Exclusif La Quotidienne : Première interview de la nouvelle ministre du Tourisme grec

28 janvier 2025   Frédéric De Poligny   Aucun commentaire   People    grece, Olga Kefalogianni    2727 vues

Lors de son bref passage à Paris la semaine dernière, Olga Kefalogianni, Ministre du Tourisme de Grèce, a accordé une interview exclusive à La Quotidienne dans les locaux de l’Office du Tourisme avenue de l’Opéra.

Pour Olga Kefalogianni, si 2023 avait été une année record pour le tourisme grec, 2024 a établi de nouveaux standards en nombre de visiteurs et en montant de dépenses.

De janvier à novembre 2024, en seulement onze mois, la Grèce a reçu 35 millions de visiteurs internationaux contre un peu plus de 30 millions pour l’ensemble de l’année 2023, qui ont dépensé 21,3 milliards d‘euros contre 20,6 milliards en 2023 (chiffres de la Banque de Grèce).

Le classement des marchés émetteurs conserve son trio de tête avec l’Allemagne (5,5 millions de visiteurs), le Royaume Uni (4,5 millions) et la France n°3 avec près de 2 millions de touristes.

A noter la montée impressionnante de l’Italie en n°4 qui approche aussi les 2 millions.

Le marché américain avec 1,5 million progresse fortement et compense la perte totale du marché russe.

Si 2024 avait vu le Japon à l’honneur, en 2025 le marché chinois bénéficiera de l’ouverture des vols directs Shangaï-Athènes et l’Inde sera un objectif de prospection prioritaire en corrélation avec le business plan d’Aegean qui prévoit pour 2026 d’ouvrir des vols directs vers l’inde.

Et nous précise la Ministre, il y a une dizaine de jours elle faisait partie de la délégation officielle grecque menée par le Premier Ministre, Mr Kyriakos Mitsotakis, à AlUla en Arabie Saoudite pour rencontrer le Prince Héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) afin de concrétiser leur volonté politique commune de poser les bases d’un partenariat stratégique touristique de haut niveau.

A la question de savoir s’il y avait un changement de stratégies touristiques en Grèce, Olga Kefalogianni a précisé ses trois axes principaux, un développement qualitatif, l’allongement de la saison touristique et la promotion des régions moins connues du pays.

En cela elle suit la politique de ses prédécesseurs, qui avait déjà commencé à porter ses fruits.

En novembre 2024, le nombre de visiteurs a augmenté de près de 23,6 % par rapport à 2023 et de 57,6 % par rapport à 2022. Mais la Ministre apporte aussi sa pierre à l’édifice, pour rendre le tourisme grec plus efficace et attractif.

Très récemment Olga Kefalogianni a défendu et fait voter par le parlement grec une loi pour restreindre les abus de certaines locations touristiques de court terme, des excès qui pouvaient porter atteinte à l’image du pays.

De lourdes amendes guettent les profiteurs qui loueraient aux touristes des logements en sous-sol, des logements qui n’auraient pas de lumière du jour, de véritable fenêtre, de climatisation, d’installations sanitaires correctes, d’extincteurs…

De plus, tous ceux qui louent plus de trois logements sont considérés comme des entreprises et taxés en conséquence pour lutter contre une conséquence déloyale avec le secteur hôtelier.

Cette loi s’appliquera seulement à partir du 1er octobre 2025 pour permettre à chacun de se mettre en conformité.

Enfin pour éviter la raréfaction des logements disponibles pour les populations locales, une limitation des nouvelles autorisations de location de courte durée (type Airbnb) sera effective dans certaines zones.

C’est maintenant officiellement le cas dans tout le centre d’Athènes où il n’est plus possible de créer de nouveaux logements de ce genre.

Dès cette année, pour lutter contre un certain surtourisme à Mykonos et Santorin qui se voient envahir par des arrivées brèves mais massives des passagers descendus des navires de croisière, qui saturent aux mêmes heures ces deux îles et qui ne sont pas vraiment une source de profit pour l’économie locale, il y aura une meilleure gestion des navires, avec une nette diminution du nombre de créneaux de mouillage simultanés.

Mais, surtout, une taxe de débarquement de 20€ par passager est instituée dès à présent pour à la fois financer les communautés locales de ces deux îles et participer à des projets économiques sur d’autres régions moins favorisées.

Parmi les projets en cours, Olga Kefalogianni nous a indiqué que les stations de ski de Grèce réalisent de grands travaux d’amélioration de leurs infrastructures grâce un important investissement financier, pour développer le marché hivernal du ski, mais aussi pour pouvoir ouvrir les stations à l’année avec des activités nature, randonnée, trek….

Autres angles de développement, la plongée sous-marine, avec l’implantation de plus de clubs de plongée, de voile et de sports nautiques avec en parallèle la création et la rénovation des marinas afin d’élargir les activités liées au yachting.

A côté du tourisme culturel, le tourisme religieux, l’agrotourisme, le tourisme du vin et des vignobles, le tourisme gastronomique sont autant de moyen de faire découvrir des régions moins célèbres de la Grèce mais toutes aussi dignes d’intérêt, comme le Péloponnèse, la Grèce du Nord et celle de l’Est.

A l’instar d’Athènes qui est devenue une destination tout au long de l’année, Thessalonique, la 2ème plus grande ville du pays voit augmenter régulièrement la demande de city-breaks.

Son tout nouveau métro qui a révélé de fabuleuses découvertes archéologiques comme sa rue antique pavée de marbre, le site proche des tombeaux royaux de Vergina (Philippe II de Macédoine), une hôtellerie de qualité, la belle gastronomie de la ville et son ambiance festive réputée, l’opportunité de liaisons aériennes directes, tout cela en fait un nouveau pôle d’attraction majeur.

Frédéric de Poligny