«Tu seras un homme mon fils… si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie. Et sans dire un seul mot, te mettre à rebâtir…?» . Quel stoïcisme. C’était il y a plus d’un siècle. Aujourd’hui, nous vivons une situation particulièrement difficile qui concerne nos chères têtes blondes (les brunes et les rousses également, il n’est pas question de discriminer).
Je tiens également à rectifier de moi-même que le titre emprunté à Rudyard Kipling en 1909 concerne également les filles. (Et l’éditeur et moi remercions l’ami Franck Chapus pour son alerte parfaitement justifiée).
Théorie des genres oblige, le lecteur devra donc comprendre et rectifier de lui-même : « … tu seras un homme, ma fille !».
Cela dit, je constate que rien ne change vraiment. L’éducation nationale persiste à se ridiculiser par des décisions toujours surprenantes. À moins qu’elle ne soit inspirée, voire menacée par des parents d’élèves ?
Autrement dit, le principe de précaution a encore frappé. Le brevet des collèges vient d’être reporté. Des 27 et 28 juin au 1er et 2 juillet prochain. Pour cause de canicule.
Météo France est formelle. Tout se passera bien. Le Sâr Rabindranath Duval a confirmé officiellement cette prévision si importante.
Un paradoxe évident. La frilosité est de mise en cette période de fortes chaleurs.
J’imagine aisément, la réunion de crise dans les bureaux feutrés du ministère de l’Éducation nationale.
Je pose la question : «Peut-on, sérieusement, exposer les candidats à une double surchauffe, à la fois neuronale et climatique ? C’est critique et risque de faire fondre quelques neurones. Comment les protéger ? »
Nous avons de remontées de parents d’élèves qui menacent de ne pas envoyer leurs enfants passer le brevet des collèges si les salles d’examens ne sont pas climatisées.
D’autres qui exigent des bouteilles de Perrier fraîches. C’est fou.
Les professeurs, de renchérir à l’unisson. «Nous ne pouvons pas prendre le risque de faire baisser les statistiques d’un diplôme si important. La voie royale pour décrocher le baccalauréat. C’est important pour l’avenir de la jeunesse».
Certains se moquent même ouvertement de nous en disant qu’il faudrait supprimer le brevet qui ne sert aux autres élèves qu’à avoir des petites vacances justes avant les grandes.
Nous avons même reçu des messages d’agents de voyages qui affirment que cette décision provoque un préjudice important à leur industrie. De nombreux parents d’élèves avaient réservé des voyages qui du fait de notre décision, doivent être annulés. Il y a des frais d’annulation. Ils affirment que la canicule au début de l’été n’est pas un cas de force majeure. Ils menacent de faire un recours en dommages et intérêts.
La réponse fusa. «Si même les agences de voyages ont des prétentions, où allons-nous, c’est le début de la fin d’une civilisation, non ?»
François Teyssier.