Guillaume Linton, le président du tour opérateur Asia, recevait vendredi dernier le temps d’un déjeuner, La Quotidienne pour faire le point sur son activité en cours et ses perceptives « réalistes » de sortie de crise. Le tout dans un contexte de nouvelles restrictions gouvernementales et d’aggravation du niveau de la pandémie. Il vient notamment d’annoncer la suspension de tous ses départs, pour l’ensemble de la zone Asie, jusqu’au 15 mai prochain.
La Quotidienne : votre stratégie a t-elle évoluée devant tous ces nouveaux coups durs pour le monde du tourisme ?
Guillaume Linton : Nous nous efforçons de garder le cap et surtout la tête froide. Pour l’instant l’une de nos grandes priorités est de maintenir l’engagement de nos équipes quelles soient en France ou à l’étranger.
La gestion des reports, le maintien de nos relations avec nos clients B2B et B2C, la nécessité d’être au plus prêt du pouls du marché sont les tâches quotidiennes des équipes Asia.
A l’étranger, la situation est tout autant difficile et stressante avec parfois la peur au ventre comme avec ce qui se déroule actuellement en Birmanie et toutes les conséquences économiques désastreuses pour nos collaborateurs et nos partenaires fournisseurs un peu partout.
Sur notre zone d’action privilégié, l’Asie, aujourd’hui, seuls 4 pays bénéficient encore de l’aide financière de leurs gouvernement (le Japon, la Corée du Sud, la Nouvelle Zélande et l’Australie).
LQ : Le récent rachat du tour opérateur Equatoriales peut paraitre paradoxal dans ce contexte ?
GL : Ce rachat, ou du moins la volonté de racheter la marque, avait été planifié de longue date. Nous en parlions déjà à l’époque avec Jean-Paul Chantraine.
Pour simplifier, notre stratégie actuelle se décompose en trois points :
– Un volet chirurgical, matérialisé par nos offres l’été dernier vers les Maldives et vers Dubaï principalement.
– Un volet tactique, que l’on a pu voir avec notre récent partenariat sur les destinations France et Europe avec le tour opérateur Intermèdes.
Et un volet stratégique, pour élargir notre périmètre d’actions et proposer de nouvelles destinations à nos clients fidèles et à nos prospects. L’Afrique, où nous n’étions pas très présents, représente un formidable terrain d’opportunités touristiques.
De plus, notre directeur de production, Yannick Barde, connait très bien le continent africain pour avoir passé son enfance à Madagascar et arpenté pendant de longues années la plupart des pays.
LQ : Le rachat récent d’Austral Lagons par Marietton, déjà propriétaire de Solea et de Voyamar et, par ailleurs, l’un de vos principaux distributeurs avec Havas voyages et Selectour, ne risque t-il pas de pénaliser Equatoriales à termes ?
GL: Cette collection Equatoriales sera avant tout l’occasion d’afficher notre forte volonté de différenciation et de complémentarité avec l’offre existante sur le marché, en misant avant tout sur notre savoir-faire pour les beaux voyages itinérants, complexes et personnalisés.
Notre intention est de faire la part belle à la découverte authentique, autonome ou guidée, au partage avec la population locale et à l’immersion au cœur des sites et des réserves.
La partie balnéaire du voyage, sur les plages intimistes de la côte orientale de l’Afrique ou sur les îles de l’Océan Indien, sera quant à elle surtout proposée en extension optionnelle de quelques jours, plutôt qu’en strict séjour, pour nous distinguer de la plupart des offres sur le marché.
Ça sera la plus belle façon de respecter l’ADN de la marque créée par Antonio D’Apote (un grand ami de Jean Paul Chantraine le fondateur d’Asia) en 1995 et de proposer aux clients de nos agences de voyage partenaires des expériences originales et sophistiquées. »
LQ : Quand selon vous ce cauchemar prendra t-il fin ?
GL : Je vois une sortie de crise à la fin 2021. Mais les tests PCR ne suffiront pas. Il faudra impérativement être vaccinés pour tous les touristes visiteurs.
Et la population des pays devra elle aussi être vaccinée sinon cela ne marchera pas.
Malheureusement tous les pays ne sont pas producteurs de vaccins et dépendent du bon vouloir des solutions russes, chinoises, américaines ou bientôt européennes.
En France, selon le président de la république, les écoles devraient pouvoir de nouveau accueillir leurs élèves en présentiel entre la fin avril et début mai, et « dès la mi-mai », ce sera au tour de certains lieux culturels, sportifs, de loisirs et aux terrasses des restaurants et cafés de rouvrir progressivement. Mais ce délai peut-il être tenu ?
Propos recueillis par PR