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Laurent Abitbol en fait-il trop ? par JL Dufrenne

Le départ, assumé par Laurent Abitbol, de Laurent Maucort ex-Directeur général, a mis en lumière le caractère omniprésent, voire parfois omnipotent du président de Selectour. Jean-Luc Dufrenne, un historique du réseau, a voulu lui aussi donner son point de vue sur le management et le style de direction de Laurent Abitbol. Nous lui laissons volontiers la parole :

 » El Presidente Abitbol ! Silence, il parle …

Le principal trait de caractère de Laurent Abitbol, gentiment nommé ici El Presidente, c’est qu’il ose tout !

Tant que cette posture était réservée à la sphère interne de la coopérative, on pouvait « à la limite » la tolérer. Mais lorsque ses propos sont distillés au grand public et qu »ils pourraient, sans autre forme d’analyse, pris pour argent comptant.Il est nécessaire de rétablir, également publiquement, l’équité sur quelques points pour le moins « déroutants ». Nombreux sont ceux qui, comme moi, auraient pu le faire. Ils se reconnaîtront.

[1]Après 8 mois d’hyper présidence, El Presidente dresse donc un premier bilan de son mandat, sous forme d’autosatisfecit.

A minima, on peut se poser à ce stade deux questions : l’une sur la forme et l’autre sur le fond.
Pourquoi personne ne réagit, depuis plusieurs mois, aux propos parfois « border line » d’El Presidente ?

Tout simplement parce que peu de personnes peuvent s’exprimer :

– les salariés tout d’abord : on a récemment vu ce qu’avait coûté au Directeur Général de tenter de s’affranchir de son Président : « circulez, y’a rien à voir« . Pour un Président qui trouvait que les salariés devaient être davantage au coeur du fonctionnement du réseau, c’est raté.

Il est évident que lorsqu’on fait comprendre chaque jour qu « ici, il n’y a qu’un chef et c’est moi« , cela peut calmer les ardeurs de postures contradictoires de certains.

[2]Les salariés s’accommodent d’un omniprésident en s’accrochant à l’amour de leur métier. Beaucoup d’entre eux se disent également que les seules opportunités de postes similaires (par essence très spécialisés) ne peuvent se trouver que dans d’autres grands réseaux, volontaires ou intégrés, et l’herbe n’y est pas forcément plus verte !

– les administrateurs ensuite : plusieurs d’entre eux sont « pieds et mains liés » par des intérêts, présents ou à venir, avec El President. Ils subissent donc en protégeant leur avenir.

D’autres sont encore dans la phase de totale dévotion à leur El President et il est trop tôt pour qu’ils développent un esprit critique.

Enfin, quelques uns observent tels de vieux sphynx ou s’opposent au Chef mais sont immédiatement remis au pas par El President et consorts qui voient rouge et leur rappellent que c’est comme çà. Un point c’est tout !

Les délégués régionaux : c’est eux qui devraient s’exprimer davantage et faire remonter la réalité terrain.

Le comité d’audit : il doit, a posteriori, jouer son rôle et pourrait découvrir, au gré de ses investigations, quelques sujets à creuser

Sur le fond maintenant, El Présidente ose tout et pourquoi personne ne réagit ?

C’est ce que je vais factuellement tenter de faire ci-dessous, pour la première fois :

[3]Le changement de marque :

En dehors de la jouissance pour El President de renouer avec le terreau originel du réseau Selectour, il n’y a eu aucun avantage « palpable » pour les agences à alléger la marque. Le changement de « pancartes » comme le dit lui-même le Président Abitbol, est pris en charge par le réseau.

Quant à la campagne média à venir (2 millions d’euros engagés) au slogan : « Selectour, ça vous fera des vacances« , un nombre important d’agences n’y adhère pas. Comme je les comprends…

A partir de combien de points de croissance cette campagne sera considérée comme efficace, on ne le sait pas et après tout, pas très grave, « ça nous fera des vacances ! »

[4]Sur la rénovation des agences  

Ce chantier, cher à l’ex-Directeur Général Laurent Maucort ne semble pas avoir remporté le succès escompté. On ne connait pas à ce jour le nombre précis d’agences ayant adhéré. Et pour cause, le coût disproportionné de la rénovation au m2 en a refroidi plus d’un.

Sur l’assainissement des comptes :

Le réseau se portait financièrement très bien avant l’arrivée d’El Presidente. Ces premiers 8 mois de présidence (dont 4 sur l’expo précédent) n’ont eu aucun impact en positif ou en négatif.

L’apaisement au sein du CA :

Si l’apaisement consiste à répéter qu’il n’y a qu’un seul chef et que le chef, c’est moi : alors, oui, c’est apaisant, peu dans l’esprit coopératif certes, mais apaisant !

[5]Les renégociation des accords TO 

El President avait crié haut et fort, en 2016, qu’il avait repris la main sur les contrats TO pour le plus grand avantage des adhérents.

Il semble dire aujourd’hui que beaucoup de choses sont figées et qu’on ne gagne pas assez d’argent dans la distribution : une révélation !

La confusion qui demeure dans le taux réel de rémunération des TO incite les agences à détourner les mêmes To pour créer eux même leurs propres forfaits. Ceci explique peut être en partie la baisse des ventes.

ll est évident que lorsqu’un TO, Voyamar pour ne pas le nommer, rémunère à 7,8 % TTC un circuit USA, largement diffusé pourtant au sein du réseau, on a plutôt envie de « le faire soi-même« .

Quant à l’aide financière réservée aux agences IATA dans le cadre de la modification des dates de règlement BSP, c’est une bonne chose. Il est tant que le réseau apporte des signes forts au soutien de l’activité business travel qui représente, encore aujourd’hui, plus de 60 % de l’activité globale.

Jusqu’à nouvel ordre, la coopérative Selectour demeure un espace de liberté où chaque adhérent peut apporter son avis.

J’aurais préféré que cet échange soit circonscrit à la sphère du réseau mais El President en a décidé autrement. Il serait de bon ton, si le Président juge qu’une réponse à mes propos s’impose, qu’il le fasse au travers de notre communication interne.

A bon entendeur…

Jean-Luc Dufrenne