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Coup de plume de Pierre Doulcet : Ni Martin, ni Gugusse

Doulcet [1]La dernière plantade de mes confrères sur la non-mort de Martin Bouygues nous révèle combien ce métier de journaliste, qui fut l’essentiel de ma vie, risque actuellement de sombrer dans un « bobotisme » (qu’il soit de gauche ou de droite d’ailleurs) insultant pour nos glorieux anciens qui firent la grandeur de ce métier.

En effet, comment ne point s’apercevoir que dans la presse d’aujourd’hui, quelle que soit sa spécialité, l’obsession du scoop à tout prix (en ne prenant souvent même pas le temps de faire la moindre vérification), amène ma profession à un niveau de médiocrité méritant évidemment le scepticisme de l’opinion face à un tel amateurisme.

Si ce fiasco devait, en toute logique, se traduire par des sanctions exemplaires envers les confrères responsables de cette bévue grotesque, qu’ils ne comptent donc pas sur un flot de lamentations de ma part.

Car non seulement ils ont commis une grave faute professionnelle mais, par leur incompétence, ils ont en prime ridiculisé l’ensemble de la corporation.

Vous me direz – et ce n’est nullement une excuse – que les politiques eux aussi atteignent parfois des degrés de légèretés incompatibles avec leur fonction.

Même au plus haut niveau, à l’image de notre actuel président batifolant dans une ambiance à la Closer avec des actrices et son ex-compagne Ségolène aux Philippines, ou bien l’arrogance quelque peu méprisante de son prédécesseur (ne maîtrisant plus son vocabulaire) en traitant de » gugusses  » les quatre parlementaires qui se sont rendus à Damas, oubliant ainsi avec vélocité son invité d’honneur, Bachar el Assad, à la revue du 14 juillet 2008 et sa responsabilité indéniable (avec celle du bobo BHL) dans ce qui est devenu le chaos lybien…

Dommage. J’appréciais chez le bonhomme son dynamisme, nécessaire à notre pays oubliant trop rapidement à propos de la politique présente et passée, ce texte de Valéry selon lequel « l’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leur réflexe et les conduit au délire des grandeurs  » …..

En ce début d’un mois reconnu pour ses giboulées de tous ordres, il ne me semble donc pas inutile, après l’épisode Charlie, de vous informer que je ne me sens donc ni « Martin » ni « Gugusse » !

J’ose espérer qu’il en ira de même de toute l’équipe de La Quotidienne que j’embrasse affectueusement.

Pierre Doulcet

Ps. Et comme toujours : pdoulcet@me.com