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L’ Estremadure, là d’où viennent les vrais Conquistadors

Dès que le mot « Conquistadors » est prononcé l’esprit se remplit d’images de cette poignée de soldats se lançant à l’assaut des cités Aztèques et Incas, se battant pour l’or et les richesses de l’immense Amérique Latine. Nul ne s’interroge sur l’origine de ces conquérants du Nouveau Monde. Presque personne ne sait que les plus célèbres d’entre eux viennent tous d’une région totalement perdue du centre de l’Espagne, l’ Estremadure.

[1]Hernan Cortés (conquérant de l’Empire Aztèque au Mexique), Francisco Pizarro (qui ’empare de l’Empire Inca au Pérou), Nunez de Balboa (le premier européen à avoir traverser l’Isthme de Panama et à atteindre le Pacifique), Garcia Lopez de Cardenas (explorateur du Grand Canyon du Colorado), Francisco de Orellana (découvreur du bassin de l’Amazone), tous sont originaires de la province de l’ Estremadure, et nombre de leurs proches, famille, voisins et alliés les suivirent.

Adossé la frontière du Portugal, l’ Estremadure (quelque fois écrite Extremadure) est une des plus vastes régions d’Espagne au centre du pays, province agricole pauvre traversée par un axe majeur de circulation vers le sud.

N’ayant aucun accès à la mer, l’ Estremadure n’avait pas vraiment prétention à fournir autant d’explorateurs d’au delà des mers.

Mais au XVIème siècle, la noblesse de l’ Estremadure au contraire des autres régions espagnoles ne pouvait vivre que des revenus des terres agricoles, apanage du fils aîné, tandis que le second entrait dans les ordres – une carrière ecclésiastique était souvent synonyme d’honneurs et de richesses – alors que le cadet n’avait d’autre solution que de chercher fortune par les armes.

C’est la relative pauvreté de cette petite noblesse campagnarde qui a fourni tant de volontaires pour braver les dangers d’une si longue traversée maritime afin d’étancher une grande soif de gloire et de richesses.

Mais la richesse patrimoniale et culturelle de l’Estremadure ne tient pas qu’aux traces laissés à leur retour par ces conquistadores ayant réussis. C’est une terre ou depuis des siècles se sont succédées des populations d’origine fort diverses. Romains, Wisigoths, Arabes, Juifs et Chrétiens ont tour à tour façonné les villes et les paysages, laissant une succession de monuments qui sont un des attraits majeurs de cette région méconnue.

[2]Pour une première découverte de l’Estremadure, quatre lieux s’imposent, Mérida, Caceres, Guadalupe et Trujillo. Les trois premiers sont classés au Patrimoine mondial de l’Humanité.

Merida est la capitale de la région. Fondée en 25 avant J.C. par Auguste, elle a gardé de cette époque le plus vaste site archéologique romain d’Espagne y compris le plus long pont jamais construit dans l’empire de Rome, le superbe amphithéâtre et le théâtre romains qui sont toujours utilisés pendant le festival annuel de musique classique, le Temple de Diane, l’Arc de Trajan, l’Acqueduc des Miracles.

Les remparts et la forteresse sont un mélange d’art romain, wisigoth et arabe.

Merida est une ville animée où il fait bon s’attarder quelques jours. Et son vaste musée archéologique est une merveille qu’un voyageur cultivé ne doit rater sous aucun prétexte.

[3]Caceres est une autre merveilleuse dont le centre historique cernée de remparts arabes est piétonnier et abrite une foultitude de palais et de bâtiments qui ont été utilisés et modifiés par leurs occupants successifs.

Citernes arabes, quartier juif et églises chrétiennes, la ville est un patchwork historique à visiter de jour comme de nuit. Le Womad, festival mondial de Musique des Arts et de la Danse, qui envahit les ruelles de la ville pendant quatre jours, attire chaque année des foules immenses.

[4]Guadalupe est mondialement connue pour son monastère royal qui est un des plus beaux représentants du style mujedar qui entrelace éléments architecturaux arabes et chrétiens.

La reine Isabelle La Catholique avait un tel attachement pour ce monastère qu’elle chargea les moines de la garde de son testament.

Trujillo est une autre cité médiévale pleine de charme dominée par une vaste forteresse arabe d’où on peut jouir d’une vue magnifique sur la ville et la région.

Sur la majestueuse place centrale se dresse le palais de la famille de Francisco Pizarro tandis que cachée dans une de ces jolies ruelles qui montent le long de la colline, la superbe maison d’ un autre fameux conquistador, Orenalla, est devenue une maison d’hôtes/boutique hôtel de grand luxe.

Encore une ville accueillante et vivante qui invite à se poser et à prendre son temps pour en découvrir tous les secrets.

[5]L’Estremadure fourmille de recoins à découvrir comme la petite ville de Medellin, lieu de naissance d’Hernan Cortez, avec son château perché au pied duquel se dresse le théâtre romain qui est toujours en usage pendant le festival de musique classique de Merida.

Llerena, Alcantara, Jerez de los Caballeros, Coria … autant de lieux à visiter pour celui qui voudrait prendre le temps de découvrir cette région.

Mais l’Estremadure est aussi une terre où la gastronomie est partout présente. À commencer par son fameux porc ibérique gavé de glands frais dont on voit de nombreux spécimens d’ébattre dans la nature sous les chênes.

[6]Le jambon ibérique est partout et bodegas et restaurants proposent une nourriture tentatrice à base de produits locaux, et de légumes tout juste cueillis.

Les fromages sont aussi une grande spécialité de l’Estremadure dont les plus connus sont la Torta del Casar, Los Ibores ou les fromages de La Serena. Huile d’olive, miel, cerises cultivées dans la Vallée du Jerte et même le riz sont produits dans la région.

Ajoutez-y champignons et gibier et vous voyez l’étendue de la cuisine locale que l’on retrouve dans les bars à tapas, lieux parfaits pour rencontrer les gens du pays.

Information en anglais: www.turismoextremadura.com
Information en français: www.spain.info/fr
Frédéric de Poligny