Jim Dine, un artiste qui a du nez


Le principal mérite de l’exposition de l’artiste américain Jim Dine, organisée par Daniela Lancioni et normalement prévue le 2 juin prochain, est de présenter son travail de manière exhaustive à travers 80 œuvres, provenant de grands musées américains et européens, parmi lesquels le Centre Pompidou à Paris. Un parcours classique et très clair qui permet de suivre pas à pas la carrière de Jim Dine, artiste irrégulier et inclassable, et justement pour cette raison très intéressant.

Un parcours linéaire pour un artiste irrégulier

Au cours des vingt dernières années, l’artiste a souvent été présentée en Italie : en 2000 au Palazzo delle Papesse à Sienne, puis au Gam à Turin en 2017 et à la fin de la même année à l’Accademia di San Luca à Rome, mais pour la première fois son travail est présenté de manière exhaustive avec de nombreuses surprises.

Au début des années 1960, Jim Dine réalise des œuvres s’inscrivant dans le courant pop art à partir de motifs courants (cœurs, crânes…) ou de symboles de la vie de tous les jours (bouteilles, récipients, outils…) montés en série et parfois d’objets réels qu’il insère dans ses œuvres. Celles-ci rencontrent une critique favorable et un certain succès commercial, mais laissent Dine insatisfait.

En 1966 il s’installe à Londres où il est exposé par Robert Fraser et pendant quatre ans peaufine sa technique. Il rentre aux États-Unis en 1970. Dans les années 1980 il se consacre davantage à la sculpture. Depuis, il semble trouver ses modèles davantage dans la nature que dans les objets fabriqués par l’homme.

Souvent très colorées, les toiles de Dine utilisent la technique du fondu (contours estompés) et des séries, avec une infinité de variations notamment dans les nuances chromatiques. Le motif du crâne, présent comme un rappel dans les toiles au milieu de nombreux objets banals et usuels du monde contemporain, renoue avec la tradition de la nature morte appelée « vanité ».

Grand expérimentateur de techniques, il travaille le bois, la lithographie, la photographie, le métal, la pierre ou la peinture. L’outil et le processus de création sont aussi cruciaux que l’œuvre achevée. L’artiste explore les thèmes du soi, du corps, de la mémoire à travers une iconographie personnelle composée de cœurs, de veines, de crânes, de Pinocchio et d’outils.

Des références plus ou moins explicites dénonçant la fécondité des échanges entre New York et Rome, à travers des expositions, des magazines, des articles, des essais, des images ou simplement des conversations entre les deux rives de l’Atlantique dans la première moitié des années soixante.

Ainsi, Fenêtre à la hache (1961-62) a probablement été inspirée par une œuvre telle que Vedova da poco (1920) de Marcel Duchamp, mais elle semble constituer un précédent intéressant pour Finestra (1962) de Tano Festa, qui s’intéressait à l’art américain depuis les années 1950. Tout comme il est difficile de ne pas supposer qu’une toile comme Big Black tie (1961) n’a pas inspiré Cravate (1967) de Domenico Gnoli.

« Le Pop Art est lié à New York comme il l’est à Rome » affirme Jim Dine. En effet, devant une œuvre telle que Long Island Landscape (1963), on ne peut s’empêcher de penser à une relation avec les paysages anémiques de Mario Schifano, et notamment dans Central Park East (1964), exécuté lors du séjour de l’artiste à New York entre décembre 1963 et l’été 1964.





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