Le Musée national de Beyrouth, situé à trois kilomètres au sud du port, a subi d’importants dommages lors de l’explosion du 4 aout 2020. Le souffle de l’explosion a causé la destruction des fenêtres et des portes du bâtiment, endommageant considérablement les systèmes de sécurité et laissant le musée et ses collections sous la protection exclusive de gardiens.
Relevant du ministère de la Culture, la Direction Générale des Antiquités du Liban (DGA), dont les locaux administratifs et les réserves ont également été sévèrement touchés, a estimé que le coût des réparations d’urgence et de la mise aux normes du système de sécurité et des réserves pourrait s’élever à près d’un million de dollars.
Pour financer ces travaux, la DGA a soumis à ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit) un projet d’aide d’urgence intitulé « Beirut Assist Cultural Heritage » (BACH) – Plan for the recovery of the National Museum and DGA Headquarters ».
Ce projet de restauration du Musée national et du siège de la DGA sera piloté par le musée du Louvre.
A la suite de l’explosion du 4 août, la fondation ALIPH, créée en 2017 à Genève à l’initiative de la France et des Emirats arabes unis, a mis en place un Plan d’action en faveur de la stabilisation et de la réhabilitation du patrimoine de Beyrouth, doté d’une première enveloppe de 5 millions de dollars.
Grâce à un soutien financier d’ALIPH d’un peu plus de 200 000 dollars, le musée du Louvre et la DGA ont pu lancer la première phase du projet de restauration du musée de Beyrouth, couvrant les actions prioritaires d’urgence. Il s’agit d’assurer le plus rapidement possible la sécurisation du bâtiment et des collections avec la réparation des portes, des fenêtres et du système de sécurité.
A cet effet, le musée du Louvre mobilise l’expertise de ses personnels pour venir en aide au musée. Les équipes du Département des Antiquités orientales sont déjà sur place à Beyrouth, aux côtés de la DGA.
Un système de régie directe permet au musée du Louvre de gérer lui même les fonds alloués par ALIPH. La DGA et le Louvre finalisent actuellement l’état des lieux et le recensement des besoins. Les travaux ont commencé le lundi 31 août, soit la veille du centenaire du Grand Liban.
Le Département des Antiquités orientales du musée du Louvre entretient depuis longtemps des relations de travail et d’amitié avec ses collègues de la Direction Générale des Antiquités et des musées du Liban.
Le Louvre avait immédiatement exprimé son soutien à ses collègues en soutenant la déclaration de solidarité signée par plusieurs institutions internationales et culturelles à l’initiative d’ALIPH
Le Musée national de Beyrouth expose sur trois niveaux plus de 1 800 objets allant de la Préhistoire jusqu’à la période ottomane.
Construit par les architectes Antoine Nahas et Pierre Leprince Ringuet, il fut inauguré en 1942. Pendant la guerre civile de 1975, il s’est retrouvé sur la Ligne Verte, la ligne de front séparant Beyrouth Ouest de Beyrouth Est, ce qui provoqua sa destruction du fait des bombardements et de son occupation par des combattants issus des différents groupes armés.
Après-guerre, une rénovation d’envergure avait pu redonner toute sa splendeur à ce musée, lieu majeur pour la conservation du patrimoine antique et médiéval libanais, et tout particulièrement pour les collections phéniciennes.
Cette rénovation, qui eut lieu en deux temps en 1997 et 2017, avait fait du musée un symbole fort de renaissance et d’unité nationale autour d’une collection d’objets archéologiques unique témoignant d’une histoire commune et partagée par tous les Libanais et, ce, au-delà des particularismes et des divisions communautaires.
Le Département des Antiquités orientales du musée du Louvre et la Direction Générale des Antiquités du Liban collaborent à plusieurs projets, notamment en lien avec le site de Byblos où ils conduisent ensemble des fouilles archéologiques.
Ainsi, la France et le Liban s’apprêtent à célébrer en 2021 le centenaire des fouilles menées conjointement par les Libanais et les Français à Byblos, le premier « coup de pioche » sur le site ayant eu lieu le 20 octobre 1921 sous la direction de Pierre Montet, les fouilles se poursuivant ensuite sous la direction de Maurice Dunand jusqu’en 1973, avant d’être interrompues par la guerre civile.
Byblos, site le plus visité du Liban, a fait l’objet de recherches archéologiques dès 1860 à l’occasion de la Mission de Phénicie dirigée par Ernest Renan.
A partir de 1921, il a constitué la première et la plus importante fouille de l’Etat du Grand Liban dont le centenaire de la création est célébré le 1er septembre 2020.
Les objets issus de Byblos composent une part majeure des collections du Musée national de Beyrouth.