Le modèle hybride a gagné !


baroux-1Il est toujours intéressant de suivre les conférences internationales.
Il y en a eu deux pendant les 10 derniers jours d’octobre : le APG World Connect à Washington et le World Passenger Symposium à Dublin, organisé par IATA.

On y voit se dessiner les grandes tendances du transport aérien futur.

Pendant longtemps on a opposé deux systèmes dont la seule vraie différence était leur mode de distribution : les « LCC – Low Costs Carriers » et les « Legacy Carriers », entendez les compagnies traditionnelles.

Curieusement tout de même, les uns et les autres se sont entendus pour ne plus rémunérer les agents de voyages, mais les « Legacy » continuent à laisser leur produit disponible avec des accès privilégiés pour les professionnels via les GDS et le BSP, ce que ne font pas les « low costs » qui traitent les agents de voyages comme n’importe quel client individuel.

Les transporteurs traditionnels crient au racket de la part des GDS lesquels ponctionnent entre 5 et 7 $ par passager/segment. Ils se plaignent de plus que les GDS rétrocèdent une partie de cette manne aux agents de voyages pour les inciter à faire encore plus de réservations, car la facturation est basée sur les réservations et non sur le transport. Bref on est dans une position de combat. Et la cible principale des compagnies aériennes reste l’ensemble des GDS, lesquels sont soutenus par les agents de voyages.

Sauf que ces mêmes compagnies devraient tout de même se rappeler qu’elles ont-elles-mêmes créé les GDS et qu’elles ont été bien contentes de les vendre à des fonds d’investissement contre de confortables plus-values. Au fond, pourquoi ne les ont-elles pas gardés ?

Ce débat est en train d’être dépassé.

Certes la pression va continuer à s’exercer sur les GDS et la venue de la nouvelle norme NDC (New Distribution Capability) créée par IATA pour distribuer les produits des compagnies aériennes ressemble à une arme destinée à les faire plier les ou tout au moins à rendre leur tarification un peu plus flexible.

Mais petit à petit tout le monde se range à l’idée que la distribution via les agences de voyages reste la solution d’avenir, en tous cas la seule susceptible de stopper la course folle aux tarifs qui non seulement sont incompréhensibles, mais qui ne permettent pas d’assurer la viabilité économique de ce secteur.

Même les « low costs » sont en train de faire leur révolution.

Il est intéressant de voir qu’il y avait des délégués des grands transporteurs à bas coûts dans les deux conférences : Southwest au APG World Connect et Ryanair et Jet Blue au World Passenger Symposium. Hormis Ryanair dont la prestation à Dublin était d’une grande arrogance, telle qu’on a pu la constater par le passé chez les grandes compagnies traditionnelles, tout le monde s’interroge sur la meilleure manière de se distribuer, voire même de faire évoluer son produit.

C’est ainsi que les compagnies traditionnelles ont dégradé leur produit court-moyen courrier pour l’amener au niveau des compagnies « low costs » et que, de leur côté ces derniers améliorent leur prestation de manière à attirer la clientèle affaires sur leurs vols.

Petit à petit on s’achemine vers un seul modèle de compagnies aériennes : les compagnies hybrides dont on peut dessiner les caractéristiques assez bien.

D’abord un produit simplifié mais suffisamment souple pour qu’il devienne accessible aux hommes d’affaires. Ensuite une distribution directe sur leur marché principal, mais qui passera par les agents de voyages pour les pays « off line ».

Et puis sans doute reviendra-t-on à un mode de rémunération de la distribution par la production, puisqu’aussi bien le modèle actuel a montré non seulement ses limites mais son impasse économique.

Oh, certes, cela ne se fera pas en un jour. Le cheminement sera long. Il n’est d’ailleurs pas sûr que le modèle hybride s’applique sur tous les types de transport.
Une forte différentiation existera probablement encore longtemps sur les long-courriers.
Mais la machine est en route. Elle dépend pour le moment plus de propositions de la part des agents de voyages que de la part des compagnies.

 

Jean-Louis BAROUX





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