Comment Aigle Azur peut encore sauver sa peau …
3 septembre 2019 Frédéric De Poligny Aucun commentaire À la une Aigle Azur, Algérie, British Airways, Frantz Yvelin, Gérard Houa, Iberia
Cette fois-ci, c’est fin de partie pour Aigle Azur. Le couperet est tombé, c’est le dépôt de bilan, seule option pour essayer de sauver les meubles et de maintenir pour un temps Aigle Azur à l’abri de ses créanciers. Ce qui permet aux avions de continuer à voler et évite de laisser des passagers en rade.
Après les rocambolesques péripéties de la semaine dernière qui avait vu une tentative de prise de pouvoir de Gérard Houa, actionnaire minoritaire, et l’intervention de la justice qui ordonnait son départ forcé, Frantz Yvelin était rétabli dans son poste de Président de la Compagnie avec à ses côtés un administrateur judiciaire provisoire nommé par le Tribunal de Commerce de Créteil.
Frantz Yvelin se dépêchait de clamer que cet administrateur provisoire n’avait été nommé que pour des raisons légales dues aux troubles de la situation, mais qu’en aucun cas cela présageait d’un dépôt de bilan. Belle tentative de rideau de fumée qui n’aura duré que le temps que la fumée se dissipe.
La situation d’Aigle Azur est complexe et il est certain que la compagnie ne va pas manquer d’attiser les appétits de ses concurrents. Chez Aigle Azur les caisses sont vides et le montant des dettes est estimé à environ 40 millions d’euros dont la moitié serait des charges sociales dues à l’État.
Le placement en redressement judiciaire va permettre de régler les salaires du mois d’août qui n’ont pas été payés et protégera la compagnie de ses créanciers. Cette période à durée relativement courte va permettre la poursuite de l’activité d’Aigle Azur en assurant les vols.
Et pourtant Aigle Azur possède un bon potentiel avec près de 2 millions de passagers transportés et 300 millions d’euros de chiffre d’affaire. La volonté de développer beaucoup de nouvelles lignes sans avoir l’apport nécessaire de capitaux par ses actionnaires (surtout le groupe chinois HNA) a sonné le glas de cette ambition.
La suite à venir c’est la recherche d’un repreneur (ce qui serait la meilleure solution, on a droit de rêver…) ou de procéder à une vente des actifs qui sont essentiellement ses droits de trafic aérien car les onze appareils d’Aigle Azur sont tous en leasing.
Aigle Azur dispose d’environ 4 % des créneaux horaires de l’aéroport d’Orly, ce qui n’est pas rien, car le nombre de ces créneaux est bloqué.
Avec plus de 50 % de ses vols dédiés aux liaisons vers l’Algérie, lignes particulièrement rentables en terme de remplissage, ces créneaux vont attirer de grosses compagnies comme Air France ou le groupe aéronautique IAG qui possède entre autres British Airways, Iberia et Vueling. Vueling était déjà en négociations très avancées avec Aigle Azur pour lui reprendre ses lignes vers le Portugal, on parlait d’un montant de 20 millions d’euros.
D’autres compagnies lowcost pourraient aussi chercher à récupérer certains créneaux.
Au vu de la situation, à moins de l’arrivée inespérée d’un vrai chevalier blanc, il est à craindre que tout cela ne finisse par un énorme gâchis en terme d’emplois.
Frédéric de Poligny
Sur le même sujet
Carsten Spohr : Feu vert pour le rachat d’Ita Airways
La Direction générale de la concurrence de l’Union européenne a donné son accord à...
Transport aérien : Stop à l’écologie punitive
C’est une affaire entendue : la décarbonation totale du transport aérien en 2050 ne...
Italie : Le tourisme à Pompéi franchit les limites
En juillet/aout dernier, c’était le chaos. Quatre millions de touristes ont en effet visité...