L’Etat, aujourd’hui actionnaire majoritaire de la société Aéroport Toulouse-Blagnac (60 %), a annoncé cet été son intention de céder une partie de son capital (49.99%) se réservant la possibilité de céder le solde (10.01 %), à l’issue d’une période de trois à quatre ans.
Suite à cette annonce, la Fnam, principale organisation professionnelle représentant 95 % du transport aérien français, indique qu’elle n’est pas favorable à cette privatisation qui peut conduire à des abus de position dominante très dommageables pour l’ensemble de la filière (les passagers, les compagnies aériennes et les sous-traitants).
« Les compagnies aériennes sont des clients captifs qui ne sont pas en mesure de faire jouer la concurrence sur les tarifs des redevances aéroportuaires. En raison de sa position de monopole géographique naturel, la privatisation d’un aéroport peut entraîner une hausse des billets d’avion si les tarifs des redevances deviennent trop élevés ainsi qu’une limitation des investissements aéroportuaires nécessaires au développement du trafic et au soutien économique de la région, avec possibilité pour l’aéroport de choisir d’autres investissements plus rémunérateurs (boutiques, parkings, restaurants..) » indique la Fnam qui craint également une dégradation possible de la qualité de services fournie aux passagers.
« La situation présente à Toulouse repose sur un bon équilibre et la gestion actuelle n’appelle pas de remarques majeures de la part des clients et des compagnies aériennes« .
Actuellement le contrat de régulation économique signé entre l’Etat et l’aéroport de Toulouse-Blagnac pour 2014 – 2018, permet de préciser justement les investissements, les objectifs de qualité de services et les tarifs maximum des redevances aéroportuaires sur cette période.
Dans le cadre de ce contrat, le régime de gestion pratiqué par l’aéroport dite « gestion en caisse unique » permet, de contenir les tarifs des redevances grâce à une prise en compte dans l’économie de l’aéroport, des recettes apportées par les activités commerciales.
Parallèlement, aucune nouvelle disposition réglementaire plus contraignante (transparence accrue, ROCE/ retour sur investissement limité,…) n’est prévue à l’heure actuelle pour renforcer la régulation économique des aéroports dans un contexte de privatisation.
De plus, au-delà de 2018, rien n’est précisé quant au maintien de ce régime de caisse unique qui prévaut aujourd’hui sur tous les aéroports régionaux français.
La privatisation d’autres aéroports régionaux français (Lyon, Nice, Marseille…) pourrait, selon la Fnam, ensuite voir le jour et fragiliser davantage le transport aérien domestique.