant.