La Quotidienne continue son investigation « Grand Angle » sur le tourisme à Mayotte et cet avant-dernier article sera l’occasion de connaitre un plus en détail les enjeux de la desserte de l’archipel français.
Belles éclaircies dans le ciel mahorais
De longue date, élus et décideurs mahorais n’ont eu de cesse de répéter que la desserte aérienne constituait le principal frein au développement du tourisme.
Avec maintenant pas moins de cinq compagnies qui desservent l’île, force est de reconnaître que ce handicap n’en est plus vraiment un.
En 2010, dernière année « référence » avant la baisse de fréquentation que l’on sait, ce sont plus de 52 000 touristes qui avaient choisi la destination.
Près de 50 % d’entre eux provenaient d’un marché de proximité -La Réunion-, alors que les visiteurs en provenance de métropole s’avéraient appartenir dans leur grande majorité à la catégorie « tourisme affinitaire ». En fait des personnes venues rendre visite à des parents ou des amis qui travaillent (temporairement pour les fonctionnaires) et vivent sur l’île.
Le CDTM explique ainsi que 73 % des touristes ne séjournent ni à l’hôtel, ni en gîtes, mais bien chez des proches. Si vous prenez en compte et ajoutez la part « tourisme d’affaires », vous comprendrez vite que la marge de progression pour accueillir une autre clientèle de touristes métropolitains et étrangers demeure grande. C’est en partant de la situation actuelle en matière de fréquentation que l’on peut partiellement expliquer le manque d’investissements des grands groupes hôteliers français et étrangers… et par conséquence le manque cruel d’hôtels pour recevoir des groupes !
Pour l’heure, seuls six établissements (trois en 3 étoiles, trois en 2) ont fait l’objet d’ arrêtés préfectoraux de classement. Parmi eux, le Jardin Maoré sur la magnifique plage de N’Gouja. Avec ses 18 bungalows climatisés, il peut accueillir 50 clients.
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Des personnes qui viennent généralement séjourner ici dans ce cadre naturel classé « réserve » pour nager avec les tortues présentes à quelques brassées seulement de la plage. Ou profiter des activités du club de plongée situé sur le même site.
« Ici, ce n’est pas un hôtel sur la plage… mais une plage dans un hôtel » se plait à marteler Bruno Fichou, un brestois formateur en plongée et au Jardin Maoré depuis 13 ans.
N’ en reste pas moins que ce vénérable établissement a lui aussi subi le contrecoup des mouvements sociaux et des grèves.
Et que les projets de rénovation et d’agrandissements prévus peinent à se concrétiser.
XL Airways, une nouvelle aérogare : ciel dégagé pour l’ aérien
Du côté de l’aérien, quatre compagnies (Air Austral, Corsair, Air Madagascar et Kenya Airways) desservaient déjà, nonobstant quelques atermoiements et selon les saisons, l’île de Mayotte.
L’arrivée d’un opérateur supplémentaire, XL Airways, a été très apprécié à Mayotte et dans la région, autrement dit dans l’archipel des Comores.
Tout d’abord pour la politique de prix que la Cie de l’emblématique président Magnin pratique sur ses vols longs courriers. Mais aussi du fait que la liaison hebdomadaire entre la métropole et l’aéroport de Dzaoudzi s’effectue à partir de l’aéroport Marseille Provence.
Et on le sait, l’agglomération phocéenne comme tout le grand sud compte une importante communauté comorienne.
L’ arrivée d’ XL Airways a permis d’étoffer l’offre puisque ce sont 18 000 sièges supplémentaires par an qui sont mis à disposition sur cette ligne.
Les coupons sont généralement émis pour 70 % à Marseille et donc 30 % à Dzaoudzi.
Pour l’heure et au vu des premiers mois d’activité, la moyenne des 180 sièges par vol est tenue. On rappelle que les avions d’XL Airways desservent dans la foulée l’ île de La Réunion et l’aéroport Rolland Garros.
Autre bonne nouvelle, la construction d’une aérogare destinée à remplacer le vétuste hangar utilisé actuellement.
C’est la SNC-Lavalin Aéroports -filiale française du groupe canadien éponyme- qui a remporté fin 2010 l’appel d’offres initié par l’État (DGAC) pour la Délégation de Service Public portant sur les 15 prochaines années.
« La gestion et l’exploitation de la plateforme commençait par l’obligation de livrer un nouveau terminal capable d’accueillir annuellement plus de 600 000 passagers et d’ adapter les infrastructures à des types d’appareils plus dimensionnant » explique Daniel Lefebvre, le directeur de l’aéroport.
L’aéroport de Mayotte connaissait une progression constante depuis une dizaine d’années. Et était appelé lui aussi à bénéficier des effets conjoints du processus de départementalisation et du développement économique de l’île, secteur touristique compris.
Ainsi, en 2010 l’aéroport avait traité 305 000 passagers, avec une répartition du trafic à 60% sur métropole et Réunion et 40% réparti sur le Kenya, Madagascar et les Comores. En 2012, conséquence une nouvelle fois des évènements de fin 2011, il a connu une baisse d’activité de 5%.
Malgré une longueur de piste (1930 m) limitée, l’aéroport est desservi par des Boeing 777/ 200 et des Airbus 330/ 200 en provenance de Paris. Le projet d’allongement de la piste fait figure d’ « arlésienne » autant par ses difficultés techniques et environnementales -une mosquée d’un côté, le lagon de l’autre- que par son coût estimé avoisinant les 120 M d’euros !
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La S.E.A.M. (Société d’Exploitation de l’Aéroport de Mayotte) a donc débuté ses opérations le 1er avril 2011 avec une équipe recrutée localement. L’aérogare dans laquelle elle a investi 45 Millions d’euros (et l’État 10), devrait ouvrir ses portes d’ici quelques petits mois.
Construite en bois essentiellement, dotée de normes environnementales maximum avec climatisation et atmosphère déshumidifiée-, elle offrira sur deux niveaux une superficie de 7 000 m² contre 1 600 actuellement. Au Rdc, des c commerces et services ainsi que 13 banques d’enregistrement. A l’étage, les salles d’embarquement avec quatre portes sécurité pour les services de l’État. L’accès aux avions se fera par deux passerelles.
De Mayotte pour LaQuotidienne,
Jean BEVERAGGI