La Cotal France (Confédération des Organisations Touristiques de l’Amérique Latine) a mis le Costa Rica à l’honneur lors de son dernier déjeuner, dans les salons de l’Hôtel Napoléon. Ce pays pionnier du tourisme durable, où la protection de l’environnement est inscrite dans la constitution, a reçu 2,6 M de touristes en 2015, en hausse de 5,5 % par rapport à 2014, dont un peu moins de 54 800 Français (+ 10,2 %) dont la durée de séjour tourne autour de 10 à 12 jours pour un panier moyen de 2 400 €.
Évidemment, en face du million de visiteurs américains, nos compatriotes ne pèsent pas lourd, même en leur adjoignant leurs voisins européens, en particulier les Espagnols et les Allemands, les deux marchés qui caracolent devant la France, en tête du top 3 européen.
[1]Un détail cependant peut nous alerter, 75 % de nos compatriotes qui fréquentent le Costa Rica pour leurs vacances le font en dehors des TO et des agences. Ils se débrouillent tout seul…
C’est dire si leur choix s’appuie d’abord sur une préférence personnelle avant de répondre à une offre à la carte ou forfaitisée, si séduisante soit-elle.
C’est une destination de « fans », comme on a des « fans » de tel ou tel musicien.
[2]Il faut donc en déduire que le pays est au moins attachant, mais surtout qu’il trouve sa clientèle sans faire le moindre effort commercial.
Et ça, c’est un bon point pour lui… il en faudrait peu en effet pour booster le marché.
Avec la mise en place, le 2 novembre prochain, du vol direct AF Paris San José, une route qui sera opéré sur un B777 triclasse, le voyageur potentiel va non seulement gagner du temps sur place mais il va en plus s’éviter l’inconfort d’une escale ; un autre bon point pour le Costa Rica qui, pour le moment, n’était accessible que via l’Espagne ou les USA.
Certes, cette desserte sera bihebdomadaire et saisonnière, mais la volonté commerciale très offensive de la compagnie française devrait lui permettre de rentrer aisément sur le marché.
Bien sûr, on peut se concentrer sur les zones touristiques à « l’américaine », comme le nord-ouest par exemple.
Elles peuvent séduire bien sûr ; la preuve, TUI et Transat sont parmi les 4 ou 5 gros TO Français qui sont bien implantés au Costa Rica ; en ce cas il faudra surtout parler prix et « all inclusive », comme d’habitude, et l’on intéressera surtout la clientèle club, celle qui veut du nouveau après avoir goûté à Cuba ou à la République Dominicaine.
Ce sera peut-être un peu cher… mais ça marche et on ne voit pas pourquoi ça ne se développerait pas davantage sur le marché français. Eux aussi, le farniente au bord de l’eau, ils savent apprécié ; Et puis les resorts à l’américaine, ça leur plait bien… ça bouge tout le temps…
[3]En revanche le sud-ouest est plus naturel, plus « vierge », avec des lodges plutôt que des resorts géants… Et là, on parle plus de tourisme vert, aventure, sports ou découverte, une thématique qui, à juste titre tellement elle est riche, domine largement l’offre touristique du pays.
La faune, la flore et les parcs nationaux, par exemple, font le bonheur des clients de Terre d’aventure ou d’Atlante, aussi bien sur terre que sur mer.
C’est une clientèle très différente, mais elle appartient à un groupe qui a le mérite de ne pas diminuer sociologiquement tout en conservant de bonnes capacité à consommer.
Cette classe moyenne aisée financièrement à laquelle s’ajoutent souvent de nombreux bobos prêts à tous les sacrifices pour avoir du bio et de l’authentique sera en très intéressée par le caractère paisible du pays ; ce n’est pas un hasard s’il a été placé en tête du classement des pays où le vit « bien ».
Ce leadership dans le bonheur de vivre vaut bien tous les « Awards » du monde…
[4]De plus, grâce au réseau de la Copa Airlines, il peut proposer de nombreux combinés entre Panama, plus culturel, et le Nicaragua, par exemple, qui permettront aux visiteurs étrangers un mélange idéal de balnéaire, de culture et de nature.
Pourtant, si le Costa Rica a de quoi séduire, il manque visiblement d’un positionnement clair.
Si vraiment, il est porteur d’une offre aussi authentique, il faut alors qu’il se positionne non pas sur une thématique, nature, aventure ou autre… mais sur un segment du marché.
En l’occurrence : le luxe…il a les sites qu’il faut, la nature qui va bien… Il a la matière première pour le faire
A lui d’investir et de bâtir une offre à la hauteur…. C’est un segment qui ne faiblit pas malgré la crise…
Bertrand Figuier