Les nuages s’amoncellent dans le ciel pourtant radieux de la Tunisie. La saison touristique 2015 est en grand danger, évidemment suite au terrible attentat du musée du Bardo, le 18 mars dernier, avec ses conséquences brutales sur le niveau des réservations (on parle de 11 % en termes de nuitées et de 7 % pour les recettes touristiques).
Les statistiques de la période janvier-février, c’est-à-dire la période ayant précédé l’attentat s’étaient déjà révélées mauvaises avec -2,1 % de recettes en dinars, -8,6 % de nuitées et -19,5 % d’arrivées au frontières, selon les chiffres publiés par le ministère sur son site internet.
Il semble que la saison soit bien mal engagée malgré les efforts gigantesques déployés tant par les professionnels tunisiens que par les autorités du pays.
On se souvient que Béji Caïd Essebsi et François Hollande, les présidents de la république, s’étaient vus à Tunis lors du déplacement du président français pour la marche contre le terrorisme du 29 mars dernier. Ils ont réitérés la semaine dernière, lors de la dernière visite d’état à Paris, leur volonté commune de renforcer la coopération sécuritaire entre les deux nations.
Dans un contexte de poussée jihadiste liée aux guerres en Syrie et en Libye, la Tunisie espère néanmoins plus de soutien français. Et notamment, un soutien économique.
Plusieurs chefs d’entreprises tunisiens accompagnaient d’ailleurs Béji Caïd Essebsi, la France restant le premier partenaire commercial de la Tunisie, son premier investisseur extérieur… et son plus important marché émetteur de touristes.
Car le tourisme tunisien est en crise depuis la révolution de décembre 2010-janvier 2011, les crises politiques et l’essor d’une mouvance jihadiste armée ayant accentué les difficultés du secteur qui représente, comme pour la France, environ 7 % du PIB du pays.
Outre la menace jihadiste, le secteur souffre de problèmes structurels tels le manque de diversité d’une offre centrée sur le balnéaire de masse, la vétusté de certaines infrastructures ou encore l’endettement des structures hôtelières.
La ministre du Tourisme Salma Rekik vient d’annoncer vendredi dernier que les autorités allaient multiplier les mesures pour sécuriser le parc hôtelier, les aéroports, les sites et circuits touristiques.
La publicité comme arme d’appoint
La Tunisie vient de lancer hier dimanche une campagne de publicité à l’international, notamment en France, intitulée #TUNISIEMOIJYVAIS avec la participation de personnalités.
La vague de solidarité qui a suivi l’attentat du Bardo a ainsi conforté les autorités de la nécessaire prise de parole de la destination au niveau national et international.
« Nous comptons sur le soutien des pays amis pour encourager leurs ressortissants à venir quand même en Tunisie » a précisé Salma Rekik.
Selon les autorités tunisiennes, l’attaque contre les touristes du Bardo n’a pas entraîné trop de pics d’annulations de séjour et l’attrait pour le pays et son rapport qualité prix toujours imbattable devrait séduire bon nombre de ressortissants français pour cet été.