Le transport aérien est dans le trente-sixième dessous. Les agents de voyages luttent pour leur survie. Les organismes de protection comme l’APST se demandent comment ils vont pouvoir éviter la liquidation. Et pendant ce temps-là, les activistes écologistes tapent à qui mieux mieux sur un secteur d’activité, tourisme et aérien qui fait vivre dans le monde des centaines de millions de personnes et qui représente en France uniquement plus de 10 % du PIB, sans que les gouvernants ne mettent le holà à leurs élucubrations.
A qui la faute ?
Il faut d’abord accepter un fait nouveau : le phénomène est mondial. Tous les pays de la planète sont touchés et l’impact sur le tourisme et le transport aérien est identique partout, c’est le désastre.
Certes la pandémie qui frappe la planète n’y est pas pour rien, mais elle n’est pas la seule responsable de la situation.
En France uniquement, les difficultés de l’APST ont commencé bien avant les effets de la Covid-19. Elles remontent à l’improbable faillite de Thomas Cook. Les agents de voyages et leurs clients ont alors eu la désagréable impression que leur argent n’était plus protégé.
Pour autant est-ce que l’organisme de protection n’a pas fait son travail ? Tous les analystes sont d’accord pour constater qu’il n’y a strictement rien à reprocher aux gestionnaires. L’ APST a pris une première énorme vague avant d’être submergée par le tsunami pandémique.
Le transport aérien lui aussi n’a rien vu venir, emporté alors par l’euphorie d’une croissance à 5 % par an que l’on croyait sans fin. Le seul bémol venait de la fragilité des compagnies alors que le secteur d’activité était florissant. Les agents de voyages manifestaient bruyamment auprès de IATA pour qu’un fonds de sécurisation de l’argent des clients soit enfin créé, sans d’ailleurs aucun succès, l’association des compagnies ayant une capacité infinie à faire la sourde oreille.
C’est ainsi que les transporteurs se sont vus confrontés à un choix cornélien : rembourser les avances de leurs clients ou assurer leur survie.
Ils ont bien évidemment opté pour se sauver eux-mêmes et on les comprend. Notons d’ailleurs que les agents de voyages en ont fait tout autant, ils sont alors mal venus de hurler après les compagnies aériennes, car ils n’ont fait que les imiter.
Alors qui est responsable ?
Eh bien, finalement, je pense que ce sont les clients. Depuis des années, voire même des dizaines d’années, ces derniers ont fait une pression constante sur leurs fournisseurs de services pour que ces derniers baissent leurs prix de façon continue.
Et c’est bien ce qui s’est passé, avec d’ailleurs, il faut le dire, la complicité des compagnies aériennes dont la politique funeste a été de supprimer la commission des agents de voyages qui représentent 70 % de leur chiffre d’affaires.
Donc plus personne ne veut payer les vrais prix et ces derniers ont été noyés dans le « yield management » qui a tout simplement déconnecté le prix du produit et du service. Or la protection de l’argent des clients a un coût qu’on le veuille ou non.
Après tout, les clients du transport aérien acceptent tous de s’assurer contre les risques de la vie, et d’abord le chômage, pourquoi n’accepteraient-ils pas d’en faire autant pour protéger leurs avances auprès des agents de voyages et des transporteurs ?
Il faudra bien se résoudre à rendre obligatoire une telle mesure, car on ne peut pas compter sur la liberté individuelle. Ainsi les organismes chargés de la protection des clients auraient une ressource assurée et suffisante pour pallier les aléas du secteur d’activité.
Un prélèvement de 1 % sur tous les dossiers où qu’ils soient achetés, serait probablement sans conséquence sur les consommateurs.
Les compagnies aériennes ont beaucoup de peine à s’y résoudre, le secteur du tourisme aussi. Alors il faut une décision gouvernementale.
Au lieu de prêter une oreille bienveillante à ceux qui proposent tout bonnement de tuer le transport aérien et le tourisme en taxant stupidement chaque achat de sommes considérables, nos responsables politiques seraient mieux inspirés de créer les conditions de la sécurisation de l’argent des consommateurs contre les aléas économiques du secteur.
Ils sont aussi largement responsables de la peur de voyager instillée à longueur de médias qui relaient complaisamment les statistiques largement habillées diffusées par le Gouvernement.
Alors que les clients se prennent en main. Qu’ils soient disposés à mettre la main à la poche pour se protéger et qu’ils retrouvent confiance dans ce qui constitue une part très importante de leur qualité de vie : le tourisme et le transport aérien.
Jean-Louis Baroux