Déjà la fin de partie pour ITA Airways ?


Il semble bien que l’indépendance d’ITA (Italia Transporti Aerea SpA), qui a pris la suite de la défunte Alitalia, soit proche de la fin. Le Groupe Lufthansa n’attend plus que le dernier feu vert de la Commission Européenne pour mettre la main sur 49 % de la compagnie italienne pour un montant somme toute modeste de 325 millions d’euros.

En fait le prix est plus que raisonnable si on considère ce que représente ITA. Elle opère 90 appareils, dessert 70 destinations dont 22 en Italie, et les autres réparties sur 25 pays et 4 continents, le tout avec un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2023.

Voilà qui se paierait beaucoup plus cher s’il s’agissait d’un autre transporteur dans un autre pays.

En fait on se demande toujours pourquoi l’Etat italien, le propriétaire, est toujours décidé à céder son transporteur national d’autant plus qu’après un démarrage dans des conditions terriblement difficiles, il a réussi son décollage au point d’atteindre la rentabilité alors que tout le monde le voyait perdu.

Il semble bien que les responsables de l’Union Européenne aient fait une énorme pression sur le gouvernement Italien pour que son investissement de 1,35 milliard d’euros destiné à récréer une compagnie de rang international soit autorisé uniquement s’il acceptait de la céder au plus tôt.

Or, comme personne ne souhaitait parier sur la réussite de la nouvelle compagnie, cette obligation arrangeait finalement tout le monde.

Sauf qu’ITA s’est développée plus vite et plus sainement que prévu. Et alors que la partie italienne cherchait désespérément des partenaires en France, puis en Suisse et finalement en Allemagne, ce sont maintenant les derniers les plus demandeurs et il semble bien que le Pouvoir de Rome ait tout fait pour retarder l’échéance et garder sa compagnie, ce d’autant plus que la tendance nationaliste du gouvernement actuel est parfaitement revendiquée.

Pour tout dire les investisseurs qu’ils soient allemands ou français en leur temps n’ont en vue que le puissant marché de la péninsule.

Celui-ci est d’ailleurs largement présent sur tous les continents, la diaspora italienne ayant créé une vraie réussite économique et par conséquent développé de forts liens avec la mère patrie.

Certes le Groupe Lufthansa a fait la preuve de sa capacité à gérer des transporteurs étrangers sans que la main mise allemande se voie trop.

C’est le cas pour la Belgique avec Brussels Airlines, la Suisse avec Swiss qui, par parenthèses utilise le code de son ex filiale Crossair ou Austrian Airlines.

Sauf qu’il s’agit de marchés beaucoup plus petits que l’italien. Avec cette prise de participation de 49 % pour démarrer puis de 100 % probables rapidement, Lufthansa va devenir le vrai géant européen alors même que ses résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances.

La partie touche à sa fin. La valse-hésitation des protagonistes se termine. Le grand gagnant sera Lufthansa qui non seulement gagne un partenaire et le 3 ème marché européen mais en plus affaiblit considérablement le groupe Air France/KLM qui n’a pas pu suivre, fusse avec l’apport de Delta Air Lines, le gouvernement italien lorsque celui-ci le sollicitait.

Il serait d’ailleurs surprenant qu’ITA ne délaisse pas rapidement l’Alliance Skyteam qui perdra ainsi un partenaire de bonne taille, pour rejoindre la Star Alliance, déjà la première en termes de volume et de nombre de compagnies.

Au fond, les responsables européens vont, sous le prétexte de maintenir la concurrence, donner encore plus de poids à l’acteur majeur de ce continent et ainsi contribuer à renforcer sa position, réduisant du même coup la compétition européenne.

Sauf que la partie n’est pas encore finie. Il reste les arrêts de jeu et tant que tout n’est pas finalisé on peut encore avoir des surprises. Parfois la mariée dit non à la mairie.

Les surprises dans ce dossier ont été tellement nombreuses et variées que tout paraît encore possible.

Il serait tout de même souhaitable que les salariés d’ITA aient une claire vision de leur avenir.

On se demande d’ailleurs comment dans un environnement aussi mouvant, ils ont pu trouver l’énergie et la bonne stratégie pour mener ITA du stade de nouveau-né à une position enviable pour des investisseurs.

Bon courage à tous les acteurs de ce qui est plus qu’un vaudeville, une vraie saga.

Jean-Louis BAROUX





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