Le Directeur Général de l’Office national du tourisme tunisien, Abdellatif Hamam, a récemment fait le déplacement en France, à Avignon, dans le cadre du salon du tourisme Ditex. Il a pu notamment y faire le point sur les objectifs de la saison touristique été 2016 et sur la nouvelle politique de la Tunisie en matière de sécurité publique. Il répond sans détours aux questions de La Quotidienne :
La Quotidienne : C’est la 1ère fois qu’un haut cadre de Tunis se déplace sur un salon professionnel français, la situation est-elle si grave ?
Abdellatif Hamam : La situation n’est pas la meilleure que l’on ai connue mais les choses s’améliorent. Bien sûr, nous avons connu une année 2015 tragique du point de vue humain mais également économique avec un marché français qui est passé de 1,4 million de touristes au début 2010 à 464.000 en 2015. 2016 donne néanmoins de bons signes de reprise avec une demande volontariste des professionnels français mais également des autorités tunisiennes pour faire avancer les dossiers.
[1]LQ : Va t-on assister cette année au grand retour de la Tunisie sur le plan touristique ?
AH : Je l’espère de tout mon coeur. En tant que premier responsable de l’office de tourisme tunisien, j’ai voulu apporter des réponses concrètes aux professionnels français sur l’état d’avancée des mesures prises pour assurer la sécurité de tous les touristes qui viennent en Tunisie.
LQ : Quelles sont ces mesures ?
AH : Nous avons considérablement renforcé les contrôles dans les aéroports et dans tous les lieux publics. Le gouvernement a investi énormément dans la formation des personnels alloués à la sécurité et s’est également doté de moyens techniques très performants.
Mais plus que des matériels et personnels sophistiqués, plus que l’armement et les infrastructures, c’est la mentalité entière et les comportements qui ont changé de manière spectaculaire en Tunisie.
Tout le monde aujourd’hui, du haut fonctionnaire jusqu’à l’homme de la rue, a pris conscience des protocoles de sécurité et applique un comportement beaucoup plus responsable face à la nouvelle menace du terrorisme qui touche désormais tous les pays au monde.
La Tunisie n’a d’ailleurs pas hésité à faire appel à la communauté internationale pour se faire aider dans sa lutte contre ces nouvelles menaces et accepté le soutien logistique de ses partenaires de l’Otan. Une mission d’experts composée de professionnels du tourisme français et de journalistes indépendants doit prochainement se rendre en Tunisie pour constater sur place, en toute transparence, les progrès accomplis en matière de sécurité.
LQ : La Tunisie reste imbattable pour bon nombre de français en terme de charme touristique mais également en terme de qualité-prix, n’est ce pas ?
AH : C’est l’évidence. D’autant plus que les destinations » de report » ont montré leurs limites notamment en termes de capacité hôtelière et de tarifs souvent démesurément à la hausse.
[2]La Tunisie est le marché naturel pour les touristes français qui la connaisse bien. Les plages de Sousse, Hammamet ou Djerba, l’ambiance des souks et la gentillesse des tunisiens sont des atouts imparables et incontestable à faire valoir.
Nous sommes d’ailleurs en négociation actuellement avec de nombreux opérateurs qui souhaite revenir en Tunisie et ce, dès la saison estivale prochaine. Nous avons de grands espoirs d’un retour rapide à une fréquentation française convenable.
Le gouvernement soutient d’ailleurs activement les professionnels du tourisme tunisiens pour qu’ils maintiennent les meilleurs conditions d’hébergements, de transport et de prestations pour les touristes. Un appui en terme financier, des aides accordées aux hôteliers, des exonérations d’impôts et l’étalement des règlements sont déjà en place pour aider les acteurs de ce secteur qui représente 7 % du PIB du pays.
LQ : Le Tourisme reste la priorité et la France toujours le marché majeur ?
AH : Plus que jamais. L’économie tunisienne compte sur le tourisme. Lancé dans les années 1960, l’expérience a eu un impact très important sur tous les secteurs de l’économie tunisienne. Vecteur d’intégration, il a notamment permis de développer l’emploi, désenclaver certaines régions, stimuler le bâtiment, les transport et l’ensemble des infrastructures du pays.
Aujourd’hui, nous menons un réflexion sur le modèle d’accueil qui doit être « relooké » et sur la formation qui doit être sans cesse mise à niveau.
Le marché français est notre priorité. C’est le sens de ma venue sur les salons professionnels. Nous continuerons à investir sur les acteurs français prescripteurs de la Tunisie avec notamment prochainement un éductour d’une centaine de conseillers en voyages appuyé par une campagne publicitaire digitale, concoctée par l’agence Publicis, d’un budget de 1,5 millions d’euros.
Propos recueillis par PR